Si je te dis des mots pour de faux, sache que mon silence est vrai

▲ Naska n'était plus habitué aux chaleurs du sud ; il ne l'avait jamais été, en fait. Né dans les températures tempérées des zones du même nom, il avait ensuite migré vers le Nord. Heureusement, son demi-sang arabe l'aidait à gérer le contraste. Sous la demi-ombre d'un arbre rabougris, l'alezan avait fermé les yeux, somnolant, assommé par la chaleur.

Il n'y a aucune censure à son aventure. Un flux de souvenirs attrayant son esprit, le tiraillant d'images. Commandée par ses pensées, la noiraude migre vers le sud. La froideur laisse place à la chaleur.

▲ Et Naska somnole toujours, encore, sur le sable d'ivoire et le soleil d'or.

Noyée dans l'eau trouble de ses souvenirs, Kylmä ne se rend pas compte de la direction qu'elle prend. Son antérieur heurte l'étalon. Telle une bouée lancée, la noiraude est tirée de ses pensées. Oh ! Veuillez m'excuser, je ne vous ai pas vu. Prise au dépourvu, ses émotions la submergent et un rictus gêné modifie son expression.

▲ Naska, couché parterre, sursaute ; son regard étonné se pose sur une petite jument noire aux traits arabes. Gladys? Questionne-t-il, surpris, mal réveillé. Mais se n'est pas elle. Ce n'est pas sa mère biologique. Il la toise, doucement, de bas en haut, perdu. Pas grave...

Elle recule pour laisser l'étalon reprendre ses esprits. Il se confond et un nom se diffuse dans l'air. Par instinct, la noiraude sonde les alentours mais il n'y a personne d'autre avec eux. Qui est Gladys ? Cette question débitée s'incruste dans la conversation. Un pic de curiosité submerge l'arabe.

▲ Naska se relève, et s'ébroue, diffusant un nuage de poussière marron autour de lui. La faute au sol terreux. Ma mère. Désolé de vous avoir pris pour elle... Le voilà mieux réveillé.