La symphonie du grand départ //F//

- FIONA - La jument ne s'est pas levé ce matin. Malgré les bons soins de Hiamovi, son état déclinait à nouveau. Le mal la dévorait du plus profond de ses entrailles depuis trop longtemps, lui coupant la faim, lui coupant la soif, et même l'envie de se lever. Le regard porté sur le lointain, elle regarde le soleil se coucher à l'horizon, déclinant ses plus belles couleurs pastels. Un dégradé violacé, orange en son coeur. La jument souffle doucement, appréciant ce coucher de soleil qu'elle devine être le dernier. Etrangement, elle est bercée par une douce sérénité, la mort imminente ne lui fait pas peur. Elle se sent bien. Elle se sent prête. Elle sait que c'est le moment. D'un hennissement faible, elle appelle le vieil indien pour qu'il vienne à son chevet. Elle sait qu'il saura apaiser ses douleurs et l'accompagner au grand départ.

- H - Hiamovi avait tout fait pour l’aider. Elle avait même été mieux, mais la rechute avait été rapide. La jument ne bougeait plus. Elle n’ouvrait presque plus les yeux. Ce matin, il avait même du vérifier qu’elle respirait encore. Il l’avait laissé un instant pour revenir avec de quoi apaiser ses douleurs avant de revenir rapidement en l’entendant hennir. Il s’était assis près d’elle. Posant sa tête sur ses jambes, caressant son chanfrein. Particulièrement ému par la jument. Il avait tout fait pour elle et son cœur se déchirait de la voir partir ainsi. Alors, il lui avait administrer de quoi calmer toutes ses douleurs. « Ça va aller ma belle. Ce sera ton prochain grand voyage et je ferais tout pour rendre le chemin le plus facile pour toi. » Il se pencha pour déposer un baiser. « Ce n’est que la suite de ton aventure. » Il le souffla tout vas. Caressant son encolure en douceur.

- FIONA - La jument est rassurée de voir le vieil indien revenir. Elle hennit faiblement lorsqu'il apparait dans son champ de vision. Hiamovi s'agenouille auprès d'elle et dépose la tête de la jument sur ses genoux avec délicatesse, lui offrant un coussin agréable pour son dernier sommeil. Fiona pousse un gémissement douloureux et plisse les yeux lorsque son ventre se contracte involontairement. Les spasmes sont de plus en plus douloureux à supporter, mais, auprès du vieil indien, elle se sent en paix, prête au grand départ. La main chaude du vieux sage caresse l'encolure de la jument, un massage apaisant et surtout rassurant. Elle se laisse bercer par la voix chaude du vieil homme. Avant de partir, elle a prit le temps de revoir son vieil et fidèle ami Njörd, son plus fidèle acolyte, mais aussi de mettre les choses au clair avec Redjim. Elle ne voulait pas partir sans avoir eu une dernière discussion avec lui, c'est chose faite. Elle pense aussi à Phoenix, sa meilleure amie et espère qu'elle aura connu le plus beau des mariages au coté du tempétueux Hooker. Fiona sait que l'appaloosa la rendra heureuse, malgré son caractère volcanique, il a toujours eu un coeur bon et juste. Un ami et pilier inoubliable. Elle n'oubliera pas non plus, Irisviel, sa fidèle apprentie et espère qu'elle saura transmettre l'héritage de son savoir comme elle l'avait fait avec elle. Son esprit divague sur Jake, parti vivre son idylle amoureuse auprès de Rosie, elle lui souhaite de s'épanouir pleinement. Et puis comment oublier ses petits, comme elle les appelle, elle parle bien entendu de Aszio, Thylacine et Corbeau, ses petits protégés. Son plus grand regret restera de ne pas avoir eu la chance de dire aurevoir à ses enfants, Aya, Ash et Angeni. Les deux premiers sont grands maintenant, elle sait qu'ils arriveront à vivre sans elle. Elle les portera éternellement dans son coeur. Et pour de ce qui est du petit dernier, elle le rejoindra bientôt dans les étoiles. Son regard se perd sur l'astre solaire en déclin, l'étoile du berger scintille déjà dans le ciel. Est-ce son fils qui l'attend ? Pour la guider à travers les étoiles ? La peau de la jument brûle de fièvre, elle relève le regard vers Hiamovi, on lit dans ses yeux noisettes toute la confiance qu'elle lui témoigne. Pas besoin de mots, son regard parle tout seul. Il brille de reconnaissance. Merci d'avoir essayé. Merci de m'avoir permis de rester encore un peu sur cette belle terre. Merci d'être là. Le bruit d'un sanglot lui fait tourner l'oreille. Elle remarque que Ohanko s'est approché, il lutte désespérément pour retenir les larmes qui dévalent de ses joues. Ses maigres épaules sont secoués de grosses secousses et ses yeux brillent d'une lueur triste. L'arabe glisse son regard dans le sien. Ne pleures pas mon petit. Ce soir je pars mais c'est mieux ainsi. Je ne serais jamais très loin, je te le promets.  

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- H - Le vieil indien flatte l’encolure de la jument, la fin est proche, il le sait, il le voit, il le sent et la jument montre des signes évidant. Il se lève et lui apporte de quoi calmer la douleur et son esprit. De quoi l’apaiser jusqu’au grand départ. Il se penche et dépose un baiser sur son chanfrein.

« On te fera une belle cérémonie, croit moi. Tu as été brave et forte. Tu t’es battu tout le long. » soufflait le vieil indien.

Oh oui, il lui ferait une grande cérémonie. La guidant sur la voie pour retrouver ses ancêtres. Elle le méritait, vraiment. Il prenait fortement sur lui pour ne pas se laisser guider parle chagrin. Perdre un être cher était toujours difficile, mais il fallait garder la face et l’esprit. Surtout pour Ohanko. Il peut entendre les sanglots qu’il tente de cacher et d’étouffer. Il se tourne doucement vers le petit garçon, après lui avoir préparé une tisane.

« Prend ça mon grand, ça t’apaisera, et pleure, ça fait du bien, ne te retient pas, pleure, ça fait du bien, ça libère le cœur et l’esprit. Il lui donna la tasse avant de reprendre Tu voudras un moment avec elle ? »

- FIONA - La jument pousse un nouveau gémissement, les crampes abdominales deviennent insupportables. Fort heureusement, Hiamovi lui amène bien vite une tisane de pavot pour atténuer les douleurs et l'aider à dormir. Elle l'avale à petites gorgées, difficilement, mais l'indien l'a aromatisé de thym pour rendre le breuvage plus agréable. Sa tête se repose doucement sur les genoux du vieil indien, apaisée. Elle plonge son regard sur l'astre solaire en déclin. Ses paupières s'alourdissent mais elle lutte pour rester éveillée encore un peu. Elle veut profiter encore des douces couleurs crépusculaires. Autour d'elle, elle ressent la présence bienveillante des deux indiens, ils l'accompagneront jusqu'au bout. Fiona est rassurée de ne pas partir seule. Ca l'apaise de recevoir du soutien pendant cette douloureuse épreuve. Aurevoir mes amis, il est temps. Ses paupières se ferment doucement, la jument prend une respiration plus ample, plus calme, moins saccadée. Elle s'endort détendue comme si elle allait se réveiller le lendemain. Les spasmes de son abdomen diminuent, et son visage se décrispe, s'adoucit. Elle ne pense pas à la mort mais plutôt à ses proches qu'elle s'apprête à retrouver. Reverra t elle son premier amour Ghanan ? Son amie, Lyra ? Et l'impétueux Winterfell ? Parti quelques mois plus tôt. Mais celui qu'elle attend le plus c'est Angeni, son fils qu'elle est impatiente de connaitre. C'est d'ailleurs lui qui s'avance jusqu'à elle pour l'aider à trouver son chemin vers son étoile. Ses naseaux effleurent doucement l'encolure son fils, pailletée de poussière d'étoiles. Au rythme d'une dernière expiration, Fiona quitte son enveloppe charnelle pour galoper aux cotés de son fils. Toutes les douleurs ont disparût. Ne reste qu'une douce plénitude. La symphonie du grand départ.


- OHANKO - Le jeune indien a tenu à être présent jusqu'au bout, même si sa poitrine est douloureuse, comme prisonnière dans un étau. Lorsque Hiamovi lui propose de rester un peu seul avec elle, Ohanko décline en agitant la tête négativement. Sa gorge est nouée, il ne parvient pas à articuler un seul mot. L'enfant souhaite qu'ils restent là tous ensemble, tous unis dans le même combat. La jument ferme les yeux et le cœur d'Ohanko se serre un peu plus. Il surveille ses inspirations qui deviennent de plus en plus espacées. Il s'approche et pose sa main tremblante sur la poitrine de Halona, son cœur bât faiblement pendant quelques secondes jusqu'à s'éteindre complètement lors d'une dernière expiration. Un dernier souffle de vie. " Elle.. elle est partie ? " demande t il d'une voix brisée en relevant son regard endeuillé vers Hiamovi. Au fond de lui il ne peut y croire. Pas elle. Pas Halona. Elle était si pure.

Redjim lui avait dit. Il s'était fait à l'idée qu'un jour il devra la laisser partir. Il n'aurait juste pas cru que ce serait comme ça.
Un adolescent le faisait avancer à travers le camp. Il avait cessé de s'obstiner, voulant gagner la confiance des hommes pour qu'ils puissent le sortir en dehors du camp. Alors d'un pas las, il avançait calmement.
Il tourna brusquement la tête lorsque, du coin de l'oeil, il vit une silhouette brune au sol. Fiona ? hennit-il doucement, inquiet. Pas de réponse. Il avait eu la chance de la revoir, quelques jours auparavant. Il n'aurait juste pas cru que ce serait la dernière fois.
Il s'arrêta, l'humain tira sur la longe pour le faire avancer. D'un coup sec, l'étalon se dégagea de l'emprise de l'adolescent, qui lâcha le bout de corde qui le rattachait à son licol. L'ébène se rapprocha de son amie, le coeur battant. Fiona ? répéta-t-il, la voix vibrante. Ses yeux se posèrent sur l'enfant en larmes, ressentant toute la douleur qui émanait de lui. D'une douceur étonnante venant de lui, il tendit le museau vers lui, essayant d'aller chercher le contact. Puis, ses naseaux glissèrent sur les crins noirs de la baie. Son coeur se serra douloureusement. Oh Fiona... elle ne méritait tellement pas ça. Une part de lui espère qu'elle aura enfin trouvé la paix, qu'elle aura enfin trouvé le repos. Il aurait aimé pouvoir faire plus, il aurait aimé pouvoir l'accompagner jusqu'au bout, mais il craignait tant que les hommes l'empêchent de prendre un peu de temps auprès de son amie et l'enferment. Il tourna la tête vers Hiamovi, l'oeil inquiet, un peu comme pour lui demander la permission de rester.

bon sorry si c kk mais jvoulais rep

- H - Hiamovi continu de caresser la jument, l’accompagnant le plus longtemps possible. Il dégageait son toupet de davant les yeux de la jument, lui souriant doucement. Il le sent, ce sont ses dernières bouffées d’air. La jument s’endort paisiblement pour prendre un nouveau chemin, qui leur est impossible de suivre pour le moment. Peut-être qu’un jour, ils se croiseront, dans un autre monde, ou dans une autre vie. Il en est persuadé.

Encore quelque seconde. Et voilà, la jument à rendu son dernier souffle. Ila allait répondre au garçon, quand un mâle noir hennit fortement, il sursaute et demande à l’adolescent de le lâcher, il fait de la place pour qu’il rentre. Il semble la connaitre. Peut-être étaient-ils du même troupeau ? Il hocha la tête devant le mâle, flattant doucement son encolure.

Doucement, il se tourne vers le garçon, hochant fébrilement la tête. Triste et le cœur lourd. Il avait fait tout ce qu’il pouvait pour elle. Mais aujourd’hui, ce n’était pas suffisant.

« Elle est partie Ohanko. Je suis désolé mon grand. Elle vivra une vie meilleure et sans douleur. On lui fera une belle cérémonie, tu voudras m’aider ? Je peux te laisser seul avec elle si tu veux. »

Il souriait doucement au petit garçon. Il savait que sa peine était grande. Et il faisait de son mieux pour l’accompagner dans cette peine, ce n’était jamais facile.

- L'étoile du berger - Une brise souffle doucement dans le tipi. Njörd est arrivé trop tard, le coeur de Fiona était déjà arrêté. Elle ne peut sentir la caresse qu'il lui témoigne, mais elle absorbe toute la puissance de son amour. Du haut de son étoile, elle lui sourit. " Je ne t'oublierais jamais mon ami. " murmure t elle dans la brise, pour que le souffle atteigne les flancs de l'étalon noir.

- OHANKO - Le jeune indien n'arrive pas à cacher son chagrin, son corps entier est secoué de soubresauts et les larmes dévalent ses joues en cascade. Il s'approche de l'étalon noir lorsque ce dernier tend ses naseaux vers lui et colle son front au sien. " Tu l'aimais beaucoup, pas vrai ? Moi aussi... " gémit il d'une voix tremblante en essuyant son visage contre l'encolure de jais. Il reporte ensuite son attention sur Hiamovi et s'essuie le nez d'un revers de manche. " Nous.. nous devons lui faire une belle cérémonie. Tout de suite. Et... un grand feu. Pour que son esprit trouve sans encombres, le chemin jusqu'à nos ancêtres. " L'enfant ne désire pas rester seul près du corps de la défunte, il ne s'en sent pas capable. Néanmoins, il veut tout mettre en œuvre pour lui offrir la plus belle des cérémonies. Elle le valait bien.

L'ébène ne recula pas face à la proximité de l'enfant, étonnamment plus calme et docile que ce que les humains avaient vu de lui. Il serra doucement la mâchoire, peinant à se dire qu'elle était vraiment partie. Ils se reverront un jour, c'était certain. Njörd déglutit et effleura la tête de l'enfant du bout des naseaux et souffla doucement pour le réconforter un peu. Il transpirait la douleur et la tristesse, et même s'il trouvait cela étrange, ça lui fendait un peu plus le coeur. Il se retourna doucement vers Hiamovi, l'oeil inquiet. Et maintenant, c'était quoi la suite ? Il allait être attaché à nouveau ? Ou enfermé ? Sans qu'il n'ait la possibilité de faire ses adieux proprement à son amie ?