et je défaille du fond de mes entailles.

Un lieu qu'elle aimait tant. Elle observe les lucioles qui dansent devant ses yeux comme des étoiles déchues. Elle ferme les yeux. Elle entend des rires. Dans sa tête. Ils ne résonnent pas là dehors, et pourtant elle les entend. Des rires démoniaques qui lui enserrent les entrailles.

C'est un espoir de la retrouver à nouveau sur ces terres, de respirer son odeur délicieuse. Étouffé par les années, il est devenu qu'un lointain souvenir et la noiraude a appris à vivre sans elle en fabriquant une émotion de haine quand elle y repense.

Elle parcourt la forêt. Ses pensées l'empêchent d'apprécier le paysage qu'elle rencontre. De toute façon, elle la connaît cette forêt. Les terres de Galop Sauvage ne sont plus un mystère pour elle. Elle progresse de façon automatique à travers les allées...

Plus revue mais jamais oubliée. Alice a gravé chaque nom, chaque odeur dans sa mémoire qu'elle se plait à dire pourtant défaillante. Mais celle-ci ne l'est pas, à son grand malheur. Lorsqu'elle hume doucement l'air et qu'elle y trouve l'odeur tant redoutée et pourtant tant espérer de Kiyo, Alice sent son coeur se serrer. Elle se crispe, et ferme les yeux. La tête lui tourne. Elle inspire à fond et avec appréhension, laisse son regard parcourir les alentours.

Elle s'égare, se perd et ne comprend pas. Elle est une habituée, or tout se ressemble pour elle, elle n'a plus de repères et ce mélange déclenche le foutoir dans son esprit. Elle lâche son monde intérieur pour se concentrer sur l'univers extérieur qui semble moche à ses yeux. Elle hume l'air pour essayer de se retrouver grâce aux odeurs. Erreur. Elle détecte son odeur qui fait remonter à la surface des souvenirs pourtant noyés jusqu'à aujourd'hui. Ses dents se serrent en premier et suit la crispation de tout son corps. Elle ne sait quoi faire. Continuer et l'affronter ou la fuir et l'ignorer. Deux solutions s'offrent à elle, mais la noiraude tranche bien tard, la blonde vient de se frayer un chemin dans son champ de vision.

En effet, elle est là devant toi. Kiyo. Ton souffle se fait court. Tu la regardes. Elle est l'une des causes de ton précédent départ. Kiyo, Leith,... quelle histoire. Un instant, tu te perds. Tu vous revois, toutes les deux. Pouliches. La première fois qu'elle t'a avoué ses sentiments. Et que tu lui as aussi avouer les tiens. Etait-ce sincère ? Sûrement. Tu ne mentais guère, avant. Tu souffles doucement et fais quelques pas vers elle, que tu crains sans vouloir le montrer.

« Que fais-tu là ? » Les seuls mots qui parviennent à se hisser en dehors de la barrière qu'elle s'était faite. Une question qui sonna comme un reproche.

Et tu l'entends, toi aussi, comme un reproche. L'émotion t'enserre la gorge. « Je ne sais pas. » Oui, tu as choisi la franchise. Tu affrontes son regard accusateur.

« Dis plutôt que tu ne veux pas me le dire. »

« ce n'est pas ça, kiyo. » soupires-tu.

« Si tu le dis. », lâcha-t-elle dans un ton étouffé. Elle regarda autour d'elle et doucement sa barrière mentale s'ouvrit, ses émotions déferlèrent. Elle n'avait jamais été douée pour contrôler ses émois. Les larmes perlèrent le long de ses joues de charbon. « Ton absence m'a fait mal. », avoua-t-elle dans une voix saccadée.

tu n'es pas capable de t'avancer vers elle. tu sais qu'elle reculerait. alors, tu ne bouges pas, fixant les perles de nacre prêtes à dévaler les vallons de ses ganaches. « ma présence ici me faisait déjà mal. »

« Pourquoi es-tu revenue alors ? »

« je n'en sais rien, kiyo. » lâches-tu, franche.

« Tu es bizarre. » Les larmes avaient cessé de couler mais l'émotion était toujours logée en elle.

tu baisse les yeux, comme si elle t'avait insultée. « je sais.. »