Depressive instincts

Mais la silver n'est pas sensible aux humeurs de la grise. Elle trouve ça normal et puis, pour dire vrai, elle ne la trouve même pas désagréable, s'étant retrouvée elle-même parfois bien plus cassante que cela. « C'est à toi de voir. » fait-elle, lui signalant ainsi que sa présence ne la dérangeait pas.

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Bon, sa phrase un peu piquante n'avait pas eu tellement d'effet sur Lov, heureusement. La grise tenta un petit sourire, et fit un pas vers elle. Elle devait lui parler de quelque chose, elle n'avait pas le droit de disparaître sans rien dire.

- Tant que je te vois, il faut que je t'annonce quelque chose...

Hérézy se mit à chercher son regard, même si le sien n'était pas tellement là.

- Je vais partir.

Mais Lov ne comprend pas. Enfin, pas exactement. « Je sais, mais je t'ai dit que tu pouvais rester, si tu veux, ça ne me dérange pas. »

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Un très léger sourire vient planer sur les lèvres de la jument grise, amusée que Lov ne comprenne pas son allusion qui lui paraissait plutôt très claire... Elle reprit, sans s'agacer ou quoique ce soit.

- Je ne vais pas quitter ce territoire, ou cet endroit Lov. Je vais quitter GS, m'éloigner quelques temps.

La jeune fronce les sourcils. « C'est une manie, donc, qu'a tout le monde ici. Partir. » fait-elle simplement, sans agressivité mais en laissant légèrement son incompréhension et sa frustration transparaître dans ses mots mais pas dans son ton.

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Elle la comprend, et ne peut lui en vouloir.

- Tu vois bien que ça ne va pas... Rester ici me tuerai, j'ai besoin de voir autre chose.

Hérézy fait un pas vers elle, espérant qu'elle comprenne, elle aussi.

Mais Lov ne comprend pas. Elle fixe durement la grise, tachant de garder son regard neutre sans bien y parvenir, pour une fois. Une vieille colère remonte, comme insurgée trop longtemps. « Allons donc tous régler nos problèmes loin d'ici, tiens ! Au passage, si tu croises mon père, tu pourras lui dire que son problème numéro un l'attend ici ? » siffle-t-elle, acharnée, très calme pourtant, mais bouillonnante.

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La jument grise couche une oreille sur sa nuque, et a un mouvement de recul face à cette Lövojka énervée, qui semble se contrôler mais être à deux millimètres d'exploser.

- Je suis navrée de te voir réagir ainsi. Mais tu t'en sortira très bien seule, après tout. Tu l'as dis toi même.

Et na, Hérézy aussi pouvait avoir des mots piquants, quand il s'agissait d'y répondre. Elle n'était pas comme ça, avant ; mais la douleur l'avait changée.

Blessée d'entendre de telles paroles sortir des lèvres si pures et toujours si encourageantes de la grise, Lov affiche une mine légèrement surprise avant de se départir de cette émotion inattendue qu'est la surprise. Elle recule d'un pas, le regard froid comme la Glace où elles ont toutes deux vécues. « En effet. » claque-t-elle d'une voix sèche et sans émotions.

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La jument grise ne s'attendait pas à une autre réaction de la part de Lövojka, et elle n'en est absolument pas blessée, ni ne montre une quelconque émotion particulière. Du moins au début, car doucement les larmes lui montent aux yeux, tout de même. Car elle le sait. Au fond d'elle, et même si elle ne l'avouera jamais, Lov tient à elle ; et c'est réciproque.
Hérézy, immobile, laisse ses prunelles devenir intenses, et pénétrantes ; ces dernières toujours posées dans celles de la jeune jument.

- Tu me manqueras, tout de même.

Bien sûr qu'elle tient à elle. Bien sûr qu'elle ne l'avouera pas. Mais son comportement agressif en témoigne à sa place. Elle soupire, agacée mais triste, très triste. Elle ne répond pas tout de suite, laissant même supposer qu'elle ne donnera qu'un silence glacial en guise de réponse. Finalement, elle baisse les armes, laissant ses yeux noirs quitter ceux d'Hérézy, chargés d'une émotion qu'elle n'est pas sûre de pouvoir contrer. « Je suis juste déçue. J'ai une vraie famille ici et elle se disloque au fil des mois. Tu m'as traitée comme une fille, et tu t'en vas. Ma nièce plus âgée que moi est partie, ma grande soeur est sur le départ aussi. » Elle se mord la lèvre pour ne pas réitérer sa comparaison. Ils font tous comme lui.

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La jument grise fait un pas vers elle, touchée et émue qu'elle se confie ainsi, qu'elle s'ouvre.

- Je me doute que tant de départs doivent te faire souffrir, mais beaucoup sont restés, et resteront.

Elle cherche le contact tendre de ses naseaux.

- Tu n'es pas seule ma belle. Et puis, ce n'est qu'un au revoir.

Un instant, ses muscles se tendent, comme prêts à bondir. « Ça ne me fait pas souffrir. » Sa voix est tranchante comme une lame de rasoir et assurée, comme mille ans d'âge ensemble. Finalement, elle se détend, se délie légèrement. Comme si son cerveau n'était fait que de portes qui s'ouvrent et se ferment pour contrôler ses réactions et ses actions elles-mêmes. « Oui. Sûrement reviendras-tu un jour quand je serai vieille et que j'aurais mille erreurs à mon tableau noir. Si je suis encore en vie. » fait-elle en levant les yeux au ciel.

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Un léger rictus étire les lèvres de la grise pommelée à la réaction de Lov. Car si ce n'était pas le cas, elle n'aurait pas réagit ainsi. Mais Hérézy n'insiste pas, elle ne souhaite pas échauffer son esprit déjà bien avancé, et encore moins finir par se la mettre à dos ; alors qu'elles savent toutes deux que la grise a raison.
Elle recule d'un pas, sans pour autant prendre un air plus dur.

- Ne sois pas cynique, tu es maître de ton destin, et de ce que tu en fais, tu le sais.

Petit à petit, Hérézy s'éloigne, s'apprêtant à la laisser seule ici ; mais pas seule sur GS, loin de là.

- A très bientôt Lov.

La silver hoche simplement la tête, retenant toute démonstration affective ou émotionnelle. Pourtant, le départ d'Hérézy la touche. Mais elle se protège. « Prends soin de toi. Au revoir. » fait-elle d'une voix légère en se permettant un fin sourire.