Alone in my world [Cristal]

Il les a suivi des yeux - de l'oeil, plutôt - jusqu'à la falaise. De loin, il fixe la mère qui se tient comme en équilibre volontaire entre la terre ferme et le vide. Et le petit, un peu à l'écart, un peu en retrait. C'est au bout de quelques minutes que Faucon se décide à lentement se mouvoir vers eux. Son allure est toujours assurée, gracile. Il va droit sur Cristal, remonte le long de ses hanches, entre elle et son poulain. Il lui adresse un regard mitigé, à la fois surpris de la voir avec un petit et de constater la distance qu'elle met avec. Il bifurque, gagne le poulain, ne s'approche pas trop. Comment t'appelles-tu, petit ? demande-t-il de sa voix la plus douce possible, pour qu'il ne prenne pas trop peur.

Faucon considère avec étonnement le poulain qui lui répond normalement, comme si c'était normal. Il détache son oeil bleu de lui pour le river sur la mère, plus sévère. Il se rapproche d'elle, froid. A quoi tu joues, avec ce gamin ? fait-il, un peu sec.

Qui est le père ? demande-t-il, sans savoir si elle avait envie de répondre ou non. Il s'en fiche un peu, il n'est pas du genre à faire des manières, encore moins avec elle Il te faut le baptiser. Peu importe que tu l'accepte ou non. Au pire, une autre mère s'en occupera à ta place. Il est sévère, mais il ne trouve pas ça normal que l'enfant pâtisse des caprices de sa mère.

À l'annonce du nom, l'entier couche brièvement ses oreilles contre son crâne. Fléau. Celui qui l'a affronté près de l'arbre. Agressif, impulsif, avide de vengeance, visiblement. Il ne dit pas qu'il l'a rencontré pourtant, gardant ce détail pour lui. Il l'écoute et ne la juge pas. Il reste parfaitement insensible, froid comme le Nord. Si Boréale lui avait demandé de tuer l'enfant qu'elle porte, il l'aurait fait. Sans questions, sans remords. Même si c'est injuste et contraire à son code. Oh, mais tu as choisi qu'il vive, sinon, tu l'aurais déjà tué. Elle ne peut pas nier ça. Ne l'aurait-elle pas déjà fait si c'est ce qu'elle souhaitait ? Il couche une de ses oreilles de nouveau un peu en arrière et plus sévère, ajoute : Et la prochaine fois, t'es pas obligée de parler de ça devant lui, crache-t-il, autoritaire. Il se détourne d'elle pour s'approcher du petit et essaie d'arborer un visage moins froid - en vain. Je vais m'adresser directement à toi. Comment aimerais-tu t'appeler, petit ? souffle-t-il à voix basse pour que sa mère n'entende pas.

Elle ne répond pas mais il sent bien qu'il a visé juste. Cela la fera peut-être réfléchir. Le petit a l'air un peu effrayé, alors Faucon tente de lui sourire - ça ressemble à une grimace bancale. Il plisse les yeux, levant la tête. Viens, dit-il à l'enfant. Faucon n'est pas pédagogue ni particulièrement doux, pourtant il a cet attrait envers les plus jeunes. Ce désir, toujours, de protéger, d'enfermer sous ses grandes ailes ceux qu'il peut sauver. Il l'emmène plus près du bord, sans que cela ne soit dangereux. La mer est là-bas. Tu penses qu'il y a encore quelque chose derrière elle ? Ou tu parles de l'immensité qu'elle représente ? Son ton est toujours froid et neutre, mais il essaie d'être plus doux, de parler plus lentement.

Faucon a beau chercher, y a rien après la mer, à part la mer Il plisse son unique oeil avec une moue un peu cocasse. Euh ben c'est ça la mer justement, petit. La mer, l'océan... c'est une infinité d'eau sans terres, fait-il avec un petit sourire, essayant de ne plus faire peur au petit. Sa mère doit le faire assez souvent déjà

Tiens, bonne question. Pourquoi les gosses ont toujours des questions auxquelles on ne sait pas répondre ? Eh bien, les deux sont des étendues d'eau. Mais l'océan est plus grand, en terme de taille, prétend-il, sans savoir si c'est vraiment la bonne réponse. Peu importe, l'avantage face à un poulain, c'est qu'il ne pourra pas le contredire Il est amusé de voir le petit se grandir et secoue al tête en laissant échapper un rire bref, sans plus vraiment calculer sa mère Tant mieux ! Il ne faut jamais te laisser impressionner, par personne, petit.