Noctambule //F//

N A R V A L

L'odeur du sang. C'est ce qui l'a attiré ici, aussi rebutante soit elle, elle était tout aussi excitante. Il traque la proie blessée, tel le prédateur acharné et méticuleux que lui a appris à être sa mère. Bientôt, le jeune fantôme se retrouve devant un édifice de pierre ne respirant pas vraiment la jeunesse. Il sait d'ores et déjà que ce qu'il va trouver à l'intérieur va le répugner mais soit, des traces de sang se trouve devant la porte. Il serre la mâchoire, agacé, mais pousse la porte et pénètre à l'intérieur de l'église. Il sent prend l'odeur de la poussière et du renfermé en plein nez, c'est désagréable. Rapidement, il inspecte les lieux et son regard glacial s'arrête sur une silhouette sombre. Narval se dirige vers elle, et ce n'est qu'une fois à sa hauteur qu'il reconnait l'une des membres des Nayatis. Foudre. la salue t-il, ne masquant pas vraiment sa déception. La chasse ne serait pour aujourd'hui. Pourquoi es tu blessée ?

Narval ne laisse rien transparaître, ni compassion, ni déception, son état laissant plutôt penser à une défaite qu'une victoire, mais il s'en moque, ne s’intéresse pas à son combat. Le fantôme retrousse ses naseaux de dégoût en voyant l’aspect suintant de la plaie. Ce n'est pas toi en tant que tel que je suivais. On m’a appris à ne pas laisser un individu blessé souffrir inutilement, qu'il fallait abréger ses souffrances. répond t-il d'une voix calme, sans détacher son regard d'un bleu translucide de sa blessure. On m’a appris à être la mort. Mais je suppose que je dois agir différemment avec un membre de ma famille. Pas de sang, en tant que Nayati. Seuls sa mère et son frère lui importaient, mais cela semblait tenir à cœur à Faucon de s'intégrer dans ce nouveau peuple, alors il faisait des efforts, pour s’intéresser aux autres âmes vivants sur cette île. Mais c'était un exercice complexe. Puis je t’aider ? Il détache enfin ses yeux de la plaie pour les glisser jusqu'aux siens, son ton glacial s'associe à son regard, mais sa voix calme et sa manière de parler élégante détonnent, créant un mélange étrange, déstabilisant.

Narval reste de marbre face à ses dents retroussées, ne cherchant ni à la provoquer, ni à l'apaiser, juste indifférent. Par le décret de qui ? Par le décret de quoi ? Je ne serais jamais trop jeune, trop vieux, trop tout ou trop rien tant que je décide que je le souhaites et que j'en suis capable. Sa voix est un souffle glacial. Ses yeux, eux, ne se sont pas déverrouillés de la plaie suintante et sale. Cela ne sera pas suffisant. Reste immobile, je reviens. Sans attendre une quelconque réponse ou réplique, il se détourne et sort de l'édifice. Il avait repéré une ruche un peu plus loin. Du miel avait coulé sur une branche en contre bas. Il veille à l'arracher sans secouer la ruche en elle même pour ne pas se faire attaquer.
Au bout de quelques minutes il revient dans le sanctuaire de pierre et pose la branche à côté d'une étrange petite fontaine, elle aussi en pierre. Peux tu venir ?

Narval ne s'offusque ni ne s'intéresse à sa méfiance, il est maintenant concentré sur son but premier : nettoyer et désinfecter cette plaie. Peu de chose l'intéresse, à l'exception de sa mère et son frère ; il ne pensait pas pouvoir être investie dans autre chose qu'eux. Il s'était intéresser aux devoirs de soins dans un premier temps pour peaufiner ses devoirs de mort. Mais, il se surprenait lui même à apprécier cette apprentissage, cette … Vocation ? Il y avait toujours quelque chose de nouveau à apprendre, tout le temps, et cela satisfaisait son naturel curieux et perfectionniste.
Ayant posé la branche récupérée, en prenant soin de ne pas contaminé le miel dessus, il frotte la plaie avec ses naseaux, la frictionnant un peu fort pour vraiment bien dégager les saletés, et avoir une plaie plus pure, le plus saine possible. Il n'y va pas vraiment de main morte, et sans l'avoir prévenue, mais elle semble forte, il se dit qu'elle serrerait les dents. Une fois chose faite, il retire ses naseaux, légèrement rosies par le sang malgré la présence de l'eau pour l'aider dans sa tâche. J'essaie. Mais ma mère est prisonnière, et si je prononce son nom ou celui des Nayatis, on me fuit comme la peste. répond t-il, calmement malgré la frustation des deux circonstances. Il prend la branche et laisse couler le miel à même la plaie, une bonne couche. Le miel y adhère rapidement, ce qui évite qu'il ne coule. Essaie de faire ça au moins deux fois par jour, le miel est un excellent cicatrisant naturel. Mais ta plaie doit être propre. ordonne t-il, en relevant enfin le regard jusqu'au sien.

Foudre n'est pas une patiente désagréable, elle se laisse plutôt faire, accepte la douleur sans rechigner. Il est satisfait de ce premier soin, sans en être pleinement fier. Il reste encore pleins d'imperfections, ce n'est que sommaire. Mais il ne pouvait faire mieux aujourd'hui, ce qui était malgré tout frustrant. Tu es ma première patiente, et donc mon premier cobaye. Je pourrai répondre à cette question la prochaine fois que j'aurais à soigner une plaie. Voilà que la commissure de ses lèvres se rehausse brièvement en une esquisse de sourire malicieux. Mais cela disparaît aussi vite que c'est apparu. Ne fais pas plus que nécessaire avec ta jambe, essaie de la laisser au repos le plus possible.

Il hoche la tête à l'affirmative, son regard se perdant un instant sur la plaie pansée de Foudre. J'espère qu'elle va bien ... lâche t-il dans un murmure, plus pour lui même que pour la conversation. Le temps de sa captivité commençait à se faire long et l'inquiétude prenait de plus en plus de place. Et toi ? Quelle vocation as tu choisi ?