— i'm on the highway to hell

septenrê

Ses pas lourds résonnent sur le sol humide de la forêt vierge. 7 ne sait pas vraiment où elle va, mais le défi lui convient: se sortir de là. Elle prend le trot, ignorant le doux pépiement des oiseaux exotiques et le bourdonnement des insectes.

Anka, elle, s'était emmêlée dans quelques lianes qui trainaient, et essayait de s'en dépatouiller tant bien que mal. Putain de bordel de cul, qu'elle pestait. Moins elle y arrivait, plus elle perdait patience et tirait, et moins elle y arrivait. Cercle vicieux.

Les orbes obscures de 7 se braquent sur ce spectre aberrant prisonnier de lourdes chaînes organiques. Cette frêle apparition, presque irréelle sous les humides frondaisons, s'agitait et remuait, tentant vainement de se libérer de sa geôle végétale. « J'ai bien hâte de voir comme tu te sortiras d'ici. »

La grise sursauta. Une voix suave et étonnement rauque pour celle d'une jument, perça le bruit de la jungle. Anka la toisa. Elle détestait être prise pour une victime, avoir l'air vulnérable. Qu'allait faire la dorée ? Certainement rien, et puis, trop fière, Anka l'ignora, retournant à sa tache.

La guerrière se surprend à rire. Mais de ce rire cynique, sombre. Ses orbes scrutatrices ne lâchent la formidable rebelle.

Anka serre les dents de colère, et sur un ton revêche, lâche à l'autre blanche : Ca t'amuse le malheur des autres, sale tarée ? Et en voulant se retourner derechef, une liane coulisse et serre sa petite gorge. Prise au piège. L'araignée n'avait plus qu'à venir la manger toute crue.Anka était servie sur un joli petit plateau d'argent. Sauf si l'imposante femelle se décidait à l'aider...

Elle n'a qu'a se servir, reine fielleuse. Lentement elle s'approche, se glisse contre elle à l'aune d'un reptile, laisse glisser ses naseaux contre la tendre ganache de la pâle demoiselle. « Oui. » Et d'un coup de dents vif et précis, la libère.

La jument se frotterait presqu'à Anka, qui face à cet étrange comportement, reste totalement désemparée. De tout façon, elle ne pouvait être autre chose que désemparée, avec toutes ces lianes qui l'étoufferaient presque. Mais de manière totalement délibérée, la grande dorée libère Anka, qui ne peut cacher son étonnement. Méfiante, elle demande : en quel honneur ?

Elle s'écarte de la jument. Un sourire se trace sur ses lèvres pâles. Elle l'observe encore, lentement, et malicieuse, répond nonchalamment: « J'en avais marre de t'entendre gueuler. »

Anka pouffe, c'était plus fort qu'elle. Quel culot de la part de la dorée... La jungle est assez grande pour deux. Mais t'en fais pas, j'm'en vais. Elle lui en devait une, mais elle serait très certainement amenée à la recroiser, ce qu'elle n'espérait pas... Mais pour l'instant, la fille du vent préférait faire profil bas.

A peine a-t-elle terminé sa phrase que la guerrière se glisse lestement devant elle, lui coupant la route, et surtout, la transperçant sans vergogne de ses yeux noirs. « Je ne crois pas, non. » dit-elle, doucereuse, lui ordonnant entre les lignes de rester là. « Tu as une dette envers moi. » Elle n'aurait pas ommis ce fait.

Et avec toute la poésie dont Anka était capable lorsqu'on l'emmerdait, elle lui sort : Ah et tu veux que j'te taille une pipe ? Désolée, j'suis pas de ce genre là. Elle la défie du regard, lui montrer qu'elle aussi elle a des couilles bordel.