Escape game / REHAN

Le jeune yearling se laisse emporter par la curiosité qui le pousse à s'approcher de la carcasse métallique.

Au loin, l'enfant renard marchait, depuis plusieurs minutes et il espérait arriver à la carcasse d'avion avant le nuit, sans réel but précis.

Une odeur se rajoute aux effluves mécaniques. Naseaux dilatés, Rehan hume l'air pour distinguer l'odeur équine. Le palomino sait qu'il a affaire à un étalon. Il arrête d'étudier du regard la carcasse de l'avion. Il a juste à pivoter l'encolure pour apercevoir une silhouette imposante.

Alors que l'enfant renard parvenait à rejoindre la carcasse de l'avion, celui-ci aperçut quelques pas plus loin, un inconnu qui l'observait et le gris s'arrêta, tel un fantôme. Son regard creusa celui du palomino sans grande difficulté, l'air complètement imprévisible. Son mutisme était son péché mignon et nul n'avait de raison de le lui briser. Étrangement, aujourd'hui, l'étalon n'était pas d'humeur pour faire une rencontre et agir de façon civiliser. Tomoe n'avait jamais sourit et ce ne serait pas maintenant que cela se réaliserait, l'étranger ne serait pas le bienvenue pour l'impavide étalon qu'il était. La tranquilité et la solitude étaient deux choses que le jeune adulte ne partageait pas nécessairement avec tout le monde.

Rehan ne sait pas que l'étalon ne veut pas rencontrer des inconnues. Il s'avance alors vers lui, un sourire enjoué sur ses lèvres.
Analysant son expression froide de l'étalon, il s'arrête, le regard attiré par cet inconnu. Une telle fascination qui se crée et s'ancre dans le jeune palomino.

Il perd son sourire, mais il ne décroche pas son regard sur la silhouette du lusitanien. Il décide de s'arrêter. Rehan sait très bien s'adapter et réagir comme l'autre voudrait qu'il agisse. C'est alors que ses muscles se tendent, prêt à accueillir le mystérieux étalon si jamais il déclare le combat. Le regard de l'autre qui s'appuie dans le sien de façon et ses dents qui claquent près de lui. Il a cette flamme qui brûle dans ses yeux noirs. Une lueur qui inspire Rehan. Un sourire étire ses lèvres, sournois et vicieux.

Mais, du point de vue de l'étalon gris, la ruse et l'intelligence étaient tous les deux des adjectifs bien plus qualificatif pour cette condition qui se montrait des plus exceptionnelles. Ce qui était par-dessus tout plus que mystérieux, c'était ce que l'enfant renard dégageait, cette aura si impressionnante et démesurée. Même s'ils se tenaient près de la carcasse d'avion, l'un ne faisait pas complètement face à l'autre et l'inconnu qui était devant Tomoe ne semblait pas si mauvais. Le mâle au pelage gris avait plongé ses yeux dans ceux de l'individu et il devait se concentrer sur lui-même afin de ne pas succomber aux côtés plus obscurs de sa personne. Cela faisait plusieurs jours qu'il s'auto-combattait et ce n'était certes pas du tout d'une facilité aisée. C'était déasagréable de devoir continuellement se surveiller et agir de façon réfléchie, mais le jeune étalon n'était pas comme tous les autres.

Lentement, il s'approcha du palomino tout en décrochant son regard du sien, quelque chose semblait se transformer à chaque pas qu'il faisait et soudain, vis-à-vis la croupe de l'inconnu, le renard se stoppa net. Son visage était caché par son long toupet, mais seule sa bouche était visible pour l'autre mâle et un fin sourire en coin se dessina. Les problèmes allaient débuter, la renaissance de Tomoe, l'être rusé et intelligent, le renard suprême. Une divinité remarquable et lentement, sa tête pivota vers Rehan même s'il ne connaissait pas son nom, cela lui importait peu. Son sourire mesquin et frissonnant ne cessa point de se démarquer sur son visage, quelque chose n'allait plus. Par sa tranquilité, sa quiétude et sa sérénité implacable, le mâle semblait renaître en une toute autre forme. C'était la naissance ou encore la renaissance d'une nouvelle ère qui se présentait aux Gsiens et quand nous disions de ne pas réveiller le diable qui dort, désormais, il était trop tard. Pourquoi?

Parce que le démon renard s'était réveillé.

C'est telle une danse en harmonie avec la mélodie qui sonne. Le décor, tout l'environnement disparaît pour ne laisser que la silhouette du gris prendre de l'important en décimant le paysage. Plus rien ne vaut le coût de s'attarder, il est embelli de telle sorte que Rehan soit fasciné par lui. Il est attiré par le renard, un aimant qui lutte contre l'attraction d'un objet métallique. Il se perd dans la noirceur de ce regard, il ne le lâche pas. Le silence qui plonge les deux êtres dans un mutisme. Aucun mot ne servira, seul cet échange de regards signifie beaucoup. Il ne brise pas le silence, comme envoûté par le charme du lusitanien.

Rehan, porte du Paradis en arabe, est un véritable paradoxe puisqu'il se livre à une danse avec le diable à la lueur des flammes de l'enfer...

L'être surnatuel qu'il était en train de devenir semblait se métamorphoser en une créature autre que lui-même et quelque chose d'impressionnant se réveillait de son antre, lentement, mais sûrement. L'enfant renard déplaça calmement sa tête sur le côté, s'approchant rapidement du cou de son opposant et entrouvit la bouche, plantant au ralentit sa mâchoire dans la chair du palomino. Mais, quelque chose n'était pas normal, comme si ce qui se produisait n'était pas réel et véridique. Cette aura qui se dégageait du corps du fantôme n'était pas du tout la bienvenue et un reflet étrange se dessina au creux de ses yeux, tout en conservant la même posture.
Déclenchement.

Il est assis, attendant le jugement dernier. Voilà qu'il reçoit son châtiment. Il sent les dents de l'étalon pénétrer sa chair dans une sensation plutôt agréable. Cela le surprend, d'aimer ce genre de chose. Une lueur de plaisir naît dans ses yeux tel une flamme qui déclenche un incendie. Une fièvre qui rend son corps brûlant, désirant davantage.

Cependant, cette lueur de plaisir, de délectation et d'engouement ne tarderait pas à s'éteindre, car évidemment le pantin n'apprécierait probablement pas que son comparse bénéficie d'un tel cadeau. L'étalon au pelage gris retira sa mâchoire du cou de son opposant, mais à la toute dernière minute et avec une rapidité sans merci, l'être fantomatique s'agrippa à la gorge, visant la jugulaire avec précision. Même s'il n'était pas assuré de l'atteindre, quelque chose lui disait qu'il réussirait et que peut-être que ce plaisir tant éprouvé par cet étranger finirait par se transformer en une terreur dans son regard. Tomoe avait tout de même le cou arqué, son regard ne l'effleura point, ces yeux impavides et complètement inexpressif et le mâle avança son corps contre le sien, l'obligeant à cesser tout mouvement de recul. Ce n'était qu'un début, le pire viendrait ensuite et là, il faudrait que Rehan soit prêt.

L'être surnaturel qu'il était semblait complètement absent, comme s'il n'était qu'un mirage ou un fantôme sortit tout droit des contes d'horreurs.

Rehan ne peut pas esquiver l'assaut de l'étalon gris. Il n'a pas assez d'entraînement dans le combat. Saisissant sa gorge, le blond sent les dents de l'étalon qui agrippent sa chair. Son rythme cardiaque est rapide, ses pupilles sont dilatées. Il commence à ressentir une émotion qu'il ne peut pas expliquer. Sa mâchoire qui se serre pour encaisser la douleur. Une flamme émerge dans ses yeux, augmentant la chaleur corporelle de son corps. Il est bouillant. Il ne sait pas si c'est de la colère mais le jeune étalon se libère de l'emprise de l'étalon en tirant son encolure. Il pivote sur ses postérieurs, sa tête se retrouvant près des hanches de l'inconnu. Rehan essaie alors de saisir de sa cuisse. Il lève aussi son antérieur pour cogner le flanc de son adversaire. Le sang qui dégouline de sa gorge le fait rentrer dans une fusion indescriptible. La fureur, la folie, l'envie, le désir ; bref tous ça qui brûle dans ses yeux et enflamme son corps.

Quelque chose dans l'être du jeune renard se réveilla, était-ce tout simplement à cause de cet échange ou un truc complètement différent, le pantin n'en savait rien. Mais, ses pupilles se dilatèrent à son tour et une enveloppe malsaine s'empara de son âme, simultanément. Alors que Rehan s'appropria la cuisse de l'étalon au pelage gris et celui-ci n'en ressentait aucune douleur, mais il se réveillait peu à peu. D'un mouvement sec et prompt, Tomoe se dégagea de l'emprise de l'autre sans pour autant s'éloigner trop. Le coup que lui donna l'autre au flanc le déstabilisa, pendant quelques secondes et une sensation bien étrange lui traversa le corps entier. Aussitôt, il pivota, présentant son postérieur au palomino et lui balança ses membres en pleine face. On pouvait aperçevoir de fins filets de sang glisser le long de sa cuisse, désignant parfaitement l'endroit où le mâle adversaire s'était attaqué et pourtant, le visage du gris n'avait aucunement changé d'expression.
Indiscernable.