F | No time to die

Astrée réprime un hoquet de surprise lorsqu'il reprend son rôle de pur dominant, prenant possession de ses moindres faits et gestes, venant la bloquer de ses choix contre le tronc d'un arbre. Puis sa tête recule, pour briser un peu plus le mental de la colombe avec ses mots. Il avait l'air et la manière. Non, voulait-elle répondre. Oui. les yeux humides de larmes de joie ou de tristesse, un maigre sourire parvient à se frayer un chemin sur ses lèvres encore brûlantes. Si c'est comme ça qu'il l'aime, alors soit. C'était la seule manière pour elle de pouvoir ressentir la chaleur de son corps.

Elle a tellement envie de pleurer, de crier, hurler. Tant d'émotions contradictoires qui se pressent, s'entrechoquent, s'embrasent dans un tourbillon de douleur, de déchirure. Elle frissonne sous ses baisers et ses caresses, d'un plaisir interdit et d'angoisse. Sa queue s'élève lentement, les muscles de ses quatre membres se bloquent pour permettre à son corps frêle de supporter le poids de son bourreau. C'était donc ça, l'Amour ?

D'instinct ses oreilles viennent caresser sa nuque, lorsque enfin le ventre de son bourreau vient caresser sa croupe, puis son dos. Elle serre sa mâchoire lorsqu'il commence son ballet de vas et vient, partagée entre désir et tristesse. Un court instant elle se demande si c'était vraiment ça, l'Amour. Quelle chose douloureuse. Il saisit ses crins et sa tête se recule légèrement, happée par le moment. La jument serre de nouveau ses dents, mordant l'intérieur de sa joie jusqu'au sang.

Pour faire passer le temps plus vite, Astrée se remémorait les endroits féeriques qu'elle a pu découvrir, faisant aussi passer les faits et gestes de Fléau comme quelque chose de doux. L'affaire finit, elle reprend son masque d'amoureuse heureuse, l'air un peu triste de devoir partir. Tu veux déjà te débarrasser de moi.. elle avait pensé à voix haute. Pourquoi s'obstiner à espérer qu'il change.

Astrée reste interdite face aux paroles de l'étalon. Si bien bien que les larmes lui montent aux yeux, voulant le prendre amoureusement contre elle, avec le peu de force qu'elle dispose. C'était si rare de le voir.. Si prévenant. Elle l'entend doucement murmurer, mais préfère ne pas relever, faisant demi tour pour s'éloigner du danger. Même si elle ne souhaite pas être dévorée vivante, ses pas sont las, sans énergie, se sentant inévitablement aimantée vers lui comme vers la sortie. Quelles retrouvailles difficiles.