L'eau et le feu.

Elle ne bouge pas d'un poil et se laisse faire lorsqu'il vient effleurer ses naseaux. C'est qu'elle avait presque oublié comme il était réconfortant de se blottir contre quelqu'un, l'espace d'un instant. Et même s'il ne veut rien laisser paraître, elle sent son petit cœur qui bondit joyeusement entre ses côtes. Qu'il était curieux, ce muscle...

Elle le parcoure et ça n'a rien de trop désagréable. Il lui adressa un sourire cynique qu'elle ne put certainement voir, puisqu'elle était occupé à chercher son cœur. « Tu cherches si y'en a un ? » souffla-t-il sans se départir de son attitude sarcastique, qui lui collait comme une seconde peau.

Elle rit. « Je suis malheureusement contrainte de vous faire part d'une information capitale ; vous êtes visiblement bien pourvu d'un cœur, Monsieur. Par contre, j'ai également une mauvaise nouvelle ; je ne suis pas en mesure de voir s'il fonctionne correctement. » Un sourire joueur - et un poil moqueur - prend place sur ses lèvres alors qu'elle se détache de son corps. Presque à regret d'ailleurs, parce qu'il lui tenait chaud.

Ses mots lui arrachèrent l'ombre d'un sourire. Il reporta son regard dans le sien quand elle se détacha de lui, son regard voguant d'un œil à l'autre de la noiraude. D'une couleur à l'autre, comme si elle avait un double regard. « Dommage, tu fais tellement la maline que j'aurai crus que tu te serais improvisée médecin. » Il arqua un sourcil imaginaire.

Et figurez vous qu'elle ne lui avait pas échappée, cette esquisse de sourire ! C'est qu'il commençait à détendre la ficelle de son string, l'monsieur. « Si j'étais médecin, tu serais actuellement mort. » réplique-t-elle en pouffant de rire. Elle était bien incapable de faire ce que Céleste ou même la gamine - Tehya, un truc du genre - faisaient. Connaître les bonnes plantes, les appliquer au bon moment, tout ça... Bref, pas son truc. Clairement. Elle préférait encore faire chier le monde, ça, au moins, c'était à sa portée. « Et donc, il fonctionne ou pas ? Ou bien, a-t-il fonctionné un jour ? » rétorque-t-elle, une lueur malicieuse dansant dans son regard vairon.

Il haussa finalement les épaules. « Ça fait tellement longtemps que j'me suis pas posé la question que j'en ai oublié la réponse. » Il ne voyait pas où elle voulait en venir avec ces questions, bien qu'elles soient teintées d'une malice perceptible. Est-ce que quelque part, elle lui demandait s'il n'était pas foncièrement mauvais ? Bonne question, allez savoir. La haine, il avait été habitué à la ressentir tous les jours, alors voici la question : depuis combien de temps ne s'était-il pas senti apaisé, heureux ? Ce sont des mots qu'il avait rayé de son vocabulaire. « Et puis l'image du sale con d'service me va mieux, non ? » envoya-t-il avec malice.

Elle ne tient plus en place. Elle s'avance, le dépasse, le contourne... Pour finalement s'arrêter de nouveau face à lui. Où voulait-elle en venir avec ses questions ? Et bien... A vrai dire, elle s'en fichait de savoir s'il était bon ou mauvais - ou même les deux. Elle voulait savoir s'il avait aimé un jour. S'il avait été ce petit poulain débordant de vie, puis ce jeune yearling au caractère impétueux désireux de découvrir la vie de toutes les manières possibles et inimaginable. Car visiblement, l'adulte peinait à voir les couleurs de l'arc-en-ciel. « Les bad-boys ont ce côté charmant que les bons garçons n'ont pas, il est vrai. » se contente-t-elle de répondre, bien qu'elle n'ait aucune expérience dans la matière. Les garçons, pour elle, ne représentaient pas grand chose de plus que les filles. Ils étaient fait de la même matière. Enfin... Peut-être étaient-ils un poil plus... Désagréables, lorsqu'il leur montait de sales idées en tête.

Elle n'a de cesse de virevolter devant lui, tant et si bien qu'il a abandonné l'idée de la suivre constamment du regard, au risque de finir étourdi. Elle lui donnait l'impression d'être remontée sur ressorts ou d'être une véritable pile électrique. « Et c'est ça qu'tu cherches dans ta vie ? » Pas de séduction, une simple question théorique, une vraie question sérieuse.

Syliah l'observe attentivement, en quête d'une quelconque réaction de sa part. Et s'il la manipulait ? L'idée lui effleurait l'esprit depuis qu'ils avaient commencé à parler. Pourtant, elle décide de mettre ses doutes de côté. « Absolument pas. » finit-elle par répondre, après quelques minutes de silence. Elle n'était pas vraiment attirée par l'amour et toutes ses facettes. C'était un sujet qui lui paraissait bien trop complexe et dénué d'intérêt. Elle était comme un livre vierge. Ses pages étaient encore blanches. Ou presque.

Et ça ne l'aurait pas étonné qu'elle réponde ça. A vrai dire, il s'y était plus ou moins attendu. Il commençait à peindre une image mentale de la noiraude imprégnée de mystères et de libertés. « Alors que cherches-tu ? » fit-il en effleura sa peau tout le long de son chanfrein, effleurant même la paupière de l'un de ses yeux, le bleu, tandis qu'il observait le brun.

( Elle a un œil bleu et un œil marron, pas vert )

Elle prend son temps pour réfléchir à cette question. Ce qu'elle cherchait... ? Elle ne s'était sans doute jamais posé la question jusqu'à maintenant. La noiraude s'apprête à répondre lorsqu'il vient glisser son nez le long de son chanfrein, jusqu'à son œil. Instinctivement, ses oreilles viennent se plaquées sur sa nuque et elle recule d'un pas pour se défaire de ce contact. « La liberté. » rétorque-t-elle finalement. En fait, ce n'était pas difficile de répondre à cette question. C'était la liberté qu'elle cherchait, et ce depuis le début.

désolée, j'ai édité :p

Il considéra sa réponse un court instant, avant de répondre du tac-o-tac. « Donc la liberté fait de toi une petite garce ? » fit-il simplement, sans reproche, mais avec une franchise blessante. Il l'observait avec un petit sourire en coin, provocateur. Comment allait-elle réagir ?

Elle le dévisage durant un long moment, la mine perplexe. Puis un sourire arrogant vient orner ses lèvres avant qu'elle ne réponde ; « P'tre bien. » Après tout, s'il voulait la cataloguer en temps que tel, il en avait parfaitement le droit. Lui était le sale con de service, et elle, la garce.

Finalement ils formaient un fin duo, non ? Le mâle ne fut pas étonné de sa réponse, bien qu'il aurait préféré que cela l'énerve au point de taper une petite crise. Mais dommage, parce qu'elle n'avait visiblement rien d'une princesse étant donné son attitude plutôt sauvageonne. « Et ça t'arrive souvent de toucher le premier bad boy qui passe ? » fit-il en lui renvoyant sa mine arrogante. Deux vraies têtes de pioches.

« Où veux-tu en venir ? » réplique-t-elle, légèrement surprise par sa question. Demande-t-il indirectement si elle fait partie des femelles aux mœurs légères ? S'il la pensait ainsi, alors il la décevait. Avait-elle l'air d'une fille facile, d'une nymphomane de bas-étage, d'une courtisane ?