a ¬ exomile

Fraîchement échappée, Astrée n'avait pas cherchée à côtoyer les membres de son groupe. Elle voulait juste s'exiler vers la source, après s'être assurée de la santé de sa fille.

faucon Et pourtant, c'est là qu'elle va le trouver. Près de la source. Il vient de s'y abreuver. Comme si son eau sacrée pouvait lui rendre sa vue perdue. Ne discerne plus rien sinon les différences de lumière, si elles sont assez contrastées. Devine son odeur pourtant, sans la voir, sans pouvoir l'appréhender et hennit doucement autour de la source, sans savoir si son esprit lui joue des tours ou si elle aussi est vraiment là, rescapée. Les aurait-il toutes récupérées ?

Un peu à l'ouest depuis son échappatoire miracle, Astrée ne remarque pas directement le parfum corsé et délicieux de Faucon. Elle continue de s'avancer à travers les épais feuillages de la forêt, jusqu'à apercevoir la surface de l'eau scintiller sous les rayons lunaire de la nuit. Jusqu'à entendre le son de sa voix. Elle s'arrête un instant, hésitante à faire demi tour. Son cœur cogne violemment sa poitrine ; ce soir elle ne veut pas céder. Elle l'espère. Elle ne veut être un plaisir charnel comme un autre.
Après une profonde inspiration et un sourire doux pendu à ses lèvres, elle finit de s'avancer vers la source. Vers lui. Bonsoir Faucon. qu'elle souffle avec une voix bien plus profonde et adulte qu'à l'accoutumé.

Le Rapace attend, privé de vue, se concentrant sur l'effluve d'Astrée qui se fait de plus en plus forte, de plus en plus proche. Ses oreilles suivent ses déplacements, elle se rapproche, il l'entend, il le sent. Colombe... chuchote-t-il doucement, regardant dans sa direction sans pouvoir la voir. Tu es rentrée. Constatation soulagée, cela s'entend dans la voix du mâle.

Oui, c'est Astrée. qu'elle rectifie sur le même ton calme que Faucon, agrémenté d'une pointe de douceur. Cette colombe.. Cette partie d'elle n'arrive plus à assumer. Qu'elle souhaite éloigner le plus possible. La jument dépose avec lenteur ses lèvres sur le front du nouveau chef solitaire, lui précisant sa position. Comment tu te sent ?

Il ne montre aucune réaction, pourtant, il s'interroge. Pourquoi ressent-elle le besoin de rectifier ? Pense-t-elle vraiment qu'il a oublié son nom d'origine ? Colombe, c'est un symbole. Celui de sa liberté. Celle-là même qu'il lui a offerte en la prenant sous son aile, loin de ses bourreaux. Rien de sexuel dans ce nom, finalement. Alors, Faucon ne comprend pas mais ne dit rien, se contentant de lui adresser un regard vide. Il la sent s'approcher, tressaille à son contact quand ses lèvres se posent sur son front. Comment t'es-tu échappée ? demande-t-il d'un ton calme, sans répondre à sa question. Comment peut-il se sentir, vraiment ? Il ne répond plus à ces questions qui n'ont pas lieu d'être.

Astrée ne réagit pas lorsqu'il ne répond pas à sa question. Après tout, c'est vrai, c'était une question ridicule, et elle mord sa lèvre inférieure sous sa stupidité. La Nayati d'adoption n'osait pas imaginer la détresse qui règne en lui ; si elle pouvait tout aspirer, elle le ferait sans hésitation. C'est une humaine qui m'a tout simplement relâchée, lorsqu'elle a remarqué que j'avais Libellule. elle ne pourra jamais assez la remercier. Puis, Astrée revient sur le sujet initial. Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ?

Mais cette détresse n'est pourtant pas visible, ou peut-être seulement par son visage encore plus fermé, son ton encore plus froid. Il hoche simplement la tête, trouvant ça étrange mais après tout, pourquoi pas ? Sa question le titille et il lève son regard blanc sur elle - ou à peu près. Non ? demande-t-il, interrogatif, ses oreilles tiraillées vers elle, sans comprendre pourquoi il aurait besoin qu'on fasse quelque chose pour lui. Il tend l'encolure, frôle ses naseaux, souffle un air chaud. Je suis content que tu sois là, souffle sa voix vibrante.

On a tous besoin de quelque chose, un moment où un autre. souffle-t-elle a ses oreilles, un frêle et doux sourire sur son visage s'ange, même si il ne pouvait plus rien voir aujourd'hui. Elle était comme ça, et le restera sûrement jusqu'à son dernier souffle. Astrée ronfle avec aise de ses naseaux, apaisée par le souffle du nouveau chef. Je suis contente, moi aussi. elle se rapproche, venant se mettre à côté de lui pour observer leurs reflets. Volcan est revenu, je pense voir avec lui pour organiser un banquet, lorsque tout sera rentré dans l'ordre.

Mais son sourire, il peut l'entendre dans sa voix, le sentir dans l'air. Il a toujours été sensible à ça, après des années d'apprentissage à décrypter les émotions, les sentiments, à savoir les décrypter, les comprendre. Et aujourd'hui, sûrement que ça lui sert bien. Il ne peut s'empêcher de coller doucement ses flancs à ceux de la Colombe, sans tourner la tête. Et une cérémonie d'hommage, aussi. Sa voix est froide et distante, comme toujours et on ne pourrait sentir aucune once d'émotion la traverser.

Astrée ne réagit pas au contact de sa peau brûlante contre la sienne, presque aussi froide qu'une neige éternelle. Il n'y a qu'un ronflement de confort qui s'échappe, discret, à peine audible. C'est compris dans le banquet. le rassure-t-elle, comme si la Nayati lui déballe un devis. Elle souffle un air chaud contre les crins ternes de son épaule. J'espère que ma fille ne t'a pas trop causé d'ennui ?

Le mâle reste appuyé contre elle. Il secoue lentement la tête. Absolument pas, répond-il sans la regarder, la tête tournée vers la Source. Tu es heureuse d'être rentrée ?