birth of a dragonfly // L

Avant, il n'y avait que la noirceur et les ténèbres. Elle était dans un cocon de chaleur et de douceur, rien ne venait la déranger. Puis, elle avait été contrainte à connaître la lumière. Elle avait été aveuglée, mais les rayons du soleil de midi avaient caressé sa robe pâle d'une façon bien agréable pour la petite étoile. Elle prenait peu à peu conscience de son existence quand celle qui lui avait donné la vie se dressa sur ses jambes. Après plusieurs échecs, mais motivée par sa volonté de vivre et la douce odeur de lait qui s'était infiltrée dans ses petits naseaux, l'enfant avait réussi à en faire de même, se tenant sur ses jambes avec un équilibre précaire. À cet instant, elle n'aspirait qu'à aimer et être aimée par sa mère, croyant que le premier jour de sa vie serait constitué de tendresse et d'amour. Mais à peine eut-elle terminé sa première tétée qu'elle ne rendit compte qu'il allait en être autrement. Je m'en vais. Ne t'avise pas de me suivre. lui avait-elle dit. La petite dorée avait obéi sagement au début, la regardant s'éloigner de ses grands yeux brillants. Mais elle avait pris peur et elle avait fini par s'élancer vers la jument, inquiète. Et ça lui avait valu des mots durs, criés. Alors elle l'avait laissée s'éloigner. Elle reviendra. s'était-elle dit.
Mais elle n'était pas revenue. Elle l'avait abandonnée. Elle ne voulait pas d'elle.

Le soleil déclinait sur l'île des Nayatis et la petite était toujours dans la forêt, à la merci des prédateurs qui pouvaient rôder. Par réflexe, la sans-nom s'était couchée sous des fougères pour se cacher, terrorisée par la noirceur qui commençait à s'installer. Elle avait froid, faim et peur. Elle était seule. Et elle ne savait pas quoi faire. Alors elle était restée là à sangloter dans le vain espoir que quelqu'un l'entende et lui vienne en aide.

qqn de la tribu svp

Astrée faisait sa ronde. Encore. Comme tout les jours de la semaine. Et plus le temps passait, plus elle se demandait si sa décision de devenir une membre de la tribu était une bonne idée. Si ça n'avait pas été un capricieuse, une décision prise sur un coup de tête. Si c'était pour elle.. ou pour Faucon. Elle pousse un profond soupire d'ennuis, tandis que ses pas traînent sur le sol terreux.
Ce sont les sanglots d'une enfant, apeurée, qui éveillent les sens aiguisés de la colombe. Elle s'arrête un instant, tentant de capter le chemin à prendre pour rejoindre l'enfant. Il ne lui fallu que quelques foulées rapides pour atteindre la petite, lovée dans le cœur d'une immense fougère. Astrée ne peut s'empêcher d'avoir un sourire rêveur face à 'l'enfant, se couchant à quelques mètres pour ne pas l' effrayer. Et ne pas paraître comme un danger si ses parents reviennent. Bonsoir jeune fille. sa voix douce s'élève, en espérant que cela suffise à la calmer.

La petite dorée tremblait légèrement, la fraîcheur de la nuit mordant sa peau peu protégée par son duvet de pouliche. Plus le temps passait, plus elle se rendait à l'évidence. Elle était laissée pour elle-même, sa génitrice ne reviendrait pas. Et même si elle ne connaissait pas grand chose de la vie, ça lui faisait une drôle de sensation dans la poitrine. Elle aurait dû connaître l'amour et la douceur en premier et pourtant, elle connaissait le chagrin et la peur à la place.
Les bruits de pas qui approchèrent d'elle lui fit relever ses oreilles, un faux espoir la réanimant. Mais même si celle qui se coucha en face d'elle n'était pas celle qui lui avait donné la vie, à ce stade, la petite était prête à n'importe quoi pour survivre et être rassurée. Alors elle se leva sur ses jambes toutes frêles, sécha ses larmes et s'élança contre elle, venant se coucher contre son flanc pour rechercher sa chaleur et son attention.

Patiente d'avoir une réponse, c'est tout autre chose que la jument récupère. L'enfant s'élance sur ses frêles jambes, pour venir se lover dans le creux de ses flancs. D'abord un peu surprise et rebuté, Astrée ne laisse finalement aller et enlacé la petite de son encolure pour lui donner plus de chaleur. Pourquoi agir ainsi si ses parents se trouvaient dans le coin ? Où est ta maman ? susurre la jument dans le creux de l'oreille de la petite, plongeant ses yeux vairons dans les siens. Si elle était seule, il faudra la déplacer.

Elle leva ses grands yeux de chien battu vers ceux de la grande madame blanche qui la serrait contre elle, sentant ses larmes lui picoter ses prunelles à nouveau, sans qu'elle ne se permette de les laisser couler. C'était une montagne d'émotions trop grande pour elle, qui venait tout juste de découvrir ce qu'était la vie. Et elle l'avait découvert de la manière la plus dure qui soit. Partie. répondit-elle. Elle a crié quand j'ai essayé de la suivre. Elle a dit qu'elle voulait pas de moi. expliqua-t-elle avec un facilité déconcertante pour une petite de son âge. Une future pie bavarde, ça c'était clair. L'enfant d'or déposa sa tête contre l'encolure de la colombe, déjà rassurée par sa présence douce et bienveillante.

Astrée sent son cœur de serrer douloureusement à travers sa poitrine lorsque l'enfant lui répond. Comme réponse, elle ne peut se retenir de la serrer davantage contre son corps chaud ; elle qui n'a jamais eu la chance d'être mère, était ce un signe ? La Colombe de redresse doucement, sans se détacher de la petite chose qu'elle ne veut plus éloigner d'elle. Nous allons un peu marcher.. Je t'emmène dans mon petit chez moi. un sourire doux et rassurant rayonne sur les lèvres de la jument, qui passe avec tendresse ses naseaux sur le visage de la pouliche pour lui donner le courage d' avancer.

Innocente, l'enfant ne réalisait pas la chance qu'elle avait d'être tombée sur l'incarnation de la douceur plutôt que sur quelqu'un de mal intentionné. Surtout parce qu'elle était trop jeune pour connaître la méfiance et qu'elle était prête à suivre la blanche sans se poser des questions. Un grand sourire étira les lèvres de la pouliche, contente d'avoir quelqu'un à qui s'accrocher. L'orpheline se redressa sur ses jambes, la tête levée vers la gentille madame. C'est où ? C'est loin ? demanda-t-elle en baillant, fatiguée par la retombée du stress.

Un petit rire s'échappe de la bouche d'Astrée en voyant l'enfant bailler ; c'était si adorable. Non rassures toi ce n'est pas loin. Tu pourras aussi boire et manger ! lorsqu'elles se mettent en route, la colombe se rapproche instinctivement de l'enfant, pour continuer à lui offrir chaleur et réconfort. Tu.. n'as pas eu de nom alors ? demande-t-elle un peu maladroitement. Je fais partie d'une grande famille, où nos noms sont en rapport avec la nature. Que dirais tu de t'en trouver un ?

Son regard s'illumina un peu en apprenant que ce n'était pas trop loin et qu'elle pourrait manger. Elle avait déjà le ventre qui gargouillait, ayant été laissée à elle-même pendant plusieurs heures. Et même si le goût du lait sur sa langue lui manquait déjà, au point où elle était, elle serait prête à faire des efforts pour avaler n'importe quoi. Un nom ? Ça sert à quoi ? demanda-t-elle, à la fois curieuse et confuse. Elle ne comprenait pas trop l'utilité ni même la signification d'un nom. C'est quoi le tien ? Et c'est quoi une famille ? Elle trottinait à ses côtés, presque collée à son flanc.

Astrée se sent partagée par divers émotions. Comment pouvait-on abandonnée son enfant ainsi, sans défense ? Au moins, quitte à ne pas être capable d'assumer, autant le laisser à quelqu'un ? Et de façon égoïste, la colombe était heureuse d'être la première à l'avoir trouvée. Malgré toutes les questions qu'elle semble avoir en réserve ! Un nom c'est se définir. Moi le miens, c'est Astrée. Que dirais-tu si on t'appelais Lune ? toujours souriante, elle souffle un chaud et doux sur le toupet de l'enfant, alors qu'une libellule vient tournoyer autour de son visage d'ange. Ou même Libellule tiens ! C'est comme ça que ce petit animal s'appelle. au fil de la conversation, il ne leur faut pas longtemps pour atteindre une petite grotte, surélevée par un dôme de terre et de mousse. Non loin du camp, Astrée y avait fait sa tanière, avec un bon lit de fougère et de nourriture, mais aussi bons nombres d'artefacts ramenée de son long périple. Ici c'est chez moi, tu devrais te reposer un peu, et je serais heureuse de répondre à toutes tes questions après.

Le concept d'identification et de définition étaient encore flous dans l'esprit de la pouliche, mais si la blanche avait un nom alors elle voulait faire pareil et en avoir un aussi. Elle sourit, comblée par la marque d'affection d'Astrée, lorsque un petit être volant passa près d'elle. Joueuse, elle tenta de l'attraper, en vain, la libellule filant à toute vitesse. Libellule ! Moi aussi j'veux aller aussi vite ! s'écria-t-elle, enjouée malgré la fatigue. La pouliche ne se fit pas prier pour se coucher sur le lit de fougère qui s'offra à elle, épuisée par sa journée haute en émotions. Okay, j'ai encore plein de questions. fit-elle en baillant. Tu veux bien faire dodo avec moi ? Sa demande semblait toute innocente, mais il s'agissait déjà de l'un de ses caprices.

Un léger rire sincère et touchée s'échappe de la jument blanche face au comportement de l'enfant, heureuse de la voir soudain bien plus enjouée, plutôt que triste. Ça sera Libellule alors. elle frotte tendrement son visage au sien, lui donnant un petit coup de museau sur ses fesses pour lui donner la direction à prendre. Pénétrant à son tour dans la grotte, et l'aide à confortablement s'installer sur le lit de fougères. Je vais m'assurer qu'il n'y a aucun danger dans le coin, et je viens dormir près de toi. lui dit-elle pour la rassurer, prenant le pas en direction de l'extérieur.
Il faut qu'elle appel Boréale ou Faucon, et demander la permission.

Patiente devant la tanière, elle jette quelques petits coups d'œil rapide vers l'intérieur, déjà trop inquiète de la santé de l'enfant. Elle avait déjà souffert assez avec cet abandon. Rapidement, c'est Faucon qui se présente à elle, et elle l'accueil avec un petit air gêné, timide, mais un doux sourire. Oui, je te remercie. elle lui fait signe avec sa tête de s'approcher, se tournant un peu vers l'entrée de la grotte. Rassure toi, je ne vais pas te séquestrer. commence-t-elle avec un petit rire mutin, déposant ses iris dépareillées sur la petite. Je te présente Libellule. Je viens de la trouver dans la forêt. Je ne sais pas depuis combien de temps elle a été abandonné. elle reporte son attention sur le nouveau leader, toujours l'air sérieuse. Je souhaite l'adopter.

La petite bouda légèrement en la voyant sortir, mais n'argumenta pas, déjà reconnaissante pour toutes les marques d'affection et de tendresse. Mais malgré la fatigue, elle attendit éveillée son retour, qui ne vint pas assez vite à son goût. Son petit coeur se mit à battre un peu plus vite. Et si elle était partie elle aussi ? Un peu anxieuse, l'enfant resta néanmoins sage malgré son envie de partir à la recherche de sa nouvelle maman. Et si elle semblait sage et obéissante, c'était parce qu'elle n'avait pas envie qu'elle parte elle aussi.
À son plus grand soulagement, la silhouette d'Astrée se faufila à nouveau dans leur grotte et Libellule l'accueillit d'un grand sourire, sourire qui disparut aussitôt lorsqu'une autre personne fit son apparition. Il était plus grand, plus costaud, alors elle se crispa légèrement, un peu effrayée même si elle tentait de ne pas le montrer. Elle leva son regard vers la blanche, interrogatrice. Est-ce que c'est un... "danger" ? chuchota-t-elle, pas vraiment sûre de bien saisir ce concept.