l'aube de ton ère

L'adolescent soufflait doucement sur un pissenlit, observait ses parachutes à demi transparent transporter les graines vers d'autres horizons. L'aube nimbait la vallée de doux rayons timides et de quiétude. La rosée s'était également installée sur son pelage de feu, et l'océan de ses yeux déferlait sur les merveilles du monde.

Moiiii

Le mâle noir n’avait pas su trouver le sommeil, hanté par des rêves qui le réveillaient à tous coups. Des souvenirs qu’il tentait d’oublier ou alors des pensées intrusives qui le tourmentaient l’avaient gardé éveillé. Njörd avait profité des premiers rayons du soleil pour prendre l’air frais et s’éloigner un peu du brouhaha du camp.

Pensif, distrait, l'adolescent ne prêtait pas vraiment attention à une éventuelle présence alentour. Avec le temps, il avait appris à moins se méfier de tout et de tout le monde. Peut-être que cette transition de l'enfance à l'âge adulte avaient pour effet de le rendre plus ouvert au monde qui l'entourait. Ce n'est que lorsqu'il fut plus proche que Gaara repéra la présence de Njörd, sans savoir s'il venait à sa rencontre ou non.

L'étalon noir ne le reconnut pas immédiatement, mais ce n'était pas ça qui l'empêchait de prendre le pas en sa direction. Cela dit, un sourire prit possession de ses lèvres en découvrant la face blanche et les yeux bleus du yearling. Tiens, il avait bien grandi le p'tit Gaara. Salut, mon grand. le salua-t-il avec chaleur.

Le noiraud vint bel et bien à la rencontre du jeune solitaire, et l'enfant qu'il n'était plus lui adressa un sourire certes discret, mais nimbé des chaleurs du désert. « Njörd ! Ça me fait plaisir de te voir. » Comme quelques autres individus, Njörd faisait partie de ceux qu'il avait rencontré encore enfant. Il n'était jamais parti de GS, et avait continué de voir Hope de temps en temps, attaché à la petite princesse. « Comment vas-tu ? » s'enquit-il en orientant sa stature en pleine constitution vers le mâle adulte.

Revoir l'alezan lui mettait du baume au coeur. Pas seulement parce qu'il avait ramené Hope à la maison quelques fois, mais aussi parce qu'il estimait beaucoup l'adolescent. Enfant, il avait décelé une grande intelligence dans son âme. Autant dire qu'il avait aussi fini par s'attacher. Tu as bien prononcé mon nom. Tu t'es pratiqué ? fit-il pour le taquiner. Je vais bien. Et toi ? Quoi de neuf ?

Revoir son aîné lui faisait vraiment plaisir, plus qu'il ne l'aurait pensé d'ailleurs. Gaara avait pris l'habitude d'être seul, bien que cela lui pesait, parfois. Il répondit à son compliment par un petit sourire rieur. « Je crois que je me suis fais aux sonorités de la langue commune. » fit-il, bien que lui ne perdrait jamais complètement son accent, pour rappeler au monde qu'il n'était qu'un étranger. « Je vais bien, moi aussi. Et pas grand-chose... » Il n'avait pas revu Cxalùn depuis bien longtemps, et son poitrail se serrait à chaque fois qu'il y pensait. L'idée qu'elle ait continué son voyage sans lui le peinait. « Comment se portent les Nilaak ? » s'enquit-il, bien qu'il songeait surtout à Hope.

L'ébène eut un petit rire. L'adolescent semblait s'être un minimum adapté à son nouvel environnement. L'alezan se sentait peut-être encore extraterrestre, mais Njörd adorait les différences. Tout le monde va bien. Hope aussi. répondit-il avec un petit sourire en coin en songeant à la relation entre Gaara et sa plus jeune fille. Mais malgré tout son amour de père, il ne put s'empêcher de soupirer. Tu sais, j'avais espoir qu'elle guérisse en grandissant mais... j'ai l'impression que le mieux que l'on puisse faire encore pour l'instant, c'est soulager ses douleurs.

sa joueuse ne vient plus d'ailleurs, à Hope ? :'c

S'il y avait bien une chose pour laquelle Gaara restait fidèle à lui-même, c'était son calme. Bien qu'il paraissait moins faussement torturé que dans son enfance, qu'il conserve son petit air absent et réfléchi, ses iris avaient capté la lueur dans celles de Njörd. L'adolescent savait depuis longtemps qu'elle souffrait, sans cela exactement les tenants et aboutissants de ces douleurs qu'elle ne méritait pas. Au fond de lui, il s'en était toujours quelques peu inquiété, attristé. Mais par respect pour son amie, il n'avait jamais ressenti de pitié, la considérant comme n'importe quel autre congénère. Gaara baissa légèrement le visage, observant un relâchement sur ses propres traits. « Comment ? »

comme plusieurs, y'a le remous des vacances :/

Dès sa naissance, Njörd et Myosotis n'avaient pas mis de temps à constater qu'il y avait quelque chose d'anormal à la démarche de leur fille. Et bien qu'ils n'en parlaient pas, ils pensaient sans doute tous deux qu'il s'agissait de la dernière marque de Kieser. Car il avait fallu qu'il leur impose un enfant, mais en plus qu'il la fasse souffrir à chaque pas qu'elle faisait, à chaque respiration qu'elle prenait. Notre chamane la bourre d'anti-douleurs. Ça la soulage un peu, mais on sait que ça ne la guérit pas. répondit-il tristement.
Car Njörd souffrait aussi avec sa fille.

L'alezan était loin de pouvoir imaginer toutes les douleurs que pouvait endurer son amie. Ceci dit, la seule chose qu'il pouvait faire, c'était croire en elle et faire confiance aux personnes qui s'occupaient d'elle. Que pouvait-il bien faire de plus ? « Sait-on exactement de quoi elle souffre ? » Même si ça ne changera pas grand chose à la situation.

Njörd secoua la tête. La malédiction qui s'était abattue sur sa fille était un mystère pour tout le monde. Pas exactement. On sait juste que ses articulations lui font mal. Il soupira, le coeur brisé. Tu tiens à elle, pas vrai ?

Sa question le laissa muet quelques instants. S'était-il véritablement interrogé sur les liens qu'il entretenait avec autrui ? Il était d'un naturel si pensif qu'il avait bien du aborder la question, mais ne savait pas vraiment comment identifier les liens qui pouvaient unir les individus entre eux. « Euh.. Oui. Je n'ai pas envie qu'il lui arrive malheur. »

C'était pourtant tout ce qu'il avait besoin d'entendre de la bouche de l'adolescent. Il n'avait pas besoin d'une promesse longue à n'en plus finir, juste une preuve de son attachement pour sa petite princesse. Alors quand elle est avec toi, j'ai besoin de savoir qu'elle est en sécurité, je veux pouvoir être confiant en me disant qu'elle va bien. dit-il, sérieux. Un sourire vint finalement étirer ses lèvres et briser sa mine inquiète. Et surtout je veux qu'elle s'amuse. Elle te considère comme son ami et je sais que ses douleurs deviennent le dernier de ses soucis quand elle est avec toi.