Do not make me cry

Depuis quelque jours, l'ambiance n'est pas à la fête. Enfin disons, encore moins qu'avant. Oregon ne cesse de se vanter d'avoir saillie des juments, ce qui, en tant que voisine de box, l'exaspère au plus au point. Les plans d'évasion sont plus que jamais d'actualité, mais elle ne se résout pas à partir sans les autres. Pas sans Nara. Elles partiront ensemble, avec les autres, comme convenu. Un endroit à part a été aménagé pour y amener les juments et les étalons. Tous parlent d'un couloir. Etosha, plus docile au fil du temps, se laissa mener par un humain jusqu'à un endroit qui ressemble étrangement à cette description. A l'extérieur, un tout petit enclos de bois, où elle tient tout juste dedans, a été aménagé. Si elle résista un instant, la jument céda rapidement lorsque les humains se mirent à la fouetter pour la faire y entrer. On l'attacha alors à un solide anneau de fer, vissé dans le bois brut et non poli de la barrière. Trop haute pour sauter sans élan ; impossible tentative de toute manière puisqu'elle est attachée. Alors qu'elle se dit qu'en tirant dans l'autre sens elle parviendrait peut-être à le faire céder, la grise entendit des bruits de sabots derrière elle. Elle tournant légèrement la tête, elle sut que l'unique sortie qui lui restait serait bientôt bouchée par le corps d'un mâle. Oregon ? Pas cette fois.

Ces derniers jours, les hommes s'empressaient de surveiller les chaleurs des juments, Spartacus n'avait jamais connu de telles méthodes lorsqu'il était encore dans son arène mais il avait bien vite compris le principe. C'était généralement l'un des étalons des cowboys qui étaient choisit, bruyant et imbu de lui-même, le parfait modèle de ceux qu'il rencontrait en combat. Mais lorsqu'un des hommes vient passer un chifney à Spartacus, il devine qu'aujourd'hui, c'est à son tour.
Il le suit sans imposer de résistance et d'une expression totalement neutre, les humains ne représentaient pas une menace à ses yeux mais n'avait aucun intérêt à les embêter. Assouvir leurs moindres désirs était son seul but pour s'amuser dans cette guerre qui se préparait.
Bien vite, il se retrouve à l'arrière d'une jument grise dont il n'avait aucun souvenir. Contrairement aux autres étalons, il ne chauffe pas, restant parfaitement maître de ses émotions alors qu'il colle son poitrail contre la croupe de l'inconnue.

Etosha resta immobile jusqu'au moment où elle sentit son poitrail contre sa croupe. Dès lors, elle poussa un hennissement furieux tout en tirant au renard, ce qui n'eut pour effet que de se coller contre lui. "Toi, ne t'avises même pas de me grimper dessus." Le menace-t-elle, oreilles couchées en arrière. A chaque fois qu'elle tire, un homme la frappe. Elle ne tarda pas à céder, mais resta menaçante envers celui qui, elle le savait, ne tarderait pas à se plier au désir des hommes. Et peut-être même au sien.

Il la regarde gesticuler en vain et se faire reprendre sous les coups des hommes, elle semble suffisamment attachée que pour lui éviter une mauvaise blessure mais si elle ne cesse pas de bouger, cela risque d'être plus difficile pour lui comme pour elle.

Si cela peut te rassurer, je n'y prendrai pas de plaisir mais je dois y passer pour pouvoir assister aux premières loges de cette guerre.

Ses naseaux passent en dessous de la queue de l'inconnue, ronflant bruyamment dans le but de se donner un minimum d'envie avant de lui grimper dessus.

Si tu ne te débats pas, ça sera plus simple et plus agréable pour toi.

Etosha est montée plusieurs heures par jour par les hommes et, si elle est entraînée et en parfaite forme physique, se débattre l'épuise rapidement. Alors qu'il lui parle, elle lui jeta un regard interloqué. "Tu n'est pas un cheval de cowboy." Ce n'est pas une question. C'est une observation. Elle ne l'a jamais vu ici auparavant. Alors qu'il approche ses naseaux jusque sous sa queue, et ronfle, les oreilles d'Etosha restent plaquées, mais elle cesse de se débattre. Comme si le fait de n'être pas d'ici lui donnait un peu plus le droit de la toucher. Même si ses mots l'interpellent, et qu'elle ne comprend pas pourquoi il veut participer à l'effort de guerre, au fond, il est un peu plus comme elle. Il est prisonnier, et semble forcé de la saillir. Etosha cesse de se débattre. Ses oreilles se redressent légèrement, et elle soupire. Ainsi soit-il. Mais elle décala un instant sa croupe pour poser une question, avant qu'il ne monte sur elle : "Quel est ton nom ?"

Spartacus n'est ni sauvage ni captif, sa place ici comme chez les indiens, c'est lui qui l'a imposé et personne ne serait capable de l'empêcher de s'échapper s'il le décidait. Il sourit légèrement, le fait qu'il n'appartienne pas à ces Hommes semblent la calmer... Et pourtant, il ne vaut pas mieux qu'eux.

J'étais un étalon de combat, mon rôle était de divertir les Hommes dans des combats à mort pour la plupart.

Il l'a laisse se décaler sans chercher à monter sur son dos, d'ailleurs, son calme apparent impatiente l'humain qui le tien et n'hésite pas à abuser de sa cravache pour qu'il avance. Malheureusement pour lui, le faucheur ne sent plus la douleur depuis bien longtemps, toutes ces années de torture afin de le transformer en machine de combat l'ont rendu insensible.

Spartacus.

Elle ne comprend rien à cet étalon ; mais elle est suffisamment alerte pour comprendre que ce n'est pas qu'un hasard s'il s'est retrouvé là. Mais pour Etosha, ce ne sont pas ses affaires. Ce n'est pas son problème, et les objectifs de vie de Spartacus sont si éloignés des siens qu'elle a presque du mal à les concevoir. Elle ne commente pas, et se contente d'écouter sans réellement assimiler. Elle ne percevra de son enfant à venir que la moitié de ce qu'il sera, la part qui lui appartiendra. La part de cet inconnu restera secrète. Les hommes le frappent, et il y semble tout à fait insensible. Puis, elle osa une question : "Y prenais-tu plaisir ?"
Lorsqu'il se présente, son nom ne lui dit rien. Presque par réflexe, elle se présenta également. "Etosha."

J'ai toujours pris du plaisir aux cotés des Hommes.

Quand on naît dans la violence, il est difficile de ne pas la considérer comme un amusement. Selon Spartacus, les notions de bien et de mal étaient bien trop trop subjective que pour s'y attarder, tuer, violer ou blesser n'était rien de plus que des actes.
Il se contente d'hocher la tête en guise de réponse puis, sans attendre son accord, il suit le mouvement exigé par l'homme et grimpe sur son dos. Il commence son travail sans prêter attention aux ressentis de la grise, les dents plantées dans son garrot. Il termine vite, plus par manque d'intérêt que pour épargner un supplice plus long à l'inconnue, coucher avec quelqu'un était tellement plus plaisant lorsqu'il y avait de la volonté des deux cotés.

Si tu ne veux pas de cet enfant, je peux le tuer.

Si il y a bien une certitude pour Etosha, c'est qu'elle ne veut pas de cet étalon pour être le père de son enfant. Pas plus qu'un autre d'ailleurs. Elle n'a pas de partenaire et n'en cherche pas. Mais comme le destin semble vouloir absolument la mettre enceinte, la grise se résout un peu à devoir faire avec, et composer avec sa carrière de protectrice chez les Nilaaks. En parlant de son groupe, qu'adviendra-t-il exactement d'eux après tous ces chamboulements ? Si elle est au moins certaine d'une chose, c'est qu'elle parviendra à s'en sortir ; elle est entourée.
Lorsqu'il entre en elle, Etosha grimace et se crispe un peu, mais constatant que cela ne fait que lui faire d'autant plus mal, elle tente de se détendre. Lorsqu'il finit, elle soupira légèrement, soulagée qu'il n'ait pas fait durer cet épisode désagréable. Heureusement pour elle, ce n'était pas sa première fois. Alors qu'il propose d'achever l'enfant à naître, Etosha hésite ; mais ne peut se résoudre à tuer un innocent, pas une fois qu'il sera né. Avorter est une chose pour elle, tuer un nouveau-né en est une autre. Elle secoua négativement la tête. "Non, c'est bon. Il ne verra peut-être même jamais le jour." Les hommes la détachent et la font reculer pour sortir du couloir, puis prennent le chemin des boxes.

Le sang froid de l'inconnue l'intrigue, beaucoup auraient mal réagi mais elle s'est simplement contentée d'accepter son sort, une réaction sans doute préférable dans une telle situation.

Je respecte ton choix.

Souffle-t-il avant de prendre le pas aux cotés de l'humain qui l'avait amené ici. Il lui caresse l'encolure en guise de récompense et le conduit cette fois dans l'une des prairies.

La nature et ses expériences l'ont ainsi faite ; Etosha fait passer le bien des autres avant le sien, sans pour autant que ce dernier soit remis en question. Protectrice n'est pas que son rôle dans le troupeau, c'est une qualité intrinsèque qui l'anime et la contrôle. Satisfaite de ce commun accord qu'ils ont trouvé, elle hoche la tête en signe d'au revoir, et est remise au box. Mais un nouveau dilemme se pose alors à elle : si il naît, devra-t-elle faire passer la protection du groupe ou celle de son enfant en premier ? Anticiper la naissance et fuir pour qu'il naisse dans la nature ? Ou rester et mener à bien leur plan d'évasion collective ? L'avenir le dira.