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Jamais un flocon de neige n'avait touché la peau de Socrate, alors sa curiosité l'a poussé à voir au-delà des monts neigeux. Sa jeunesse n'avait été qu'enfermement physique pourtant son esprit avait toujours vogué loin derrière les barrières qui le retenaient en captivité. Alors souvent il a imaginé ce que ça faisait de toucher la neige ou de nager dans l'océan. Et finalement la sensation n'en était que meilleure. Socrate plonge ses naseaux dans l'épaisse couche glacée qui s'offre à lui sans voir autour de lui.

Elle est invisible, ton sur ton, complètement cachée dans l'immensité neigeuse. Alors que Socrate détonne, il est une tâche au milieu de l'immaculée montagne, une erreur sur le paysage. Et lorsque ses yeux se posent à nouveau autour de lui, lorsqu'il observe enfin de lui, il s'en rend compte. Qu'il est aussi étranger à ces terres qu'un éléphant nageant au beau milieu de l'océan. Pourtant un sourire se dessine lentement sur ses lèvres, c'était si drôle d'être différent, ça lui offrait tant. Mais alors qu'il veut faire demi-tour pour retourner sur les terres chaudes du midi, une paire d'yeux se détachent du manteau neigeux. « Tu es née dans la neige ? » Lance Socrate d'une voix forte qui résonne entre les roches. Son sourire étrange collé aux lèvres.

Sa réponse satisfait Socrate, il comprend que la robe n'a rien à voir avec le lieu de naissance ou du moins, avec beaucoup moins de mimétisme que ce qu'il avait imaginé. Alors il range cette question avec celles auxquelles il a trouvé une réponse. « Pourquoi t'es toute blanche alors ? » Il aurait pu ne pas poser cette question et s'éviter d'autres noeuds au cerveau, mais sa nature aimait prendre le dessus et Socrate aimait laisser aller ses pensées et ses petits neurones. Et puis elle ne semblait pas dérangée par ses questions comme le sont la majorité de ses rencontres. C'était plaisant.

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Socrate se sent piqué par ce retour dont il n'a pas l'habitude. En général ses rencontres passent rapidement sur les réponses qu'ils cherchent, puis ils esquivent, cherchent à parler de choses bien moins plaisantes, toujours plus ennuyantes les unes que les autres. Mais Socrate s'en satisfaisait pleinement, ainsi il apprenait à connaître les individus qu'ils rencontrait, aussi plats soient-ils. Alors cette réplique de la petite blanche le déstabilise un peu. « Je suis né dans l'obscurité oui » Répond-t-il sans se moquer de l'inconnue. « Ma mère m'a donné la vie entre quatre petits murs froids et noirs » Finalement peut être avait-il raison, sa robe venait-elle peut être de sa naissance. Et la liste blanche qui tranchait sa tête venait de l'éclat de lumière qui passait entre la porte du box et le mur. Ces souvenirs le font frissonner comme il le fait rarement.

Ses frissons s'évanouissent doucement à mesure que Socrate reprend prise avec la réalité et la situation présente. La douceur de la petite blanche le fait se sentir un peu mieux. S'était-il senti mal d'avoir repensé à son enfance ? Certainement pas mais le mâle n'avait jamais su s'il avait un jour préféré la liberté à sa douce captivité, sa jolie bulle qui s'était enflammée devant ses yeux. « Oui.. » Il murmure presque. « Je n'ai jamais été captif.. » Voilà qu'il ne posait plus de question, voilà qu'il se rappelait simplement et c'était si agréable parfois de bâillonner ses petits neurones et de se laisser aller à la douceur d'une rencontre hasardeuse.

Les paroles de la blanche le choquent tant il y trouve un heureux hasard. Ces questions de liberté ont été les premières a saccagé le doux esprit du mâle. Elles furent les premières également à trouver leurs réponses, les premières à apporter à Socrate la grandeur du monde et sa capacité à relativiser, à être heureux malgré tout. « Bien sûr » Tranche-t-il avec douceur, s'accordant au ton de l'inconnue. « La liberté et la captivité ne font appel qu'au mental. On peut s'affranchir de barrière par la seule pensée » Ce fût certainement la plus longue explication voire phrase que Socrate avait pu dire à haute voix depuis bien longtemps. Et bien que la solitude ne lui pèse absolument pas, il était agréable de soulager son esprit trop souvent sollicité.

« Y trouver le bonheur même » Appuie le mâle qui va pour dépasser la blanche, l'incitant à la suivre. Cette rencontre lui a fait oublier qu'il a les sabots enneigés et que le froid commence à lui mordre sérieusement les jarrets. Socrate invite son amie à s'engager avec lui pour trouver un refuge et continuer cette rencontre hasardeuse et pourtant si gratifiante. « La liberté comporte ses inconvénients. Je ne sais toujours pas lequel je préfère » Et pour cause, Socrate n'était pas bien difficile, il savait se réconforter avec peu, n'ayant jamais eu beaucoup.