L'ours était immense. Une vraie bête sauvage, barbare, farouche, diabolique, comme Paros n'en avait encore jamais vue. Elle marchait d'un pas lourd, mouvant sa masse énorme avec une aisance insoupçonnée, piétinant les ronces sans se préoccuper des épines qui se plantaient dans ses pattes incroyablement poilues, respirant si fort que l'étalon, pourtant situé à trois mètres de lui, pouvait entendre son souffle rauque et caverneux. Dans sa gueule géante et humide, une proie sanguinolente se balançait, sans vie. Et Paros était fasciné, fasciné par cet animal terrible, magnétisé par la force qui émanait de lui, par la brutalité qu'il pouvait lire dans ses yeux jaunes. Le souffle coupé, le regard aimanté, il se tenait donc immobile non loin de l'ours, dissimulé derrière des buissons touffus, tout simplement incapable de s'arracher au spectable de la bête dévorant son dîner, totalement insensible au danger.