Homerun //T//

" Un loup que l'on veut domestiqué à tout prix restera sauvage à tout jamais "

- TAIMA (foudre) -  La noiraude traverse la pâture au grand galop. Ses sabots frappent le sol avec fureur, écrasant l'herbe verte sans ménagement. Cela fait plusieurs jours qu'elle est emprisonnée ici et la jument commence à devenir dingue. Elle a besoin d'air, besoin d'espace, elle veut retrouver l'île et son peuple. Jamais elle n'aurait crût que les Nayatis lui manqueraient tant. Alors pour s'occuper, et évacuer son trop plein d'énergie, Taima entreprend de faire des aller-retours compulsifs d'un bout à l'autre du pré.  

Astrée marchait la tête basse, les yeux presque clos. Un corps vide, presque sans âme. Il ne manquait presque rien à ses humains pour lui enlever le peu de liberté qu'il lui restait. Une indienne lui retire son licol, l'incitant à entrer dans la pâture.

- TAIMA (foudre) - La jument continue d'arpenter la pâture avec furie. Elle s'immobilise au fond du pré en entendant le loquet de l'entrée se déverrouiller. Ni une, ni deux, elle repart au galop pour venir charger la pauvre indienne accompagnée d'une jument blanche. Malheureusement pour Taima, elle n'est pas assez rapide, la barrière se referme juste devant son nez. La noiraude frappe la barrière avec son antérieur de colère puis se détourne, échine hérissée. C'est seulement à cet instant qu'elle prend la peine de regarder la jument qui lui a été amené. Qui n'est autre que... " Astrée ? " s'exclame t elle en s'approchant, colère retombée. Elle ne l'avait pas vu depuis plusieurs semaines. " Les rumeurs étaient donc vraies... " La jument avait disparût peu de temps après l'arrivée des hommes. Les Nayatis étaient très inquiets. Taima vient effleurer les naseaux de la colombe pour se remémorer son odeur.

La jument avance d'un pas décidé dans la pâture, acceptant un peu de calme après une journée de travail. Fatiguée, elle ne prend même pas la peine de regarder le cheval qui fonce dans la barrière en bois, prêt à faire des ravages. Dommage pour lui, ça se referme. Chakrika continue donc d'avancer, voulant rejoindre un vieil arbre présent dans la pâture, lorsqu'une voix familière l’interpelle. Elle tourne sa tête maigre de tristesse vers..
- Foudre ? demande sa voix faiblarde.
Elle ne peut s'empêcher de se jeter contre son amie, inspirant son odeur à plein poulon, celle de leur clan. Celle de Libellule. Oh.. Libelulle. Elle se retire ensuite, plongeant ses yeux vairons dans les siens, faible sourire désolé sur ses lèvres.
- Oui, j'ai agis comme une enfant. elle soupire. En voulant protéger Libellule, je suis certaine de l'avoir mise encore plus en danger..
Astrée baisse quelques secondes sa tête par honte, le yeux clos, se remémorant le visage de son petit coeur. Mais elle finit par reposer son attention sur Foudre.
- Comment tu t'es retrouvée ici ? Toi, la tempête insaisissable ?

- TAIMA - La noiraude s'avance vers son amie à grandes foulées. Astrée. Cela fait si longtemps qu'elle ne l'a pas vu. Elle s'immobilise devant la colombe et enroule son encolure par dessus la sienne pour l'accueillir chaleureusement contre elle. " Cela fait si longtemps, Astrée... " souffle t elle en humant ses crins blancs. Son parfum a bien changé, elle ne sent plus l'humus de la forêt étoilé, mais plutôt la peinture bipède. Elle empeste l'humain. Mais ce n'est pas grave, Foudre est tellement heureuse de la retrouver. Après une longue accolade, Foudre se recule prudemment, elle observe minutieusement la robe de la grise, à la recherche de la moindre blessure. Elle n'en trouve aucune, seul son poil est un peu terne, pourtant elle ne semble pas avoir perdu de poids. " Il ne t'ont pas fait de mal j'espère. " souffle t elle en rabattant les oreilles vers l'arrière comme à chaque fois qu'elle parle des humains. Lorsque Astrée lui demandes les raisons de sa capture, Foudre soupire en haussant les épaules. " J'ai merdé... j'étais en colère ce jour là, je n'ai pas réfléchi. La jeune à plumes à réussi à me coincer dans le canyon. " Rien que d'y penser, l'échine de la jument se hérisse, elle est frustrée.

La présence de Foudre lui faisait un bien fou. Égoïstement. Même si elle se sent mieux moralement à présent, elle aurait préféré la savoir au camp, avec sa fille. Leurs filles.
- Non, j'ai bien été traitée.
Répond-elle avec un faible sourire. Même si elle n'aimait pas être ici, et que son vœu est de retrouver sa liberté, elle doit bien avouer avoir été bien choyée. Eau à volonté, nourriture, friandise.. Son regard de voile un peu de tristesse ; pourquoi était-elle en colère ? Elle ne veut pas trop poser de question.
- Des fautes, ça peut arriver.
Elle a un sourire compatissant, qui s'efface bien assez vite.
- Et Libellule ?! Elle est au camp hein dis moi ? Elle ne t'a pas suivi ?!

- FOUDRE - La noiraude effleure les naseaux de Astrée affectueusement. Elle est contente d'avoir retrouvé son amie. " Tout le camp était très inquiet de ta disparition... " confesse t elle en clignant les yeux légèrement. " Ne t'inquiètes pas pour Libellule, elle dormait lorsque j'ai quitté l'île le jour de ma capture. " Foudre avait toujours fait attention à ce qu'aucun jeune ne la suive, ni Océan, ni Hirondelle, ni Australe, et encore moins Libellule : la cadette. " Dis moi, est ce que Boréale est ici ? " questionne t elle en pointant ses oreilles vers l'avant. Astrée était là depuis plus longtemps que Foudre, si la pie était retenue prisonnière ici, Astrée serait forcément informée.

Un long et profond soupire soulagé s'échappe de la bouche de la jument blanche, de savoir que sa fille ne risquera pas de venir ici. Du moins, elle espère. Que Libellule ne pense pas qu'elle l'a abandonnée. Jamais. Elle effleure à son tour les naseaux de la noiraude, pour la remercier. Mais sa question lui fait doucement tomber les oreilles, de nouveau inquiète.
- N.. non. Pourquoi ? Elle a disparu ? Mais.. Et Faucon?!

- TAIMA - La jument grince des dents, elle cache difficilement sa déception. Où pouvait être la jument bicolore ? Cela faisait plusieurs jours qu'elle avait disparût. " Oui. C'est Hirondelle qui me l'a appris, elle s'est faite capturée elle aussi. " informe t elle en baissant les oreilles. " Je suis inquiète pour elle... elle est gestante. J'espère qu'il ne lui ai rien arrivé. " souffle t elle, en ronflant bruyamment des naseaux d'inquiétude.

Les oreilles de la jument blanche tombent sur le côté, inquiète, et malade. Est si.. et si tout ça était de sa faute ? Elle était l'une des première capturée. Et si.. Ils se sont tous fait capturés par sa faute, en voulant la délivrer ? Son cœur se serre, elle sent les larmes aux bords de ses yeux.
- Je suis tellement désolé Foudre.. Elle ne savait pas quoi dire d'autre. Si il arrivait malheur.. Non, elle préfère ne pas y penser.

- TAIMA - La noiraude souffle un air réconfortant dans les naseaux de la grise. " Tu n'y est pour rien. " assure t elle en dardant son regard dans le sien, intensément. " Nous devons tirer ça à notre avantage. Plus nous serons nombreux ici, plus notre évasion sera facile. " rajoute t elle d'une voix optimiste qui ne lui ressemblait pas. " Penses-tu qu'il est possible ce s'évader de cette pâture ? " demande t elle ensuite en passant en revue les clôtures, à l'affût de la moindre imperfection.

Astrée ravale ses larmes, rassurée par l'attitude de son amie. Elle ferme les yeux, calmée, tranquille. Ses yeux vagabondent aussi le long des clôtures, dans le flou. Je ne pense pas.. J'ai déjà essayée, et de très, très nombreuses fois. en témoignait son poitrail, parsemé de cicatrices.

- TAIMA - La noiraude grommèle intérieurement. La jument grise est fine et agile, si elle n'arrive pas à sauter les barrières, Foudre n'y parviendra pas non plus. Elle soupire bruyamment pour extérioriser sa frustration. " Alors nous allons devoir trouver une autre solution. " souffle t elle, d'une voix qui se veut encourageante. Elle passe ses naseaux sur le front de Astrée et écarte doucement son toupet. Depuis sa récente capture, la noiraude a prit le temps d'observer un peu les humains qui l'entoure. Elle a aussi remarqué que des équidés sauvages se promènent en longe, sans contraintes. " Tu sais ... parfois je me demande si il ne vaudrait pas mieux coopérer. " dit elle, le regard ailleurs, perdu dans de profondes réflexions. Elle reprend la parole quelques secondes plus tard. " ... devenir coopératif pour qu'ils baissent leur garde. Et en profiter pour nous échapper lorsqu'ils s'y attendent le moins. Saisir l'opportunité lorsqu'elle se présente. "

Astrée se laisse faire, comme bercée par le toucher de la jument noire. Retrouver une amie lui faisait du bien au moral, alors autant en profiter. Oui, j'ai pu sortir.. commence-t-elle à dire, trouvant l'information assez importante. Ses yeux se lèvent vers Foudre, déterminés. Un humain est monté sur mon dos. sa tête se baisse, un peu honteuse. Mais on est resté au camp, j'ai rien pu faire.. Ses yeux vairons finissent par se replonger dans les yeux de son amie. J'ai rencontré un étalon très gentil, un sauvage, il m'a donné quelques conseils

- FOUDRE - La noiraude se mord les lèvres. Merde. Elle qui pensait que lorsqu'on laissait un humain monter sur son dos, cela donnait accès aux terres libres. Malheureusement, elle va devoir se faire violence pour rester docile, car visiblement, la liberté ne s'acquiert qu'après plusieurs séances de débourrage. Lorsque son amie lui apprends avoir rencontré un cheval sauvage, la noiraude met ses oreilles de coté, elle a toujours été méfiante à l'égard des inconnus. " Comment s'appelle t il ? Et que t'a-t-il dit ? " demande t elle avec curiosité.