Wandering. | R

Après sa rencontre avec Faucon et ce qu'il lui avait appri, Meruem était complètement perdue dans ses pensées. Elle sait qu'elle n'a pas à hésiter sur ce qu'elle doit faire, mais elle s'était tout de même promis de cesser de se battre, ou du moins, de n'user de violence qu'en dernier recourt. Et maintenant quoi ? Une guerre ? La nouvelle l'a mise dans un état second. Tant et si bien qu'elle n'a pas vu le mur devant elle. Mur, qu'elle se prend en pleine face. Ah bordel ! S'exclame alors la jument d'ébène en grognant.

Elle est gaulée comme un étalon donc si, elle est aussi voire plus large que lui , c'est justement sa carrure qui a poussé le chef du clan d'où elle vient à faire d'elle son arme personnelle

Reculant rapidement en secouant la tête, furieuse contre elle même, Meruem ronfle des naseaux en retenant toute une floppée de juron. Mais ce n'est pas la bosse qu'elle va bientôt se taper sur le front qui la dérange : un bruit de pas puis une voix masculine attirent son attention. Plaquant rapidement sa queue contre sa croupe, la colossale dragonne tourne la tête et tombe nez à nez ... avec un fantôme. Ses yeux d'or s'écarquillent de surprise et son cœur manque un battement. Qu'est ce que ... tu fais là ? Il est mort. C'est impossible. Quasiment prise de panique, la frisonne recule de quelque pas, ne lâchant pas l'étalon du regard. Est-ce encore une blague de la providence ou devra-t-elle vivre toute sa vie avec le fantôme de son amant perdu ?

Faut dire aussi que devant elle se tient un fantôme de son passé, qu'elle pensait ne jamais revoir. Reculant encore de quelques pas, son cerveau passé en off, le colosse d'ébène bute sur une pierre fracassé sur le sol. Prise dans son élan, Meruem se retrouve rapidement les fesses au sol, bloquée. Je heu ... Elle d'ordinaire si assurée, si réfléchie, semble être totalement perdue, hors du temps. Tous ses moyens, se sont envolés et elle se retrouve aussi nue qu'un vers, incapable d'aligner deux mots sans balbutier. D'ailleurs, elle ne se relève même pas, les deux billes d'or qui lui servent ordinairement d'yeux perdus dans le visage étranger et pourtant si familier de l'étalon.

Toute la scène repasse devant elle, presque au ralenti, comme pour mieux la faire souffrir. Son subconscient se joue encore d'elle, ce n'est pas possible autrement. À nouveau perdue dans ses méandres, Meruem est subitement attirée vers la réalité par un contact léger, mais impromptu. Réagissant alors plus par reflexe qu'autre chose, la dragonne plaque les oreilles et claque des dents à quelques centimètre du visage de l'inconnu. Faible face à ses souvenirs, son seul moyen de défense pour garder un minimum de contenance est de le rejeter. Totalement. Se relevant alors assez promptement, la frisonne renâcle, puis ferme les yeux. Comment aborder la situation ? Les dents serrées, oreilles plaquées, tel un animal sauvage qu'on aurait blessé puis acculé, l'ébène menace. Me touche pas. Gronde-t-elle alors, un long râle inquiétant s'échappant de sa gorge par la même occasion. Tu es mort. T'es pas censé être là. Elle souffre, c'est visible. Pourquoi ? Oui, pourquoi revient-il la hanter alors qu'elle commençait seulement à tourner la page, à passer à autre chose ? Vas-t-en, laisse moi. Cesses de venir me hante à chaque putain d'occasion, chaque putain jour que dieu fait ! Meruem est à deux doigt d'imploser, ne comprenant pas pourquoi le sort continue de s'acharner sur elle, encore et toujours.

La jument d'ébène envoie sa tête valser à gauche, puis à droite. Une fois. Deux fois. Trois fois. Luttant contre ses vieux démons, forçant les images de son amant disparu à sortir de sa tête et laisser ses yeux découvrir l'inconnu qui se présente à elle. Rolò. Rolò ... Dents serrées, la dragonne se bat intérieurement, gardant délibérément les yeux fermés. Elle qui avait pourtant promis à Faucon de lutter contre tout ça, de faire en sorte de passer au dessus de ce passé qu'elle ne cesse de se traîner, tel un boulet.

Mais, heureusement, le bicolore devant elle semble être bien patient. Une fois calmée, la tempête grondant en elle se faisant plus douce, la frisonne rouvre les yeux, posant deux billes couleur or sur son visage. Elle le détaille, sans vergogne. Se perd dans chacun de ses traits, chacune de ses rondeurs. Tellement ressemblant à son amour perdu, mais en même temps semblant si différent. Meruem ... se présente-t-il à son tour, d'un ton beaucoup plus doux que précédemment. je m'appelle Meruem. Répéter ainsi son nom lui permet de s'ancrer dans le présent, de garder à l'esprit que là, devant elle, ne se tient pas un fantôme du passé, mais un cheval, bien vivant.