(et voler son âme au diable)

RHAEGAR.
Tu observes un requin, droit dans les yeux. Ses deux billes noires d'encre dévisagent et dérangent tes orbes claires, pâles, glacées. Tu l'observes sans crainte. Une paroi vous sépare, mais même si ça n'était pas le cas, tu resterais ainsi. Droit. Face à l'ennemi – mais tu n'as pas d'ennemi.
Un sourire sombre éclaire ton visage ombrageux.
On a pourtant tous un ennemi, un point faible, Rhaegar.

Le rouquin s'est perdu dans les méandres des terres du sud. Il errait à la recherche de compagnie et finalement c'est là qu'il a été attiré, comme un aimant. Le coeur bien accroché à son poitrail, les oreilles pointées vers l'avant, il fait un premier pas à l'intérieur du tunnel. Le sang de tout son corps se glace lorsqu'un énorme poisson aux dents acérés le surplombe lentement, le laissant dans son ombre. Ronald est pétrifié et son souffle court hors de lui pour chercher de quoi respirer. Mais il sert les dents et ose un pas qui lui paraît lui prendre toute son énergie.
« Courage petit.. » Se murmure-t-il à lui-même sans savoir s'il était capable de traverser cet endroit.

Tu n'entends pas la voix. Dire que c'est ainsi que tu l'as repéré serait mentir.
Mais tu as perçu, presque inaudiblement, le claquement léger de sabots délicats. Alors, tu t'es mis en route, avec l'aisance et la discrétion d'un espion. D'un trappeur. Tu viens par derrière, doucement. Et à ton tour, tu le surplombes dans ton ombre à toi. Immense, géante, décuplée par la lumière qui vient de ton dos. « Ils ne te mangeront pas. » le rassures-tu d'une voix douce.

Ronald voudrait se retourner d'un coup lorsqu'il sent la froideur d'une autre ombre au-dessus de lui. Combien de monstres hantent ces lieux ?
« Comment tu le sais ? » Il demande comme l'enfant qu'il est en se retournant, détaillant chaque mot, comme s'il savait le handicap du mâle. Mais en fait, il n'a pas envie d'être pris pour un petit être innocent, donc il veut se montrer imposant, tenir tête à l'inconnu. Même si au fond de lui, il tremble.

Tu sens sa peur, comme un parfum adoré. Mais tu ne dis rien là-dessus, le laissant se conforter dans son illusion. Tu t'approches, et d'une voix forte et rassurante, lui souffles : « Parce que tu es plus fort qu'eux. Et que tu es du bon côté de la vitre. » Clin d'oeil.