nid familial

L'adolescente se trouvait là où elle se sentait le mieux : à la maison. Depuis le rendez-vous des poulains, elle avait décidé de s'exiler chez elle, sans distraction, pour s'entraîner à marcher correctement et ne plus être un boulet. Aujourd'hui, elle sait galoper, avec difficulté mais une douleur moins intense.
Le soleil est haut dans le ciel, et le bois du camps offre une douce fraîche en ces jours d'été. Au bord du lac, la princesse s'observe, toujours intriguée par cette non ressemblance à ses parents.

Son regard s'était rivé sur elle lorsqu'il était rentré dans le camp. La voir passer autant de temps seule, au camp, l'inquiétait, mais il ne voulait pas la forcer à sortir. Le monde extérieur était rempli de danger et il savait qu'elle ne pourrait pas se défendre aussi facilement que ses congénères. Et à chaque fois, la peur lui nouait le ventre quand il songeait qu'il pourrait la perdre. Mais il ne voulait pas qu'elle soit malheureuse pour autant. C'était amusant, d'ailleurs, comment il se préoccupait d'elle. Lorsque Myosotis était à ses premiers mois de gestation, il ne s'attendait pas à ce qu'il s'attache autant à un enfant qui n'était pas le sien. Surtout que, plus elle grandissait, plus elle ressemblait à son père. Il soupira doucement, secouant la tête pour chasser ses pensées. Njörd s'approcha doucement de l'adolescente, un fin sourire aux lèvres. Tout va bien ma puce ?

Trop profondément préoccupée par de nombreuses pensées toutes différentes les unes des autres, Hope ne remarque pas la présence de son père, ni même qu'il s'approche de sa position. Elle était ni triste, ni joyeuse, juste paisible à observer son reflet, en paix avec son esprit. Alors elle se fait des questions réponses, sur sa présence ici, son handicap, ce qu'elle deviendra, pourquoi elle n'a hérité que des yeux de sa mère. De Gaara. Cette dernière pensée lui arrache un sourire, qui s'efface pour laisser place à un sursaut lorsque son père apparaît. Oh, bonjour papa. elle frôle ses naseaux d'un geste tendre. Oui, je médite. Je profite du calme.

Il ne voulait pas la surprendre, mais la voir sursauter lui arracha un sourire taquin, grand gamin qu'il pouvait parfois être. Il s'approcha encore un peu, se plaçant à ses côtés, son regard allant lui aussi se poser sur la surface lisse d'un point d'eau qui alimentait le camp. À quoi tu pensais ?

Malgré l'amour profond et indestructible qu'elle éprouve pour son père, Hope avait de plus en plus de difficulté à mettre des mots sur ses pensées avec lui. Peut-être est ce plus facile de parler de fille à mère ? Ou peut-être l'angoisse de le blesser avec un mot dit trop vite ? Ou les deux ? Elle sait pourtant, vraiment, qu'avec lui il est facile de discuter. Mais plus maintenant. Des trucs de filles lorsqu'il s'approche, la jeune princesse vient se coller à lui, ne cherchant pas à éviter le contact. Tu as fini ta ronde ?

Il fallait dire que sa petite fille avait bien grandi maintenant. Et même s'il savait qu'au fond, elle resterait toujours son bébé, ça lui faisait un pincement au coeur de voir cette distance s'installer entre eux. Surtout qu'elle n'était pas sa fille biologique... Il avait toujours si peur qu'ils s'éloignent pour ça. Et si un jour elle découvrait la vérité et qu'elle décidait de le renier ? Après tout ce temps à prendre soin d'elle, il ne savait pas si son coeur de père saurait le supporter. Njörd la serra doucement contre lui. Je vois. souffla-t-il avec amusement, ne cherchant pas à creuser plus loin alors qu'elle était sans doute plus à l'aise avec Myosotis pour parler de ça. Etosha et Oroïne ont pris la relève, alors j'ai un peu de temps libre. Et puis ça fait longtemps qu'on a pas passé de temps ensemble, toi et moi, tu trouves pas ?

La princesse ne pouvait qu'acquiescer aux paroles de son père, triste d'avouer qu'elle ne voyait ses parents qu'au coucher. Et encore, lorsque le Roi n'était pas de garde. Et lorsqu'elle n'était pas complètement stone au fond d'une grotte, shootée aux anti-douleur de sa marraine. J'espère que ça ne va pas durer uniquement une ou deux heures..

Il eut un pincement au coeur en entendant les mots de la dorée. Il savait que son rôle au sein de leur clan ne lui permettait pas de passer autant de temps avec sa famille, surtout depuis la mort de Winterfell et l'entraînement des nouvelles recrues. Mais il avait espoir que ça change, si ses projets se déroulaient comme prévu. Je sais que j'ai pas beaucoup de temps libre et je suis désolée. Je te promets que ça va changer bientôt. fit-il doucement. Il lui donna un léger coup de museau. En attendant j'ai toute la journée.

La petite adolescente pointe ses fines oreilles en direction de son père, interpellée par ses paroles. Elle ne peut retenir une moue triste sur son visage, désolée de l'avoir rendue ainsi, coupable de son absence. Mais, papa ! Ne t'excuses pas ! lance-t-elle alors aussitôt, comprenant que sa fonction ne lui permettait pas d'être présent en même temps pour tout le monde. Tu es là pour nous, ta famille. Mais le clan aussi est notre famille. Et tu remplis à merveille ton devoir envers nous et les autres. pour appuyer ses paroles qui se veulent réconfortantes, elle vient enlacer le Roi avec son petit gabarit, souriante.

Il n'essayait pas d'aller chercher un pardon de sa fille ou alors qu'elle se sente mal de lui avoir rappelé qu'il ne passait peut-être pas assez de temps avec elle. C'était un fait, il allait devoir changer ça. Peut-être qu'à quelque part, le travail avait été une sorte d'échappatoire à toute sa vie, quand Myosotis avait mis au monde l'enfant qui lui avait été imposé, qui n'était pas sien. Mais maintenant qu'il s'était attaché à elle comme si elle était de son sang et qu'il commençait à faire la paix avec le passé, il voulait pouvoir avoir plus de temps libre. Mais tu as raison quand même, Hope. Il faut que ça change. Il l'enlaça en retour, un petit sourire aux lèvres. Tu n'as pas à être gênée de me dire que je fais quelque chose de travers. Au contraire, vous êtes les seuls à pouvoir me rappeler à l'ordre alors profitez-en. termina-t-il avec une touche d'humour.

Son geste retour agit sur elle comme une bouffée d'air glacée, revigorante et non désagréable. Elle se sent gonflée, prête à gravir tout les haut monts du monde. Un léger rire s'échappe de sa bouche, alors que ses yeux, aussi verts et étincelants que sa mère, viennent glisser sur le visage de son père. Oui, je sais. Et tu sais aussi que je suis incapable de mentir. et quand elle n'ose pas dire la vérité, Hope trouvait toujours le moyen de contourner la discutions pour ne pas à avoir le faire. Je suis grande maintenant, je comprend les responsabilités que tu portes. Trop seul, à mon goût. et c'était là une chose qu'elle ne comprenait pas trop ; pourquoi maman ne l'aidait pas. Ou Filao ?

Njörd lui donna un petit coup de museau taquin, un sourire comblé aux lèvres. Si elle avait la robe de son père, l'étalon se réjouissait de voir les yeux verts de Myosotis dans ceux de leur fille. Égoïstement, il était rassuré en se disant qu'il n'aura plus à regarder dans les yeux du démon qu'il a tué. Tu sais, je vais avoir plus d'aide bientôt. J'essaie de former un conseil avec quelques membres. Ils m'aideront dans mes tâches. lui informa-t-il pour la rassurer.

À oui ? demande-t-elle sans vraiment attendre une reponse, curieuse, mais aussi intéressée. Elle titube un peu sur le côté, observant le camp de là où ils sont. Tout le monde est là, au calme. Elle sourit. Tu vas aussi pouvoir respirer un peu. Prendre des vacances. elle se tourne vers son père, le poitrail légèrement gonflée. Tu sais, je suis assez grande pour t'aider moi aussi !

Des vacances ? Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas pu s'accorder ce plaisir. Il n'était même plus certain de savoir quoi faire en vacances. La dernière fois qu'il en avait pris, c'était pour sa lune de miel. Oh, mais je sais. fit-il en souriant, espiègle. D'ailleurs, quelles sont tes aspirations au sein des Nilaak ? demanda-t-il. Filao était sentinelle, mais s'entraînait au combat, mais qu'en serait-il d'elle ? Il ne voulait pas non plus lui donner de faux espoirs, avec son handicap il n'était pas certain de considérer raisonnable qu'elle tente de devenir protectrice, mais il voulait savoir ce qu'elle en pensait.

Mes aspirations ?
Sa question laisse la princesse sans voix, qui ne s'attendait même pas à ce qu'il approuve son envie. Elle fit la liste des rôles du clan dans sa tête, pesant le pour et le contre, prête à servir son clan malgré un corps faible. Je veux être sentinelle. dit-elle finalement, sans vraiment chercher son approbation. Elle n'arrivera pas à rester sa vie entière enfermée dans son château de fleurs.