Hello, little girl.

Une petite jument palomino aux yeux brillants se mouvait entre les Cultures. Rain était tombée dans ce qu'on peut appeler son paradis: de la nourriture, et rien que ça ! Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'était pas tombée dans un endroit pareil.
Et elle ne perdit pas de temps à se remplir le ventre. Rassasiée, elle s'étala de tout son long sous l'ombre d'un arbre.
" C'est le paradis, baby. " lança t-elle à personne en particulier.

Il faisait beau, aujourd'hui. Le soleil régnait dans le ciel, parfois temporairement caché par de jolis nuages aussi blanc que neige, offrant un moment pour souffler à tout les mammifères présents. Il faisait chaud. Bien trop chaud. Et ce, depuis plusieurs jours déjà, l'atmosphère était pesante, la nature semblant attendre que la pluie tombe enfin.
Symphonie semblait se traîner à travers ces cultures diverses qui auraient dût l'émerveiller : son frêle corps couvert de boue semblait bien trop lourd pour que ses fins membres ne le supporte encore quelques foulées, et, d'un geste brusque, elle s'affaissa violemment mais volontairement à l'ombre d'un grand arbre. Sa tête lui tourna un instant et, lentement, elle tourna la tête pour observer l'un de ses postérieurs couvert de sang qui s'était certainement infecté.

La palomino paressait agréablement quand soudain une odeur de jument lui fit tourner la tête. Une pie avançait vers l'arbre, le corps couvert de boue. Elle semblait en mauvais état. Rain se releva brusquement, lorsque celle-ci s'affaissa au pied de l'arbre. Pendant que l'inconnue observait son antérieur qui était ensanglanté, Rain l'épia longuement, avant de pousser un soupir. On ne pouvait donc jamais être tranquille ? Elle lui lança un dernier regard effarouché avant de contourner l'arbre et de se coucher encore une fois. Et malgré l'ombre qui manquait, elle était enfin à l'écart de l'étrange jument.
Elle aurait pu proposer son aide, mais elle demeurait une éternelle égoïste.

Lorsqu'elle l'entendit s'approcher, la bicolore releva la tête pour poser dans son regard ses iris chocolatés, exprimant toute sa détresse, son désespoir et une bonté purement sincère. Elle ne lui demandait pas de l'aide - elle avait décidé de n'être un fardeau pour personne, mais l'observait juste d'un regard si intense que c'en était presque déconcertant.
Pourtant, c'est sans aucun état d'âme qui la jument la laissa planter là, comme si elle la destinait à une mort certaine. Symphonie posa alors sa tête sur le sol, ses iris se baladant sur l'horizon, attendant quelque chose. Un carnivore qui viendrait abréger ses souffrances. La pluie qui les atténueraient. Ou quelqu'un, quelque chose qui lui donnerait la force d'avancer sans fléchir - Seth, peut-être ? Mais il ne l'aimait pas vraiment, non ? Il devait s'en ficher, les liens de parenté ne devait pas compter pour lui, la pie en était sûre.
Alors c'était ça, se sentir seule au monde ? Bizarrement, cette sensation ne lui était pas inconnue. Elle l'avait endurée toutes ces années. Pourquoi se sentait-elle alors si meurtrie à présent ?

Bien que profondément heurtée par le regard de la pie, la yearling ne voulait plus aider les gens. Elle n'en avait plus la force, ni le courage. Qui l'avait aidée, elle, lorsqu'elle était pouliche ? Personne. Rain se remuait dans l'herbe, ses pensées tournées vers la jument qui se trouvait à quelques mètres d'elle et qui souhaitait de l'aide. Pourtant, cette dernière lui rappelait son désespoir, sa même détresse.
Avec un regard obstiné, elle se releva doucement. Contournant l'arbre, elle resta là, les yeux rivés sur l'inconnue qui l'avait appâtée avec son regard. Rain avait pitié, et bien qu'elle souhaitait rester dans son caractère de grosse conne qui ne pense qu'à elle, cela aurait été cruel de laisser la pie ainsi.
" Besoin d'aide ? " fit-elle d'une voix qu'elle voulait aussi dure et froide que possible; car oui, ce n'est pas parce qu'elle avait décidé de s'intéresser à cette jument qu'il lui fallait être sympathique.

Elle releva les yeux vers la palomino qui semblait, cette fois-ci, disposée à l'aider. Ou à le faire croire. Peut-être avait-elle eut pitié de la pouliche ? D'ailleurs, pourquoi certains rejetait la pitié des autres ? N'était-ce pas d'une extrême gentillesse que de compatir du malheur d'une personne et de vouloir l'aider à le surmonter ? Elle ne comprenait pas les adultes, voir même les équidés en général. Ils n'étaient qu'un ramassis de sentiments contradictoires qui ne savent plus où donner de la tête.
« Besoin d'aide ? »
Tirée de son débat intérieur par la voix tranchante de la jument, Symphonie releva brusquement la tête tandis que ses yeux s'écarquillaient légèrement. Un instant bouche-bée, elle ressaisit rapidement avant de souffler de sa voix douce :
« Je mentirais si je disais que non. »

Rain ne répondit rien et continua à l'épier tandis qu'elle s'approchait de son antérieur. Malgré le fait que la yearling ne s'y connaissait en rien en médecine, elle s'était rendue compte qu'il était presque infecté.
" J'vais pas t'mentir, mais il est sérieusement amoché. " fit-elle, tout en plantant son regard effarouché dans celui de l'étrangère. " Faut le désinfecter avec de l'eau. " ajouta t-elle en roulant des yeux, comme si c'était évident. Un petit ruisseau se trouvait non loin de là et elle le désigna d'un geste de la tête. " Tu peux marcher ? " questionna la palomino d'un ton détaché, comme si elle s'en foutait royalement.

La pouliche hocha doucement la tête de haut en bas, ne craignant en rien de faire confiance à la palomino - de toute manière, c'était toujours mieux que de se laisser mourir non ?
Elle cloua ses deux antérieurs au sol et, après un effort qu'elle aurait cru impossible, elle parvint sur ses quatre sabots sans encombres - mais pour combien de temps encore ? La chaleur lui donnait le tournis et l'idée qu'elle allait peut-être y rester la fit frissonner.