Tourne toi vers le soleil et l'ombre sera derrière toi.

L'après-midi touche à sa fin. Filao vient de terminer son tour de garde. L'étalon trottine d'une foulée agile et s'arrête devant le lagon. Il décide d'aller se rafraîchir avant de rentrer au campement. L'eau n'est pas très fraîche pour la saison, mais ça fera l'affaire ! L'étalon gratte la surface de l'eau pour s'asperger les flancs. Qu'il est bon de se détendre après une longue journée de labeur.     

Filao continue de marteler la surface du lac avec ses sabots. Que c'est agréable de sentir les caresses glacées de l'eau sur ses flancs. Un ronflement bougon le sort de ses rêveries, il tourne la tête et aperçoit une jument au poil roux entrain de se baigner non loin de lui. Cette dernière semble très agacé par sa proximité. En bon gentleman, l'étalon courbe l'encolure et s'éloigne de quelques mètres pour respecter son intimité. Les juments sont toutes ronchons à cette période de l'année. Sa mère lui avait dit que c'était à cause des hormones. Filao décide de s'immerger dans l'eau pour faire une petite brasse. L'étalon caramel commence à nager en tentant d'ignorer la jument. Ce n'est pas poli de regarder une jument entrain de faire sa toilette. Malgré ses principes, Filao ne peut s'empêcher de jeter de petits coups d'oeil discret sur cette jolie inconnue. Lui aussi il a les hormones qui le titillent.

Filao continue de jeter de petits coups d’œils, de plus en plus répétitifs. Il n'a pas conscience que son regard devient vraiment insistant. Jusqu'à ce que la jument lui fasse remarquer. " Oh. " s'exclame t il en manquant de boire la tasse. L'étalon toussote et dévie le regard aussitôt vers l'horizon. " Désolé... mais vous êtes très jolie. " souffle t il d'une petite voix timide. Il ressemble à un gros ado maladroit. L'étalon se remet à nager frénétiquement pour dénouer son esprit confus.

Il n'en faut pas plus pour gonfler l'égo du jeune mâle. L'étalon redresse l'encolure et bombe le poitrail fièrement. Il se pavane comme un lion. " Merci. " souffle t il d'une voix joyeuse. Il prend l'autorisation de la suivre, a distance, il sait que les femelles peuvent être belliqueuses à cette période de l'année. Hors de question de perdre un dent avec un coup de sabot mal placé. Filao rejoint le rivage et s'ébroue pour faire gonfler sa grosse crinière noir. " ça fait longtemps que vous êtes ici ? " demande t il en lui lançant des petits regards furtifs. Il se met à brouter, sans la perdre des yeux.   

Filao est surpris par le tutoiement. Agréablement surpris. Il se dépêche d'avaler sa bouchée d'herbe pour lui offrir un large sourire. " Je suis né ici.  " s'exclame t il d'une voix enjouée. " Et vous... tu.. tu comptes t'installer par ici ? " L'étalon serait ravi de l'avoir comme voisine. Car il a toujours préféré, aux voisins les voisines. ♪♫  

L'étalon n'arrive pas à détacher son regard de la robe fauve de la jument. Il a les hormones qui le titille l'adolescent. Par décence, il ne regarde que son visage, hors de question de laisser son regard parcourir ses courbes graciles, même s'il en meurt d'envie. Il n'est pas ce genre de mâle. " Je suis le fils du Roi Nilaak. J'habite avec le peuple du lac. " informe t il en laissant sa queue battre ses flancs mollement. Il fait un pas vers elle pour diminuer la distance qui les sépare.  

Filao dévisage la jument qui s'approche avec une démarche envoûtante, presque dansante. L'étalon est tout émoustillé en sentant le souffle de la jument heurter ses ganaches brûlantes. Heureusement que sa robe est dorée, sinon elle pourrait aisément remarquer ses pommettes rosies. Tout intimidé, Filao baisse les yeux en déglutissant difficilement. " En.. quelques sortes. Je suis le troisième héritier. " précise t il sans oser relever le regard vers elle. Helkä l'impressionne beaucoup. " Je m'appelle Filao. "

Filao se raidit imperceptiblement en sentant la jument se rapprocher encore. Il retient sa respiration pour ne pas se laisser enivrer par l'odeur des phéromones. Il doit lutter contre une envie irrépressible de reculer mais se contient pour ne pas la vexer. Elle est terriblement attirante, et son parfum... irrésistible. De la sueur commence à perler sur ses tempes, il n'ose toujours pas relever les yeux. " Ah oui ? " ose t il d'une voix maladroite tant sa gorge est nouée.