Swallow

Le voyage avait été vraiment long pour Meruem. Cette fois, sa décision était prise. Cette fois, au lieu de fuir à la première occasion comme avant, elle devait aller de l'avant. Passer outre ses angoisses et s'établir quelque part. Avancer dans sa vie au lieux de stagner encore et toujours au même stade : celui du regret. Il avait fallut un bon moment à la jument ébène avant d'arriver au bord du lac bouillonnant, croisant au passage quelques chevaux qui lui avait indiqué pouvoir prendre quelques instants pour elle bien plus en haut. Marquant un arrêt à quelques pas de l'eau, le Dragon observe les alentours d'un regard légèrement distrait, n'aspirant plus qu'à une chose : immerger son corps meurtrit dans l'eau et se détendre calmement avant de se remettre en route, direction le premier jour du reste de sa vie.

Le lac thermal. Un lieu de repos et de méditation pour l'adolescent depuis son enfance. Il n'était pas rare de le voir s'y baigner, son corps s'étant habitué au changement brusque de tempérament lorsque l'on entrait ou sortait de l'eau. De légères volutes de vapeur nappaient l'étendue, limitant les champs de vision. Ceci dit, de là où il se tenait, ses yeux d'un bleu gris d'acier repérèrent la silhouette imposante d'un individu se glisser dans les eaux vaporeuses du lac.

Au loin, l'Asashin avait sentie la présence de l'inconnu. Mais elle n'y prête pas attention. Non pas qu'elle n'en voie pas l'intérêt, mais plus parce que pour l'instant, elle a plus envie de profiter de ce bain tant attendu, qui lui détend les muscles, un à un.

Son regard discret mais analytique demeurait sur la silhouette imposante. À force, il avait appris à discerner les habitués des autres. En silence, en retrait et avec respect, il laissa l'inconnue se délecter de ces sensations probablement novatrices pour elle. Sa propre détente le rendait patient et particulièrement calme, dans une attitude qui relevait presque de la méditation.

Sensations novatrices et salvatrices, sans conteste. À tel point qu'un râle de contentement lui échappa, laissant transparaître son sentiment de bien être, aussi fugace soit-il. Frissonnant imperceptiblement face au regard de l'inconnu posé sur elle, Meruem tourna sont regard doré vers lui, impassible. Bonjour firent ses yeux, en silence. Une sorte d'invitation à le rejoindre.
Quitte à rester habiter sur ces terres, autant commencer dès maintenant à se fondre dans la masse de ses habitants.

En croisant les yeux d'ébène de la femelle, il s'y senti happé quelques secondes. Il ne décelait aucune animosité dans ce regard, quoique d'une certaine façon, une fermeté paisible. Fin observateur, Gaara devinait les muscles saillants se détendre en de minimes frissons extatiques. « Agréable, n'est-ce pas ? » engagea-t-il dans un premier temps, histoire de pouvoir sonder une première fois la nouvelle-venue selon ses réactions.

Aucun son ne sort de sa bouche, tandis qu'un petit sourire s'accroche à ses lèvres. Tu n'as même pas idée à quel point gamin répondent silencieusement ses prunelles, toujours fixées sur l'inconnu à la robe de bronze. Puis, se détournant quelques instants de lui, Meruem effectue quelques "brasses" avant de revenir dans une zone où elle reprend pied. Quel bonheur de sentir l'eau chaude recouvrir ton dos et ses reins, la faisant à nouveau frissonner de plaisir.

Là où le silence de la noiraude aurait pu en déranger certains, cela n'affecta pas l'adolescent, qui s'en contenta. Lui-même n'était pas des plus loquaces, d'ordinaire. Laissant un peu d'intimité à l'inconnue, il détourna son regard afin de la laisser se décontracter davantage.

Un long silence s'installe entre eux, pendant lequel Meruem prend quelques instant pour observer le jeune mâle. Il ne semble pas être une menace et s'avère être assez respectueux quand même de son espace vital. Réprimant un nouveau soupir - de bien être - le Dragon ouvre la bouche et laisse échapper quelques mot, avec un accent bien japonisé et une voix relativement rauque. « Oide oide » Allez viens. Le mot est sortit seul dans sa langue maternelle. « Je ne mord pas » Cette fois, elle se force à parler ce langage étranger qu'elle a eu tant de mal à apprendre et à maîtriser.

L'une de ses oreilles se pointa vers la noiraude. La langue dans laquelle elle s'exprimait ainsi que ses intonations ne lui disaient rien. Cela lui évoqua sa rencontre avec une autre étrangère, quand il était encore enfant. La richesse de ces terres étaient inespérées, car jamais il n'aurait pensé trouver d'autres étrangetés de son genre. Néanmoins, l'inconnue ne lui semblait pas hostile, aussi s'avança-t-il de quelques pas, ses mouvements générant de petites ondes à la surface du lac. « Je ne souhaitais pas déranger ta quiétude. »

Un sourire bienveillant accueille les quelques mots de l'inconnu. « Arigato » Le remercie-t-elle, juste assez fort pour qu'il puisse l'entendre, mais pas assez pour que quiconque autour d'eux puisse capter ses paroles. Un instant, son regard d'or se perd dans celui de l'alezan. Juste un instant.

Nouveau mot aux résonances inconnues. Néanmoins, il supposa comprendre son intonation, et acquiesça brièvement. À vrai dire, Gaara se posait pas mal de questions, mais n'osait pas les formuler auprès de l'inconnue.

Quelque chose chez l'inconnu interpelle Meruem, qui ne le lâche pas du regard. Il semble brûler d'envie de lui poser des question, mais c'est comme si quelque chose l'en empêche. Penchant légèrement la tête sur le côté, le Dragon lui offre un sourire encourageant. Peut-être qu'en se présentant cela va-t-il l'aider à délier sa langue ? « Watashi wa Meruem desu » Elle grimace. Vraiment, prendre l'habitude de parler dans une langue qui n'est pas la sienne s'avère être un réel sacerdoce. « Désolée. Lâche le Dragon, contrie. « Mon nom est Meruem. » Son accent chante et sa voix s'élève avec douceur et assurance. Ces quelques mots sont un moyen de lancer la conversation.

Le jeune mâle, d'un faible mouvement de tête, lui indiqua que ce n'était rien. « Sha'rek o Gaa'Râ. » souffla-t-il calmement, sa voix se teintant naturellement de son accent d'origine, aux sonorités complexes et abruptes. À l'inverse de sa langue, il trouvait celle de la noiraude douce et belle. « Je suis Gaara. » Il était curieux de rencontrer quelqu'un qui, contrairement à lui, ne "maîtrisait" pas la langue commune. Il avait encore bien des lacunes, mais avait appris à parler cette langue très tôt, en parallèle de celle de sa mère. Cette dernière avait anticipé sa cohabitation avec des équidés parlant cette langue.

Visiblement, lui aussi n'était pas originaire de ce pays et avait dû apprendre une seconde langue en plus de sa langue maternelle. « Gaara ... » Marmonne-t-elle pour elle même. « Dans ma langue natale, ce nom signifie beaucoup de choses ... » Les sens de ce nom ne sont pas à prendre à la légère, car il est recherché et emplit d'amour ... quand on sait chercher le sens profond des choses et des actions. « Hajimemashite, Gaara » Enchantée. Un sourire s'échappe des lèvres de l'ébène, curieuse de savoir ce qu'il va lui répondre.