Alcyon

Alcyon est né à l’aube d’une douce journée d’été, fils unique d’une magnifique jument hispanique. Sa mère fut de suite très douce et attentionnée avec lui, le couvrant de gestes tendres et de paroles encourageantes. Un début de vie des plus heureux, s’ils n’avaient pas été terriblement seuls. Sa mère était une solitaire, errant toujours entre divers territoires, Alcyon la suivait partout, elle était son seul repère dans ce vaste monde. Il reçut une éducation simple et souple, était libre d’explorer à sa guise, mais possédait certaines règles auxquelles il ne devait jamais désobéir. La principale étant de ne jamais parler à des étrangers, car le danger est partout et il ne pouvait faire confiance à personne. Cette phrase berça son enfance. Ne faire confiance à personne. Sa mère prenait le plus grand soin à lui raconter toutes les fois où elle avait fait confiance aux autres, comme autant de fois où elle avait été trahie. Tous les amis qu’elle s’était fait, comme autant d’histoire qui s’étaient terminées par des déceptions et de la douleur. Ainsi que la fois où elle était tombée éperdument amoureuse et s’était retrouvée, du jour au lendemain, seule, pleine avec le cœur brisé.  « Voilà qui était ton père Alcyon. Un coureur de jupons sans cœur, un beau parleur qui ne pensait qu’à lui. Si j’avais été comme lui, jamais je ne me serais retrouvée dans une telle situation ! » avait-elle dit un jour, avant de plonger son regard plein de haine sur son fils. « Enfin, tu n’y es pour rien toi… » avait-elle complété dans un profond soupir las. Alcyon suivait toujours les règles pour ne pas risquer de revoir cette haine dans le regard de sa mère, il préférait quand elle était fière de lui. Alors il passa les premiers mois de sa vie seul avec sa mère, s’éloignant d’elle uniquement pour satisfaire sa curiosité grandissante, mais en prenant le plus grand soin de toujours rester loin des autres chevaux et poulains, même lorsque ceux-ci s’adonnaient à des parties de jeux auxquelles il aurait aimé prendre part. Il se contentait de cette vie monotone et solitaire, mais qui lui permettait de satisfaire sa mère et de rester sous sa protection.
Jusqu’au jour où il se réveilla totalement seul. Il eut beau chercher partout et appeler sa mère en hurlant à pleins poumons, elle était partie, comme l’avait son père avec elle. Elle en avait tiré les leçons de son passé et était devenue comme lui. A moins qu’elle n’avait décidé d’abandonner son fils avant de trop s’y attacher, ou avant que lui aussi ne la déçoive. Le jeune mâle n’avait alors d’autre choix que de prendre la route, cherchant un endroit où il pourrait vivre et être en sécurité, jusqu’à arriver sur les terres de Galop Sauvage.