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Sa robe réchauffée par les rayons chauds du soleil, la petite jouait dans le sable, appréciant les journées d'été qu'elle pouvait passer à la plage. Et alors qu'elle faisait des dessins dans le sable, des étranges animaux attirèrent bien vite son attention, se dirigeant vers les tortues au petit trot. Coucouuuu ! Tu m'entends ? Roh, mais ne m'ignore pas ! èé

Alcyon venait d'arriver sur de nouvelles terres, encore une fois. Il commençait à être fatigué par toute cette marche qu'il faisait à longueur de temps ainsi que de tous les changements qu'il subissait. Il était temps pour lui de trouver un endroit où il s'installerait pour de bon. Du moins pour plus de quelques jours, ce serait déjà un record personnel qu'il établirait. Ses petits sabots foulèrent un sol de sable fin et clair comme il n'en avait encore jamais vu jusque là. Le soleil brillait, la chaleur de ses rayons réchauffaient le petit corps qui commençait à fatiguer. Le jeune bai s'apprêtait à se coucher pour faire une sieste lorsqu'une voix aiguë attira son attention. Il n'eut aucun mal à trouver la propriétaire de cette voix: une pouliche qui semblait avoir le même âge que lui, dont la robe était incroyablement en accord avec la couleur du sable. Elle semblait crier sur un énorme animal à moitié rond qui rampait au sol. Irrémédiablement attiré par la demoiselle de sable et par l'énorme tortue sur laquelle elle criait, le bai s'approcha de l'improbable duo au petit trot avant de se raviser. Sa mère n'avait beau ne plus être là pour le gronder, il n'en restait pas moins méfiant. Il s'approcha au pas d'une tortue relativement éloignée de la pouliche, surveillant cette dernière du coin de l’œil pendant sa progression.

Il n'avait pas besoin de se rendre jusqu'à elle pour qu'elle se rende compte de sa présence, de toute façon. La petite peste leva la tête en voyant du mouvement du coin de l'oeil, se désintéressant soudainement de la tortue. Elle resta figée un moment, avant qu'un grand sourire malicieux se dessine sur son visage de chipie. Sa maman lui avait dit que si elle était la seule enfant pour le moment, c'était parce que la saison des naissances n'avait pas encore commencé et que c'était pour ça que Boréale était grosse comme une baleine. Alors même si elle était surprise de voir quelqu'un de son âge, la pouliche ne pouvait que s'en réjouir. Belle s'élança vers le petit brun pour aller à sa rencontre, curieuse. T'es qui ? D'où tu viens ? Comment tu t'appelles ? lança-t-elle rapidement, toute d'une traite.

Malheureusement, sa tentative d'évitement fut un échec cuisant. Le petit bai n'eut même pas le temps d'atteindre la tortue qu'il visait que la pouliche de sable lui fonçait dessus avec entrain. Le jeune mâle s'arrêta immédiatement, pivota sur lui-même pour faire face à l'envahisseur de son espace vital et se raidit. Elle n'avait pas l'air en colère de le voir, mais peut-être faisait-elle semblant. Peut-être se tenait-il sur son royaume de sable. Il eut à peine le temps de constater avec soulagement qu'elle s'était arrêtée avant de lui foncer dedans qu'il fut assaillit de questions. Alcyon ouvrit grands ses yeux, surpris par l'interrogatoire.
- Je m'appelle Alcyon. Je viens d'arriver ici, je viens de ... de loin.
Le petit bai dévisagea la pouliche un instant puis entreprit de faire connaissance avec elle, alors étant un novice dans le domaine, il prit exemple sur sa méthode.
- Et toi, tu t'appelles comment? Tu vis ici? T'es toute seule?
Il tenta un léger sourire pour se donner un peu de contenance.

La petite isabelle ne se préoccupait pas du tout du fait que le brun pourrait la trouver envahissante, ou agaçante, trop occupée à l'analyser. Son odeur ne lui rappelait pas le parfum de Lunaera. Bon, peut-être qu'elle ne maîtrisait pas encore l'art de la reconnaissance des différents clans par l'effluve que leurs membres portaient, mais dans sa tête d'enfant, ça n'avait pas vraiment d'importance. Alcyon ? C'est étrange comme nom. Chez elle, chaque personne portait un nom en lien avec la nature. Comme Faucon, Boréale, Foudre... Alors les étrangers qui portaient un nom différent, elle trouvait ça bizarre. Libellule ! J'ai réussi à m'enfuir de mon île pour pouvoir jouer dans le sable un peu, mais j'ai une grande famille. Ma maman dit qu'on s'appelle les Nayatis. La petite étoile lui fit un grand sourire, d'humeur amicale. Elle mettait son côté peste de côté pour le moment, trop contente d'avoir trouvé quelqu'un de son âge. Viens ! Peut-être que les tortues te parleront à toi ! Moi elles m'ignorent. Peut-être parce qu'elles savent que j'suis meilleure qu'elles. lança-t-elle avec ses airs de petite princesse avant de détaler au petit trot.

Alcyon se contenta de hausser les épaules en réponse au commentaire que venait de faire la pouliche au sujet de son nom. Il se fichait éperdument de l'opinion des autres à son propos. D'ailleurs, il jugea que Libellule n'était pas apte à juger de la qualité d'un prénom au vue du sien. Avoir le même nom qu'un insecte difforme n'était pas particulièrement glorieux aux yeux du jeune mâle. A la suite des paroles de l'isabelle, Alcyon plaqua légèrement ses oreilles sur sa nuque en marquant un mouvement de recul par réflexe.
- Ta famille ne risque pas de venir te chercher et de voir que tu me parles?
Il s'imaginait déjà voir un certain nombre de chevaux d'une tribu guerrière arriver sur eux, le chassant pour protéger la pouliche de l'inconnu. Mais c'était elle qui s'était enfuie, était venue à lui et enfreignait les règles, c'était à elle de se faire crier pas à lui! A cette pensée, le jeune mâle repris confiance.
- Moi je n'ai pas de famille et ma maman est partie. Je fais ce que je veux, quand je veux, sans avoir besoin de fuir.
Il releva ses oreilles, porta sa tête bien haute et bomba le torse pour prendre une attitude fière. Puis, intrigué par l'invitation de Libellule, il la suivit prudemment, curieux de voir comment s'exprime une tortue.
- En quoi tu es meilleure que les tortues? T'as pas de carapace super dure pour te protéger.
Si les tortues refusent de parler à Libellule, c'est surement parce qu'elle ne fait que leur crier dessus. Alcyon était bien décidé à montrer à la pouliche qu'il serait meilleur qu'elle et arriverai à décrocher un mot à une tortue.

Pourtant, si on fermait les yeux sur le physique de l'insecte qui lui avait donné son nom, ça la représentait bien malgré tout, et pas seulement pour la grâce dont elle pouvait déjà faire part. Les libellules étaient des prédateurs, et la petite se plaisait déjà à croire qu'elle était une véritable alpha.
À sa question, la dorée pencha la tête sur le côté. Elle savait que quitter l'île ne lui était pas recommandé, mais ils ne pouvaient pas l'empêcher de s'amuser quand même ! Elle n'était qu'une enfant après tout. J'ai le droit de jouer. répondit-elle simplement. Sa mère devrait plutôt être contente qu'elle rencontre du monde de son âge. Oh. répondit-elle, une once de compassion dans son regard. Malgré ses airs de peste, elle n'était pas un monstre pour autant. Ma mère aussi est partie. Elle m'a abandonnée. Alors Astrée est ma nouvelle maman. expliqua-t-elle. N'ayant pas connu d'amour maternel autre que celui d'Astrée, Belle la considérait entièrement comme sa mère, ne faisant pas de différence entre ce qui la liait par le sang ou non. Je cours plus vite qu'elles. Vivre au ralenti ça doit être chiant. répondit-elle en haussant des épaules. Elle se penchant vers la tortue, sans un mot, tout simplement curieuse.

La pouliche affirmait qu'elle avait le droit de jouer. Sa famille lui laissait surement la liberté de parler aux autres s'il s'agissait de poulains avec qui elle pouvait jouer. Alcyon trouvait que cette exception était étrange, il avait beau être un poulain, il était persuadé d'être bien plus fort que Libellule. S'il le voulait, il pourrait lui faire beaucoup de mal sans qu'elle puisse se défendre, il pourrait la pousser sur le bord d'une montagne par exemple. Ses parents doivent être bien irresponsables de la laisser ainsi jouer avec n'importe qui. Du moins, cette nouvelle maman, Astrée, l'était. Le jeune mâle avait cependant du mal à comprendre l'intérêt que trouvait cette jument à protéger un poulain qui n'était pas le sien, elle devait surement s'ennuyer au moment où elle à trouvé Libellule, à moins qu'elle veuille obtenir quelque chose de cette dernière...
- Ma maman ne m'a pas abandonné. Elle est partie parce qu'elle savait que je saurais me débrouiller seul. Comme je suis plus fort que les autres poulains elle m'a laissé seul plus tôt.CQFD
Alcyon écouta l'argument de la demoiselle de sable, qui était irréfutable. Le bai se mit alors à imiter le reptile en prenant une dizaine de secondes pour lever son antérieur et le poser un peu plus loin devant lui, c'était vraiment long. Il se mit alors à rire en se tournant vers la pouliche.
- Ce serait cool si on pouvait la tirer en galopant, elle saurait comme c'est drôle d'aller super vite!

Malgré son tempérament déjà fort et brûlant, la petite dorée était capable de compassion et de compréhension. Sauf que le fait que le petit mâle bai niait ou refusait de croire que c'était un peu ça l'abandon, ça lui laissait une sensation amère. En d'autres circonstances elle aurait pu se moquer un peu, rire du fait que c'était triste qu'il ne s'ouvre pas les yeux sur la réalité, mais elle s'abstint. À vrai dire, elle ne connaissait pas totalement sa situation et même si ça sonnait comme un abandon à ses oreilles, elle était capable de voir que ce n'était pas sa place de remettre ça en question. ... Okay, si tu le dis. céda-t-elle. Il semblait plus vieux qu'elle et elle avait appris de la mauvaise façon que s'obstiner avec plus gros que soi n'était pas toujours une bonne idée. À son idée, son visage s'illumina un peu, toute enjouée, rêveuse aussi. J'ai essayé d'en renverser une, mais elles sont trop lourdes. Je vois pas comment on pourrait en tirer une.

Libellule ne semblait pas convaincue par sa démonstration. Il était bien conscient du fait que sa mère était partie alors qu'il était encore jeune et aurait encore eu besoin d'elle, et qu'elle était partie sans même le prévenir ou lui dire adieu. Mais il était tout de même convaincu qu'elle ne l'avait pas abandonné sans se soucier de lui, sinon elle l'aurait fait bien plus tôt. Elle l'aurait laissé aller jouer avec d'autres poulains et aurait pris la poudre d'escampette pendant qu'il était bien trop occupé pour faire attention à elle. Lorsqu'il se serait mis à la chercher, elle aurait été déjà bien loin et il y aurait bien eu une mère de ses compagnons de jeux qui aurait eu pitié de lui et l'aurait pris sous son aile. Si elle avait attendu qu'il sache se débrouiller par lui-même, si elle s'était donné autant de mal à l'éduquer et à le rendre méfiant de tout, alors elle ne l'avait pas abandonné. Peut-être même qu'elle s'était sacrifiée face à une meute de loup en approche pour qu'ils s'éloignent de lui. Il ne connaîtrait jamais la vérité et préférait dès lors ne pas prendre la plus tragique des options.

L'idée de jouer avec une tortue le mettait dans tous ses états, jamais au cours de sa vie il n'avait eu l'occasion de faire une telle expérience, une telle bêtise. La tortue était de toute évidence bien trop lourde pour qu'ils la tirent, même à deux. Ils n'allaient certainement pas faire intervenir un adulte dans l'histoire, cela gâcherait tout. Il n'y avait qu'une seule solution.
- Peut-être qu'il y a des bébés tortues, ou des plus petites que celle-là.
Le jeune bai posa un antérieur sur la carapace de la grosse tortue la plus proche et appuya légèrement dessus. Serait-elle capable de le porter?

L'enfant contenait difficile son énergie et son excitation à l'idée de faire des bêtises. Elle en faisait souvent à vrai dire, mais à chaque fois elle en était toujours autant enjouée. La petite isabelle se mit à trotter à travers les tortues, essayant de faire du repérage. S'il y en avait des petites, ils pourraient peut-être réussir. Mais avant qu'elle ne trouve ce qu'elle cherchait, elle prit une autre direction, s'enfouissant dans les hautes herbes qui bordait la plage, avant d'en ressortir avec une énorme feuille coriace qu'elle avait eu du mal à détacher et qu'elle avait maintenant du mal à transporter. Si on trouve des bébés tortues on pourrait en mettre quelques-unes sur cette feuille pour leur faire vivre cette expérience toutes ensemble ! s'exclama-t-elle, fière d'elle et de son idée.

Alcyon était heureux de voir que Libellule appréciait son idée et s'était lancée à la recherche d'une petite tortue. Il prit le trot à sa suite, cherchant de son côté laquelle serait victime de leur bêtise. Il s'arrêta, intrigué devant un endroit où le sable bougeait seul. C'est à ce moment que la pouliche revint sur le sol granuleux équipée d'une immense feuille d'arbre. En réponse, il se mit à trépigner sur place, enjoué par cette idée qui l'amusait d'avance. Il gratta le sol mouvementé de son antérieur, avec délicatesse et précaution, jusqu'à voir apparaître une tâche brunâtre.
"- Regarde! Regarde! J'ai trouvé!"

Une petite tortue sorti du trou, suivie de peu par une deuxième, une troisième...
"- Vite la feuille!"
Le jeune bai poussa l'une des bébés tortues de son antérieur pour l'isoler des autres.

Mer 2 Sep 2020 - 2:48

La fillette d'or se précipita vers son nouvel ami avec sa feuille trop grande pour qu'elle puisse la déplacer facilement, toute enjouée. Faire un train pour les bébés tortues, c'était trop drôle ! Elle tendit la grande feuille vers les bébés tortues qui sortaient de leur cachette, essayant de les diriger vers ce qui leur servirait de transport. Elles vont vivre l'expérience de leur vie ! s'exclama-t-elle avec entrain.

Mer 2 Sep 2020 - 12:05

Alcyon continuait d'isoler comme il le pouvait certaines des petites tortues pour les mener jusqu'au creux de l'immense feuille qu'avait trouvé la pouliche. Il essaya même d'en prendre une entre ses dents en saisissant sa carapace, mais le goût très salé mêlé aux grains de sables qui venaient se coller sur ses lèvres et sa langue le firent bien vite changer de technique. Quand 5 bébés se tenaient à peu près tranquille au creux de la feuille, le jeune bai estima que l'objectif était atteint. Il vint prendre la grosse tige de feuille entre ses dents, comme l'avait fait Libellule précédemment.
- A la une, à la deux et à la 'rois! Cria t-il tant bien que mal, sans relâcher sa mâchoire de la tige.
Il prit alors le petit galop, observant la pouliche sable pour s'adapter à son rythme.

Mer 2 Sep 2020 - 18:47

La petite isabelle prit place aux côtés du brun pour tirer la feuille elle aussi à son signal, prête à faire un petit tour de galop pour les tortues. Dirige, moi je vais surveiller pour pas qu'elles tombent. dit-elle en jetant des coups d'oeil derrière eux de temps en temps, ne voulant pas en perdre une en chemin.

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