Nobody wins

Nobody wins.

Je marchais depuis un bon moment déjà, l'air pensive. J'avais finalement décidé de parcourir un peu ce territoire inconnu, histoire de m'y faire le plus rapidement possible. Mon regard d'encre parcourait les alentours sans y remarquer la moindre chose intéressante. Ni même une odeur quelconque n'arrivait à attirer l'attention de mon odorat plutôt développé. Ennuyée, je fini par ronfler doucement des naseaux et d'abaisser mon encolure en direction du sol humide, continuant toujours ma route.

♦ la jument marchait, tête basse, à travers la forêt. la nuit était d'un noir d'encre, et le souffle de la brune faisait des petits nuages devant elle.

Je me faufilais entre les arbres telle une louve guettant sa proie, silencieuse comme jamais je n'aurais pu l'être. Pourtant, je ne tentais aucunement de me faire discrète, allez savoir pourquoi. Malgré la noirceur, je semblais savoir exactement où mettre les sabots, éclairée seulement d'une faible lueur obscure venant de la lune. Je finis par m'arrêter complètement pour écouter les grenouilles croasser au loin, me demandant si je devais m'arrêter pour la nuit ou continuer de marcher ...

Parmis les arbres, Thanks crut voir une forme bouger. Elle s'en approcha, voulant en avoir le coeur net. Plus rien ne bougeait, mais une odeur équine tenace flottait dans l'air, et la konik était suspicieuse.

Mais alors que je m'apprêtais à repartir, un bruit attira mon attention. Elle se tenait là, à environs 30 mètres et observait les moindres recoins sombres de la nuit à ma recherche. Je ne devais pas être facile à apercevoir, il était vrai. Mes lèvres s'entre-ouvrirent alors lentement mais je les refermai rapidement. Pourquoi trahir ma présence ?

Plus rien ne bougeait, et ça l'intriguait encore plus. Elle s'approcha à tâtons, humant l'air autour d'elle, ne voyant pas la jument immobile dans le noir.

Ce fut alors qu'elle approchait vers moi que son odeur parvint jusqu'à mes naseaux noirs. Une odeur ne m'étant pas inconnue, mais que je ne savais toutefois replacer, plutôt lointaine. Une odeur me rappelant étrangement de mauvais souvenirs.
« Que veux-tu ? » Murmurais-je alors tandis que je restais toujours tapie dans l'ombre, espérant que ces quelques mots la ferait arrêter d'avancer vers moi..

La jument sursauta. Elle était plus proche que ce qu'elle pensait, et elle se recula un peu. La noire lui rappelait quelque chose, sans qu'elle arrive à savoir quoi. Elle ignora la question impolie de la jument. < Bonsoir. >

En plein jour ... peut-être aurais-je été capable de la reconnaître. Après tout, des konik, ça ne courrait pas les rues. À mon tour, je recula d'un bref pas, allant involontairement coller mes fesses contre un arbre.
« 'Lut ... » Répondis-je alors, incertaine. Comme toujours, ma timidité reprenait le dessus. Je décida donc de me taire.

Elle n'avait pas l'air agressive, donc la konik prit un air plus conciliant et désigna le chemin. < Si on allait discuter là-bas ? Ce n'est pas que je n'aime pas les arbres, mais ce n'est pas très confortable. >

« Au contraire, j'suis bien ici » Répondit-je aussitôt, dilatant les naseaux. Si j'aurais été à la place de cette inconnue, j'aurais probablement pris cette phrase comme étant une provocation facile. À cette pensée, je détourna la tête, comme si je pensais que la jument pouvait me voir au travers de ce voile de noirceur.

Elle haussa les épaules. Après tout, elle s'en fichait, aussi. < Sans problème. > Le nom de la noire lui revint en mémoire ; et avec lui tous ses souvenirs. Elle ouvrit la bouche, la referma, regarda Dove sans un mot.

Le silence s'installa alors sans qu'aucune de nous deux ne prononce un seul mot, ce qui eu pour effet de me faire relaxer quelque peu. Mes muscles se décontractèrent alors tandis que je reposais les yeux en sa direction.
« S'quoi ton nom ? » Demandais-je alors en dilatant à nouveau les naseaux pour capter son odeur.

< Tu es Dove. > Sans répondre à sa question, Thanks ouvrit ses yeux comme des soucoupes. Elle se souvient de sa rencontre avec elle et son troupeau. .

En entendant mon nom, mes muscles se raidirent instantanément tandis que je détournais le regard. Une vieille connaissance ? Ou plutôt, un autre de ces symboles de malheur ? De longues secondes s'écoulèrent alors sans qu'aucune de nous deux ne dise un mot, jusqu'à temps que je redresse légèrement le regard, visiblement mal à l'aise.
« S'quoi ton nom ? » Redemandais-je finalement, ignorant ses paroles.