_ Stay at your place

■ Les dunes dorées étaient devenues un endroit parfait pour le jeune adolescent qui arpentait tranquillement une colline au loin et au bout de quelques minutes, l'immaculé s'arrêta simplement. Il était très imprévisible, à ce moment.

Peu lui importait la chaleur du désert dans l'été impartial. Il appartenait au désert, d'une certaine façon. Pour y être né, il savait qu'une grande part de lui y retournerait un jour, rejoindre ses ancêtres. Loin d'être perdu bien qu'il ait l'air d'un pur vagabond, sa flamme scintillait sous la morsure du soleil. Un reflet improbable attira son attention, à l'image des mirages que l'on croisait parfois en aval d'une dune. Il put finalement distinguer une silhouette, qu'il observait du haut de sa dune, patient.

■ Le jeune mâle sentit la brise du vent chaud contre son visage et avec celle-ci, une odeur vint aussi. Il détourna lentement le regard vers la source et demeura entièrement impassible.

Digne héritier du côté physionomiste de sa mère, il n'eut qu'à croiser son regard pour que cela lui évoque plusieurs souvenirs. Il devait probablement s'agir du jeune qu'il avait déjà croisé au rassemblement des poulains, puis plus tard seul à seul. Il n'empêche que malgré tout ce temps, il ne le connaissait toujours pas. Ce qui, en soi, ne le dérangeait pas outre-mesure. Des individus marginaux et préférant la solitude, il y en avait beaucoup.

■ Le jeune adolescent avait les yeux rivés sur l'autre individu, il se souvenait évidemment de lui, mais ne ressentait aucun plaisir à le voir et à être ici, en sa présence. Les deux s'étaient croisés lorsqu'ils étaient poulains et Berserker avait une mémoire parfaite pour ces choses, même s'il n'en accordait aucunement d'importance. L'immaculé se confondait parfaitement avec le paysage et on croirait effectivement y voir un mirage, mais ce n'était certes pas le cas, évidemment. Le blanc était devenu un peu plus grand et sa robe restait toujours aussi unique en son genre ainsi que ses fines oreilles qui ne changeaient toujours pas. Berser' avait bien grandis et on pouvait y remarquer quelques pigmentations dans sa peau, mais sans plus, presque invisible à l'oeil.

Le peu de fois qu'ils s'étaient croisés, il en avait toujours résultés un échange silencieux, des regards scrutateurs et désintéressés à la fois. Gaara n'était pas certain de vouloir changer la donne. Ils étaient deux blocs de marbre qui n'étaient pas fais pour se rencontrer, pour se connaître. Il descendit la dune en diagonale, afin de ne pas se faire emporter par le sable, son expérience du désert rendant ses pas naturels et assurés. Parvenu au bas de la dune, il n'était plus qu'à quelques mètres de Berseker. « Tu n'as pas l'air perdu. » lâcha-t-il d'une voix blanche, impassible.

■ Ses yeux et sa tête suivirent les mouvements du mâle brun au visage blanc tout en demeurant imperturbable. Oui, entre eux, il y avait bel et un bien un sentiment de froideur, distant ce qui était une bonne chose pour l'un ou même pour l'autre, à vrai dire. Le démon blanc recula un membre et s'écarta tout doucement de sa colline tout en continuant d'observer l'adolescent qui se tenait là, devant lui. Maintenant, ils étaient suffisamment près, peut-être même un peu trop au goût de Berserker qui reprit une distance entre eux et la voix de l'autre individu retentit soudainement. Le silence ornait leur rencontre, c'était probablement leur propre marque et il y avait une étrange aura qui émanait du blanc. À la remarque du mâle, il sourit brièvement et ce sourire disparut aussi rapidement qu'il était arrivé sur son visage. Lentement, l'adolescent prit le pas et contourna doucement l'équidé devant lui pour finalement s'arrêter sur le côté. « Tu ne m'as jamais dis comment tu t'appelais... » sa voix retentit brusquement.

Il y avait une tension étrange. Plutôt que de la sentir dans l'air, il le sentit dans ses pieds. Dans le sable, dans le désert. L'alezane ne se crispa pas, à l'écoute, pendant que le blanc le contournait légèrement. « Gaa'Ra. » lâcha-t-il simplement, sans recourir aux arrondissement de la langue commune. Les accents de sa langue natale étaient bruts, en dent de scie, sans détours et sans concessions. Il ne savait pas quoi penser, bien qu'il continuait de regarder Berseker tranquillement. Il ressentait de drôles de flux. Quelque chose entre le malsain et le danger. Mais il ne parvenait pas à l'identifier clairement. Ses yeux d'un acier perçant continuaient de scinder les ténèbres de ceux du blanc.

» stay here
» I'LL STAY
» i will stay alone [S]
» stay.
» Stay Here - E