Gasoline ▬ H

Les contours du château se dessinent lentement sous ses yeux. Invisible ? Pas tant que ça. Un léger sourire fend ses lèvres et une flamme s'allume dans son regard dépareillé. Aujourd'hui, c'est son terrain de jeu. Hirondelle parcourt rapidement les derniers mètres qui la sépare de la majestueuse construction humaine et pénètre à l'intérieur sans se poser davantage de question. Cet endroit elle le connait déjà. Pas besoin d'être sur ses gardes. Ou peut-être bien que si…

( (bon d'accord, j'arrête de m'enflammer avec les smileys ¬¬) )

De son côté, Hirondelle explore le château. Pour la énième fois. Elle fait rapidement le tour du hall principal avant de retourner vers l'entrée. Là, elle décide de s'appuyer contre le bois de l'immense porte et de faire le dragon de garde.
Faut croire qu'en fait, ils auraient dû la renommer Dragonne. Elle sait presque cracher du feu en plus de ça.
Enfin tout ça pour dire qu'elle surveillait attentivement les terres entourant le château. Et très franchement, ça ne servait pas à grand chose puisqu'il n'y voyait rien avec cette foutue brume. Quoique... C'est un ch'val tout là-bas, paumé dans la forêt... A moins que ce soit un élan ? Pour en avoir le cœur net, l'adolescente hennit à l'intention de l'inconnu.

( Mais graveee )

Elle le voit arriver d'un pas décidé et pourtant elle refuse de bouger ne serait-ce que d'un centimètre. Foutu caractère de cochon, n'est-ce pas ? Enfin pour le coup, ça ne lui rend pas service puisque le grand gris lui fonce dedans. Delly plaque alors ses oreilles contre sa nuque et s'apprête à incendier le malheureux quand elle réalise soudainement qui il est.
- Genre j'ai l'âge d'être vouvoyée, s'amuse-t-elle en redressant ses oreilles pour les pointer vers Oroïne. Par contre je pense qu'en revanche, toi tu as l'âge de porter une paire de lunettes
Et pour la peine elle le vouvoie pas. C'est Oroïne après tout. Pas de petits secrets entre eux.

Hirondelle se laisse bousculer sans rechigner. C'est plutôt rare qu'elle soit si docile d'ailleurs. Autant dire qu'elle considère l'imposant gris comme quelqu'un d'important. Pandia. Ce nom lui est presque devenu étranger. Et cette réflexion l'attriste profondément. Elle a l'impression d'avoir oublié son identité et ses origines.
- J'ai été baptisée. Je m'appelle Hirondelle maintenant. Mais tu peux continuer de m'appeler Pandia si tu le désires... Ça ne me dérange pas, lui explique-t-elle calmement.

Elle lui offre un leger sourire lorsqu'il lui avoue qu'il n'est pas certain de pouvoir l'appeler Hirondelle. À vrai dire elle le comprend puisqu'elle aussi a eu du mal à se faire à ce changement de nom. Lorsqu'il se met à lui tourner autour elle tente de le suivre du regard. Son sourire s'agrandit lorsqu'il la complimente.
- Je sais, repond-elle sans chercher à cacher sa fierté.
Ni sa confiance en elle. Hirondelle s'aime et elle n'en a pas honte. Que les autres ne l'apprécient pas ne l'inquiete même pas.
- Je suis partie avec ma famille pour des petites vacances... bah ma soeur c'est toujours une petite conne, réplique la jeunette en couchant ses oreilles contre sa nuque.
Et dire que son père lui avait vendu ce voyage comme étant un voyage utile pour "resserrer" les liens. Quel mytho celui la. Et grace à ça elle avait aucun pote ici.

Parfois, Hirondelle se le demande aussi. Comment sa mère la voit ? Et que pense-t-elle d'elle ? Est-elle fière ? L'air enjoué qui s'affiche sur le visage d'Oroïne l'amuse presque autant qu'il ne l'agace. Parler de sa soeur, ce n'est pas vraiment sa tasse de thé.
- Enfin... C'est pas vraiment ma sœur. On a ni la même mère, ni le même père... C'est simplement la fille de la compagne de mon père. Elle s'appelle Australe. Et comme je le disais juste avant... C'est une saloperie. J'la déteste. Elle me vole mon père, râle-t-elle.

Hirondelle grince des dents rien qu'au mot "partager". Elle n'a pas envie de partager avec sa "sœur". Et encore moins quelqu'un qui lui est aussi précieux que son père. Et s'il finissait par l'aimer plus qu'elle ?
- Il l'aime comme sa fille. Il prend soin d'elle. Alors que même Boréale s'en fiche d'elle, grommelle-t-elle.
C'est peut-être pour cette raison d'ailleurs qu'Hirondelle n'a pas eu de mal à tisser des liens avec Boréale. Malgré le fait qu'elle soit née d'une union interdite.
- Il remarquera bien un jour qu'elle est inintéressante, déclare-t-elle finalement en redressant ses petites oreilles vers Oroïne.
- Tu as un frère ou une sœur toi ?