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On avait fini par le faire sortir du corral, enfin. Il avait profité de l'occasion pour tenter de s'enfuir et se débattre, en vain. Il n'était sans doute pas facile pour les hommes qui tentaient de l'approchaient, mais ça lui était égal, il voulait juste retrouver ce qui lui appartenait. Mais on avait quand même réussi à l'enfermer ailleurs, dans un enclos plus grand. Et lorsque la barrière se referma derrière lui, il s'était élancé au grand galop dans l'espoir de se rendre compte qu'il y avait une issue par laquelle il pouvait se faufiler. C'était sa réelle surprise qu'il était bel et bien enfermé à nouveau, même s'il avait plus de liberté. Mais cette liberté, c'était une liberté empoisonnée.

Un frisson lui parcourut l'échine avant qu'il ne se retourne aussitôt, se figeant lorsque son regard tomba dans celui de l'étalon caramel. Eh merde... Si sa propre situation lui serrait déjà le coeur, de savoir que son fils aussi s'était fait prendre le rendait encore plus coupable. Il n'aurait jamais dû envoyer son propre fils pour une mission aussi dangereuse. Quel genre de père était-il devenu ? Njörd s'élança dans sa direction, hennissant à plein poumons avant de s'arrêter à la limite de la clôture. Il savait qu'il ne pourrait pas s'enfuir en laissant son fils derrière lui, mais qu'est-ce qu'il donnerait pour être placé dans le même pré que lui... Filao... souffla-t-il. Depuis quand es-tu ici ?

Son coeur se serra, même s'il avait du mal à y croire. Toute cette situation le rendait plus confus que jamais. Il n'avait aucune idée de ce qu'il allait leur arriver, aucune idée de comment s'échapper non plus. Apparemment, les hommes étaient plus futés qu'il ne le pensait. T'excuse pas. Son ton sonnait dur, mais ce n'était pas ce qu'il voulait. Il poussa un petit soupir désolé. Excuse-moi, c'est juste que ça me stresse. Peut-être qu'il devrait avoir l'air fort pour épauler son fils, mais cette fois, il savait qu'ils allaient tous les deux avoir besoin de coopérer d'égal à égal pour qu'ils puissent s'en sortir.

- HONAW (filao) -  L'étalon renifle bruyamment de tristesse. Une larme s'échappe de son œil pour venir glisser sur sa ganache. Plus dur que l'enfermement, c'était de savoir son père si proche, et si inaccessible à la fois. Il dilate ses naseaux pour tenter de sentir les effluves paternels qui le rassurait lorsqu'il était poulain mais ne discerne que la puanteur humaine. L'étalon repose sa tête sur la barrière en poussant un long soupir meurtri. " Comment ils t'ont attrapé toi ? " demande t il d'une voix triste en regardant la porte verrouillée intensément comme s'il tentait de déverrouiller le loquet par la pensée.

La honte de s'être fait prendre était passée aussitôt qu'il avait vu son fils, simplement inquiet et apeuré maintenant. Il se sentait déstabilisé car il ne connaissait en rien les humains et leurs intentions. L'un d'eux m'a approché et comme il était perché sur un étalon, j'ai baissé un peu ma garde. J'ai réussi à m'enfuir à son premier essai, mais ils m'ont rattrapé. expliqua-t-il doucement.

- HONAW (filao) -  Le jeune mâle soupire longuement en écoutant son père d'une oreille distraite. Il regarde le campement en effervescence, comme une ruche pleine d'abeilles. Beaucoup de jeunes indiens s'approchent de la barrière du pré pour observer les deux nouvelles recrues du camp. L'étalon dun recule les oreilles et se retourne pour leur montrer sa croupe. Histoire de montrer son désintérêt. " Moi c'était une femelle... elle s'est approché de moi à pas de loup et m'a lancé un serpent. Il s'est accroché autour de mon cou, j'ai tenté de me débattre mais je n'ai pas réussi à l'arracher. " marmonne t il d'une voix désemparée. " Je me sens nul... j'ai complètement échoué dans ma mission. Tu dois être déçu de moi.. " ronfle t il sans oser relever le regard vers son père. Il préfère regarder ses propres sabots piteusement.    

Aux excuses de son fils, Njörd sentit son coeur se briser un peu plus. Apparemment, ils étaient tous les deux un peu désespérés, mais ce qui lui faisait du mal, c'était de voir que plutôt que de se concentrer sur le fait qu'ils étaient prisonniers, il avait encore peur de le décevoir. T'excuse pas. Je me suis fait prendre aussi et j'suis chef de clan, mais y'a pas de honte à avoir. C'est quelque chose qu'on ne connaît pas. Enfin... Myosotis l'avait prévenu, mais ils avaient l'air différents de la description qu'elle lui avait fait... C'était si étrange. On va s'en sortir Filao. On va s'en sortir.

- HONAW (filao) - Le jeune étalon semble vraiment au bout du rouleau. C'est la première fois qu'il se retrouve privé de sa liberté de déplacement. Il est prisonnier. Et il le vit mal. " Oui papa.. " Filao pose sa tête sur la barrière avec nonchalance en soupirant une énième fois. " Ce qui me fait le plus peur papa, c'est que maman ou Hope essayent de nous retrouver.. " confesse t il en baissant les oreilles piteusement. Si sa petite soeur s'attirait des soucis par sa faute, l'étalon caramel s'en voudrait éternellement. Des cris d'humains le tirent de ses pensées sombres. L'étalon lève les oreilles et dilate les naseaux, en alerte. De loin, il perçoit des odeurs de fumée. Un feu. Il y a un feu !      

Ça ne faisait pas réellement assez longtemps pour qu'il y ait réfléchi, en fait. Ses inquiétudes s'étaient surtout tournées vers le fait qu'il n'allait peut-être plus jamais revoir sa famille, qu'il n'allait plus jamais pouvoir retourner chez lui. Mais il n'avait pas songé à ce qu'on vienne vers lui. Et maintenant qu'il y pensait, ça ne faisait qu'accentuer son envie de sortir de là. Espérons que ta soeur soit assez sage pour ne pas tenter quelque chose de stupide. Quant à ta mère... Ça ne m'étonnerait même pas qu'elle soit déjà en chemin. soupira-t-il après courte réflexion.

- HONAW (filao) - Le jeune mâle écoute son père d'une oreille distraite. Depuis qu'il a senti cette odeur de fumée, toutes ses inquiétudes sont dirigées vers le campement. " Papa.. je crois qu'il y a un feu ! " s'exclame t il d'une voix effrayé en voyant de grandes flammes danser au centre d'un cercle de pierre. L'étalon se met à piaffer, il fait les cents pas en longeant la barrière. Il avait déjà vu un feu de forêt lorsque la foudre c'était abattu sur le bois des spectres. C'était très impressionnant ! Heureusement que la pluie était tombée rapidement et avait évité une catastrophe. Mais ce soir, aucun signe de nuage pluvieux à l'horizon. " Pourquoi ils ne s'affolent pas ?! " s'excite t il, terriblement anxieux. Les indiens vaquaient à leur occupations en passant à coté des flammes sans crainte.    

La tête ailleurs, il ne remarqua la présence de fumée que lorsque la voix inquiète de son fils le mette en alerte. Il redressa la tête, nerveux, prêt à réagir. Il poussa même quelques hennissements hésitants, avant d'abandonner l'idée de les prévenir. Ils ont pas l'air de s'en méfier... C'est étrange.

- HONAW (filao) - Le jeune mâle fait les cents pas. Il longe la barrière de long en large comme pour tenter de trouver la faille qui le rapprochera de son père. " Tu penses qu'ils savent dompter le feu ? " demande t il d'une voix inquiète. On lui avait raconté que seul certains dieux savaient manipuler les éléments, tel que le feu, l'eau et la foudre. Njörd lui avait raconté que son père était un demi-dieu et qu'il était capable de créer des éclairs lorsqu'il était en colère. Ces humains étaient ils magiques ? Eux aussi ?

Njörd restait sur ses gardes, inquiet par le feu qui ne semblait pas affecter les gens et les chevaux de la Tribu, qui vaquaient tous à leurs occupations comme si la fleur rouge n'était jamais née. Mais comment serait-ce possible ? Ils semblent si... fragiles.