Call of silence [Spart]

Fers aux pieds et crinière rasée, Spartacus venait d'être déposé dans l'un des prés. Ce n'était pas douloureux mais sa marche semblait différente depuis qu'on lui avait planté des clous, il n'avait jamais vu ça dans son arène mais imaginait facilement leur utilité. Son regard jauge rapidement les lieux, cherchant un autre équidé.

Son ventre n'a de cesse de grossir, de s'arrondir, d'enfler. Etosha est amenée à la pâture aujourd'hui encore. Elle y entre au pas, son ventre dodelinant de chaque côté de son corps a chacun de ses pas. Elle saisit une touffe d'herbe sèche du bout des lèvres, et en relevant la tête, aperçoit le père de son futur enfant. Au souvenir de sa proposition, elle recule ses oreilles, et lui lance un regard méfiant. Même s'il a dit qu'il respecterait sa décision. "Salut." Il est étonnamment fringuant, au milieu de tous ces autres chevaux apathiques.

Sa tête se tourne rapidement vers la barrière, l'un des hommes venaient de placer dans sa prairie l'une des juments qu'il avait sailli. Malgré son attitude méfiante, elle ne cherche pas à le fuir, elle avait pourtant toutes raisons du monde pour le détester. Sans hésitation, il prend le pas dans sa direction et s'arrête à une distance raisonnable.

Les Hommes aiment remuer le couteau dans la plaie.

Dit-il en laissant son regard s'attarder sur le ventre arrondit de la jument.

Elle soupira, et l'observa avec attention, avant de prendre la parole. "Ouais, je te le fais pas dire. Surtout que ça n'arrange pas mes plans d'évasion. " Puis, elle relativisa. "Au moins, ils ont arrêté de me monter maintenant."

Des plans d'évasion ? Qu'as-tu prévu ?

Il n'est pas surpris d'entendre parler d'évasion, tous les sauvages ont ce mot à la bouche mais ils ne sont pas nombreux à réussir à s'échapper des griffes des Hommes. S'il l'avait voulu, il se serait déjà échappé depuis bien longtemps mais il tenait bien plus à l'amusement qu'à sa propre liberté...

Un cheval monté peut s'échapper beaucoup plus facile qu'un cheval enfermé dans un box. ll suffit simplement de faire tomber son cavalier.

Etosha soupira, légèrement agacée. "Plus rien, maintenant. Comment fuir avec un ventre pareil ? Je connais les alentours par coeur, tellement ils m'ont sortie. C'est risqué. Et puis le plan c'était de faire sortir tout le monde. " A son explication, elle le regarda avec un sourcil levé. La prenait-il pour une imbécile, à croire qu'elle n'y avait pas pensé ?

Un plan qui implique l'évasion de tous les équidés est un plan voué à échouer. Il faut savoir faire des sacrifices pour sauver sa peau.

Bien qu'un tel plan n'était pas infaisable, il était inutile. Si elle voulait tant retrouver sa liberté, elle pouvait le faire en abandonnant les autres, c'était bien plus simple.

Etosha ronfle doucement des naseaux, comme pour rejeter cette idée. "C'est une question de points de vue." Rétorque-t-elle, avant de grimacer légèrement sous le mouvement de son rejeton. Elle soupira. "J'ai hâte qu'il vienne au monde. C'est lourd et encombrant, ce ventre."

En effet. Mon point de vue est dépourvu de sentiments inutiles vis-à-vis des autres, je n'ai pas besoin de me brider et j'agis selon ce qui m'avantage. Mais ce n'est pas pour autant que je suis incapable de comprendre ceux des autres.

Il n'a appris que la théorie sur tous ces sentiments qui submergent chacun des individus de cette planète. Haine... Tristesse... Compassion... Tout cela ne représentent qu'une définition parmi tant d'autres, il ne les a jamais ressenti. Spartacus n'est rien de plus qu'une arme.

ça ne devrait pas tarder mais il sera bien plus désavantageant né que dans ton ventre.

La grise ronfle des naseaux, puis soupire. "Tu es quelqu'un de bien étrange." Elle planta ensuite son regard dans le sien, pétillant de curiosité. "Je me demande de qui notre enfant tiendra le plus."

Là d'où je viens, c'est bien plus dangereux qu'ici. Les sentiments tuent et l'indifférence sauve.

C'était un résumé un peu simpliste de son arène mais il n'avait pas besoin d'en dire plus pour qu'elle comprenne que s'il lui semblait étrange, c'était tout simplement parce qu'il n'était né dans le même milieu.

La génétique est complexe, nous n'en saurons davantage que lorsqu'il sera né.

Etosha le détaille du regard, puis secoue doucement sa tête. "Je vois." Elle ne l'a pas choisit, lui non plus, et elle sait qu'il le sait. Il faudra faire avec. Mais elle s'interroge quand même sur ses qualités de père. Surtout après qu'il ait proposé de tuer le fruit de leur union. "Que feras-tu quand tu le rencontreras ?" La question ne se posait même pas en si ; elle sait que cela arrivera un jour. Cependant, elle en ignore les circonstances, mais le croit assez franc pour l'aiguiller sur ce point.

Ses qualités ? Sans doute en avait-il mais ses défauts primaient tellement fort qu'il était presque impossible de les voir. Enfin, selon lui, qualités et défauts n'étaient que des informations subjectives, changeant selon la perception d'un individu à l'autre. S'il avait proposé de tuer leur enfant, ce n'était pas par gout du meurtre, tout ça était bien plus complexe. Contrairement à ce que la plupart des équidés imaginent, Spartacus n'aime pas tuer, seule la manipulation l'intéresse et la mort n'est qu'une conséquence qui lui était imposée lors de ses combats. Cette proposition de meurtre servait simplement à identifier le profil de ses jouets, rare étaient celles qui acceptaient la mort de leur enfant...

Que voudrais-tu que je fasse ?

Il n'est pas question de mentir, Spartacus ne joue jamais dans ce terrain-là, mais il n'apporte pas toujours les réponses qu'on attend de lui.