Elle n'aura qu'à ouvrir l'espace de ses bras pour tout reconstruire.

Maya trottinait à travers les Champs de Lavande, heureuse par cette journée ensoleillée. Elle goûta pour la première fois l'odeur excise des fleurs tout en tâchant d'éviter les quelques bourdons et abeilles qui grouillaient par là.

L'alezane continuait sa promenade, tranquille. Elle aperçut alors au loin un point noir qui ressemblait vaguement à un équidé. Tant mieux, car la jument ne demandait qu'à avoir de la compagnie en ce moment. Elle hennit alors doucement pour l'appeler, espérant que l'inconnue l'aie entendu.

Polie, elle engagea la conversation avec la nouvelle venue, qui était d'une somptueuse couleur pie noire.
« Bonjour, je m'appelle Maya, et vous ? » Dit-elle, à la fois ouverte et prudente.

L'alezane se lança alors dans son examen habituel, elle admira l'inconnue de haut en bas. Crinière mi-longue couleur fusain, large tâche blanche au niveau de garot, tête fine, cou élancé.. Le tout ne dura que quelques secondes, au bout duquel elle se mit à sourire.

Hésitante, elle lui répondit tout de même. « Très beau nom, si je puis me permettre. Vous habitez ici depuis longtemps ? » Continua-t-elle. Elle ressentit soudain le besoin d'en connaître plus sur Mélody, de connaître tout simplement plus de gens. Car la plupart de ses anciennes relations avaient été rompues par le temps. Comme un contrat que l'on n'aurait pas remis à jour depuis des lustres, pour qu'il soit finalement arrivé à échéance.

Sans le vouloir, la rousse rougie. Elle n'avait pas vraiment l'habitude d'être complimentée par les gens, elle qui avait toujours vécue seule au fond d'un box jusque là. « Merci. De quel troupeau êtes-vous ? Pardonnez-moi de ma curiosité. »

L'alezane trouvait que cette conversation était plus que banale. Les présentations, le troupeau, la raison de sa venue sur ces terres... C'était comme un serment à respecter avant de devenir véritablement amie. « Je... en fait je ne sais pas trop. J'étais dominante de la prairie. Mais j'ai plus l'impression d'être solitaire voire bannie en ce moment.

La jument sourit, elle ne souvenait plus à quel point se sentir aimé était agréable. « C'est gentil de me soutenir. J'espère retrouver ma place parmi un des troupeaux. » Dit-elle, souriant autant que son humeur le lui permettait, autant dire pas beaucoup. Voilà une bien maigre promesse qu'elle venait de faire à la pie, mais elle comptait bien la tenir, pour sa fille. Cette petite baie, Roona, méritait une belle vie avec les siens. Elle devait se construire un avenir auprès des autres.

Une fois encore, l'alezane ne put s'empêcher de sourire, ses lèvres fines s'étirèrent lentement, et son visage s'illumina. « C'est vraiment gentil de ta part. » Dit-elle, au bord des larmes de joie. Ainsi, quasiment tous les chevaux de ces terres étaient accueillants et aimants.