riverside

La jeune hausse les épaules. Des épaules qui n'ont plus rien de frêles, vu leur développement musculaire. « Du fait d'avoir été seule dès ma naissance, j'imagine. J'ai eu personne pour me chouchouter et me faire sentir enfant gâtée, alors j'ai grandi de suite. » Elle théorise, du moins. Au fond, peut-être qu'elle aurait été comme ça quand même si elle avait réellement eu des parents. « Je vais bien aussi. » répond-elle simplement, avec un sourire amical.

Mal à l'aise, Nephtys grimace. Elle avait peut être posé une question indiscrète et s'en voulait. Ses joues deviennent roses, elle baisse le regard. Désolé Lov, je.. je l'ignorais. Je n'aurai pas du te poser cette question. Même si l'autre jument ne paraissait pas affectée par ces propos, Nephtys était devenue assez morose.

Mais Lov sourit. Son histoire, elle s'en fiche. Son histoire, c'est celle qu'elle écrit elle-même, pas celle que les autres ont cru pouvoir écrire à sa place. Elle relève la tête de la blanche d'un mouvement de tête. « Ne t'en veux pas, ça n'est rien, ça n'a pas d'importance pour moi. »

Pas d'importance? La jument ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'empathie, de la compassion pour Lov. Elle en devenait triste. Ses émotions avaient prit le dessus, excessivement, encore une fois.

Elle observe la blanche. Elle dégage une telle douceur, qui semble bien loin des émotions de Lov. Emotions qui, d'ailleurs, sont toujours comme cachées, floues, reniées. Comme si elle ne voulait rien ressentir. « Non, pas d'importance. » répète-t-elle doucement, l'observant.

Très bien. La petite jument grise se voulait compréhensive. Elle ne voulait en aucun cas juger l'autre jument et son parcours, ni son ressenti. Nephtys soupire discrètement, un peu perdue dans ses émotions. Il faudrait vraiment qu'elle arrête de tout prendre à coeur. Quelque chose l'intriguait chez Lövojka. Quelque chose qu'on est loin de trouver chez tout le monde.

Ravie que cela soit « accepté », Lov ose un sourire amical. Elle donne un coup de tête affectueux à la blanche. « Je suis contente de t'avoir revue. » admet-elle doucement, se souvenant vaguement de leur première rencontre, sur le territoire de Zohra.

Elle pose ses naseaux quelques secondes sur son petit front, comme pour dire moi aussi. Tu as du faire des tonnes de rencontres depuis notre dernière entrevue? Nephtys était assez curieuse de savoir ce qu'était devenue la petite Lov.

Plus si petite que ça, d'ailleurs. Il faut dire que sa carrure est plus imposante, maintenant, que celle de Nephtys. « Oui, beaucoup. Et toi ? »

Nephtys lui donne un coup d'épaule pour la taquiner. Certaines ont changé ta vie? Elle était curieuse. Peut-être un peu trop? Elle attendait la réponse de la jument blonde avec une impatience incamouflable. Oui, pas mal non plus.

Lov se permet un sourire effronté. « Je ne dirai pas qu'une rencontre peut changer ma vie, c'est moi qui la change, pas les autres. Mais disons que certaines rencontres ont été plutôt ... enrichissantes » Elle lui offre un clin d'oeil taquin. « D'ailleurs, j'ai cru t'apercevoir au rassemblement dans les galeries souterraines. »

Nephtys lâche un petit sourire en coin à l'autre jument. Et donc? Elle rit comme une enfant, avant de reprendre son sérieux naturel. C'est exact, je venais en apprendre plus, on va dire.

Elle ne répond pas, se détournant sur le sujet du rassemblement d'Akan. Rassemblement auquel elle est restée muette, n'a pas dit un mot, s'est à peine montrée. « Et tu en penses quoi, toi ? »

Gênée que l'autre jument passe à autre chose sans même répondre à sa question, Nephtys détourne le regard quelques secondes. Le mouvement en lui même me séduit. C'est une cause à mon sens juste, qui mérite combat. Mais le fait de tuer ou blesser d'autres chevaux va à l'encontre de mes principes. Elle fait une courte pause, plongeant ses prunelles sombres dans celles de Lov. Et toi, qu'en penses-tu?

Lov hoche la tête. « Un peu pareil, en fait. J'ai toujours voulu être libre, aller où je veux, explorer la terre que je souhaite. Sauf que cette hiérarchie de dominants nous sépare tous et les frontières existent bel et bien. » Elle soupire doucement. « Pourtant, je n'aimerai pas me battre contre ma dominante, j'en serai incapable, je l'admire énormément. Et elle m'aime tant que j'aurais trop l'impression de la décevoir. » Partagée, elle se tait. Elle n'a jamais exprimé tout ça, en fait elle n'a que trop rarement échangé sur ce sujet avec quelqu'un d'autre, alors ça lui fait du bien.