sang bleu // N

Cette fois, il était là avec un but. Il ne savait pas lequel encote, mais son instinct lui criait de se rendre à l'arbre, pour obtenir des réponses peut-être. Alors une fois rendu, il inspira profondément et attendit.

A Z L A N D E R
« Si tu veux arrêter ça, alors lève-toi. Parce que j’ai une chose à te dire. N'oublie jamais qui tu veux devenir. »

Quelque part au fond de lui il a comme sentit une sorte d'appel. Quelque chose qui l'a poussé jusqu'ici. Sortant d'on ne sait où, l'étalon s'avance calmement sous les branches de l'arbre géant, se mouvant avec agilité malgré son âge avancé.

L'étalon noir fit lentement le tour de l'énorme arbre, cherchant une présence invisible, ses prunelles détaillant le paysage avec tranquillité. Mais bientôt, il s'immobilisa. Son sang ne fit que tour, son ventre se noua. Alors ça y était. Il voyait enfin son fantôme. Salut. Papa.

S'était-il attendu à tomber nez à nez avec son fils adoptif ? Certainement pas. Un instant, il observe l'étalon noir qui s'approche de lui. « Njörd .. » Laisse-t-il échapper, avec un sourire, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Enfin. Il l'avait enfin retrouvé.

Un fin sourire vint étirer ses lèvres, sincèrement heureux de le revoir après tout ce temps à avoir cherché sa présence parmi les âmes qui trouvaient refuge au sein de l'arbre sacré. En même temps, ça lui pinçait le coeur de se dire que ça ne faisait que confirmer la mort de son père, même si c'était normal, après tout ce temps. J'suis content d'enfin te voir ici. J'ai longtemps attendu tu sais.

Comme inconscient de son état, le grand noir sourit, prend une grande inspiration et ... « Je suis désolé d'avoir disparu ainsi en te laissant là bas ... » Lâche Azlander, contrit. Son départ de leurs terres ancestrales avait dû laisser à Njörd un amer sentiment d'abandon. Il avait dû grandir et se forger seul.

Il détourna légèrement le regard. Il lui en avait voulu pendant quelques temps, de l'avoir laissé seul. Il avait trouvé ça injuste surtout, on lui avait arraché sa famille à nouveau. Mais avec le temps était venue la sagesse et il avait appris à pardonner. Et il s'était dit que le départ de son père n'avait pas dû affecté l'amour qu'il portait à son fils adoptif. Pas vrai ? Ça t'apportera rien de regretter.

Un nouveau sourire lui échappe. « Tu as raison mon fils. » Il n'a plus le temps de regretter. Et de toute façon, dans l'état actuel des choses, qu'est ce que cela peux changer ? Ce qui a été fait est fait et il leur est impossible de changer le passé. « J'aurai juste voulu pouvoir connaître la personne que tu es devenu avant de ... » Avant de quoi déjà ? Az' jette un rapide coup d'oeil autour de lui, jusqu'à ses flancs. Rien. Il ne ressent rien. Pas même la brise qui soulève les crins de son fils, tandis que les siens restent amorphes le long de son encolure. Avant de passer de l'autre côté du rideaux. Mais cela, aucun des deux n'a besoin de le dire pour le comprendre.

Son coeur à lui se serra lui aussi. Il aurait aimé pouvoir être épaulé par son père, il aurait aimé avoir son soutien quand sa vie avait été difficile, misérable même. Mais au final, il était fier de se rendre compte qu'il avait pu s'en sortir seul. T'es là, maintenant. Tu peux voir qui je suis devenu. Il soutint son regard, avant de soupirer. Ils savaient tous les deux que ce n'était pas la même chose, maintenant qu'il était dans l'autre-monde. C'est... Il hésita. C'est arrivé comment ? demanda-t-il.

L'hésitation de Njörd provoque un léger sourire chez Azlander, dont le regard s'adoucit énormément. « À vrai dire je ne m'en souvient plus trop, cela fait un moment ... peut-être la vieillesse ? Je ne sais pas ... » La façon dont le frison était mort est bien la dernière de ses priorité. Ce qu'il veux, c'est savoir pourquoi son fils l'a appelé ici. Car si l'étalon se trouve aujourd'hui devant son enfant, c'est que ce dernier l'a appelé bon nombre de fois, de toute la force de son cœur. « J'ai entendu tellement d'appel venant de toi fils. As-tu un quelconque problème que tu ne peux résoudre que tu fais appel à ton vieux père ? » Questionne l'entité, un sourire malicieux peint sur ses lèvres. Njörd respire et transpire la sagesse. Alors pourquoi donc l'ébène as-t-il besoin de lui aujourd'hui ?

Son regard fuit celui de son père pendant quelques instants. Il ne se rendait pas particulièrement compte qu'il avait besoin d'aide en fait. Il avait eu le sagesse de demander l'avis des siens pour plein de choses, notamment la création de son nouveau conseil, mais tout ce qui était plus personnel, il avait tendance à vouloir le garder pour lui-même. Il lâcha un soupir. En parler ne lui fera pas de tort. Ma compagne s'est fait violée aux dernières chaleurs. J'élève sa fille comme si elle était la mienne et elle sait pas que j'suis pas son père biologique. S'il lui en parlait, c'est bien parce qu'il savait que cette histoire semblerait familière aux yeux de son père, puisque c'était presque comme ça qu'il avait grandi. Fruit d'un viol, abandonné, puis adopté. On commence à peine à ravoir une vie de couple normale, mais... j'ai juste tellement peur de m'éloigner de notre fille, ou qu'elle m'en veuille si un jour elle apprend la vérité.

Azlander écoute le récit de son fils, en silence. De simple grimaces accueillent les mots, graves, qui arrivent jusqu'à ses oreilles. Comme un air de déjà vu. Finalement, c'est un sourire chaleureux qui clos la petite histoire. Njörd ... Soupire l'entité, presque déçu. Souviens-toi de ta propre histoire. Ni ta mère ni moi ne t'avons caché qui tu étais, comment tu étais né et pourquoi le fait que tu ne sois biologiquement pas notre enfant n'a jamais rien changé à notre existence. Ses naseaux viennent effleurer le toupet de son enfant, avec tendresse. Je suis certain que ta fille est intelligente et qu'elle comprendra que famille ne veux pas forcément dire liens de sang.

Le toucher de son père était étrange, mythique. Comme s'il le sentait sans qu'il ne soit là. Mais malgré l'étrangeté de cette rencontre, ça lui réchauffait tellement le coeur de le revoir enfin. Merci Papa. Je crois que j'avais besoin de l'entendre. Je vais en parler à ma femme. Il se mit doucement à sourire en pensant à l'élue de son coeur. Il n'avait jamais été autant amoureux. D'ailleurs, si tu as le temps, j'aimerais te la présenter s'il te plaît.

L'ex-dominant sourit. La personne qu'est devenu son fils le rempli de fierté, même dans l'au-delà. Et c'est un sourire qui accueille la demande de Njörd. J'aurai toujours le temps pour toi Fils. Avoue l'entité qui, de toute façon, n'a plus rien d'autre à faire. Il est mort et s'il est ici aujourd'hui c'est parce que son enfant a besoin de lui. Avec plaisir

Rassuré et souriant, l'étalon hocha la tête, à la fois pour acquiescer et remercier son père de son temps, de sa présence et de ses conseils. Sans un mot, l'ébène prit le chemin vers le camp au galop, histoire d'aller chercher @Myosotis . Viens, y'a mon père à l'arbre. lui souffla-t-il.