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Le roi Nilaak était parti en exploration sur ces terres qui étaient au coeur des ragôts. Apparemment, la sensation d'être observé était encore pire ici. Et en allant fouiner pour découvrir ce qu'il se passait, c'était bien vrai. Aux aguets, le port de tête haut, l'étalon observait les alentours d'un air incertain, inquiet. Il n'avait pas une bonne impression, et ça l'inquiétait. Pour sa famille, pour les siens.

Le grand mâle noir se figea instantanément quand son regard croisa celui du bipède à dos de cheval au loin. Il se savait repéré, peut-être ferait-il mieux de fuir. Mais pour aller où ? Il ne savait pas s'il était une menace pour lui, sa famille ou son clan tout entier. Il ne pouvait pas risquer de le diriger vers le lagon. Immobile des sabots jusqu'aux oreilles, mais visiblement inquiet, Njörd observa ensuite l'autre cheval. Il obéissait au bipède. Pourquoi ? Était-il retenu prisonnier, contraint à porter un intrus sur son dos ? Le concept de collaboration avec les hommes, qu'il n'avait jamais vu, lui paraissait impossible. Njörd finit par renâcler, les oreilles orientées vers l'arrière, l'air légèrement hostile. Le chef de troupeau attendait un quelconque mouvement avant de réagir, et il allait se fier à son instinct avant tout.

L'autre étalon et l'homme se rapprochent, Njörd recule. Il ne cherchait pas à communiquer avec la monture du bipède, se disant qu'il était peut-être un appât, une distraction. Le noiraud était méfiant envers ce qu'il ne connaissait pas, mais sa nature curieuse l'empêchait de fuir. Et puis, de toute façon, il ne connaissait pas assez ces terres et il ne voulait pas se faire suivre jusque chez lui. Il avait beau avoir un fort instinct sauvage, il était intelligent et il ne voulait pas agir dans un sens qui pourrait être dangereux pour tous ceux à qui ils tenaient.
Lorsque l'humain se rapprocha un peu trop près de lui, malgré sa voix qui se voulait rassurante, Njörd se cabra pour tenter de l'intimider, de lui montrer qu'il n'était pas son ami ni son animal. Peut-être devrait-il se montrer plus méfiant, plus prudent, mais le chef de troupeau n'avait jamais connu les humains. Alors autant qu'il était effrayé et hostile, il était un peu naïf aussi.

comme j'avais dit, tu relanceras ! jcrois t'as droit à deux lancés et anyway j'aimerais bien le jouer captif

Les yeux de l'étalon ne quittèrent pas l'homme, ne portant pratiquement pas d'attention envers sa monture, si ce n'est qu'une profonde incompréhension. Comment pouvait-il accepter de se laisser diriger par l'indien ? Comment pouvait-on apprécier leur compagnie quand ils brimaient leur liberté ? Myosotis lui avait expliqué que les hommes étaient mauvais et méchants, et bien qu'il cherchait toujours à se faire sa propre idée de la chose, il restait sur ses gardes. Il ne se comprenait pas vraiment de rester là en fait, il aurait dû partir depuis longtemps, mais sa nature curieuse le poussait à enquêter, à essayer de découvrir pourquoi il avait fallu qu'ils mettent les pieds sur Lunaera.
L'humain lança son lasso et Njörd réussit à l'esquiver de justesse, la corde venant frapper son épaule alors qu'il s'élançait au galop. Il ne savait pas qu'est-ce que c'était, ni à quoi ça servait, mais le mouvement brusque de l'homme ne lui augurait rien de bon et son réflexe le plus simple était de prendre la fuite. Pour aller où ? Il n'en avait aucune idée, mais s'il fallait qu'il sorte de Lunaera pour le semer sans qu'il s'approche de son clan, il le ferait.

L'humain perché sur un cheval domestiqué s'élança à sa poursuite et son ventre se noua de stress, de peur même. Il n'était pas quelqu'un qui tremblait de rien, mais il se sentait attaqué, traqué par un prédateur qu'il ne connaissait pas et qui était visiblement aidé par un étalon. Njörd força l'allure en les voyant se rapprocher, il avait sous-estimé la capacité du bipède à diriger un cheval. Et bien vite, il se retrouva avec une corde autour du cou. Il décocha une ruade dans le vide avant d'accélérer encore, mais ça ne faisait que resserrer ce serpent inanimé autour de sa gorge. L'ébène arrêta sec et se cabra, essayant vainement de s'en débarasser.

Difficile, alors que l'indien et l'étalon avançaient, Njörd refusait de les suivre, ancrant ses sabots dans le sol. Il fut néanmoins forcé de faire quelques pas en avant quand le noeud qui se resserrait autour de son cou lui coupait un peu son air, histoire de respirer. La corde qui frottait contre sa peau ne lui faisait aucun bien et le sentiment d'être forcé à quelque chose contre sa volonté lui était insupportable. Les oreilles enfouies dans sa crinière, il fut contraint à avancer contre son gré, alors que la peur ne le quittait pas.