‹ things we lost in the fire ›

OROSZLÀN.
Le prince du Nord se dresse devant lui. Il peut presque sentir son regard sortir de la pierre qu'il sait froide et impartiale, pour l'avoir si souvent touchée dans l'espoir d'une caresse. Il lui manque tellement.
Ce n'est pas par vague, c'est constant, depuis le premier jour de sa disparition jusqu'au dernier jour de sa vie, sûrement. C'est une absence qui le mord, qui lui tord les entrailles – face à cette perte, le Lion sait qu'il ne sera jamais de taille.
Il ferme les yeux et une larme de cristal s'écrase lourdement contre la stèle poussiéreuse et battue par le vent, les intempéries, les années qui s'écoulent et qu'il avale, seul. Pourquoi m'as-tu laissé ici ? Une question douloureuse, à laquelle une voix dans son crâne répond immédiatement. C'est toi qui l'as poussé gamin, ce jour-là. Tu te souviens ?
Bien sûr qu'il se souvient. Bien sûr qu'il n'oubliera jamais.
La pluie, l'orage, le grondement du ciel.
Le regard fou du démon, les traits tordus du visage de son hôte, la voix inconnue.
Les larmes, les cris, les yeux voyeurs des clandestins spectateurs.
Et puis la chute. Interminable. Vers l'eau tumultueuse, vers la mort, vers la libération de son âme.

Elle ne savait pas ce qu'elle était venue faire ici. Curiosité morbide certainement. Mauvaise idée, surement. Toujours est-il qu'elle était belle et bien en train de visiter un cimetière. Elle n'en avait jamais vu, elle était à la fois fascinée et effrayée par toute ces pierres, tous ces noms, tous ces morts. Elle s'arrêtait parfois sur une tombe, imaginant la vie du défunt avant de s'en aller bien vite pour ne pas penser à la mort. En vérité, elle cherchait la sortie mais bien sur le sens de l'orientation n'était pas son meilleur atout. Alors elle errait ici et là, perdue dans ses pensées, essayant de garder la tête froide.

Ses crins d'argents sont secoués légèrement par une brise glaciale qui le fait frémir. Sans s'en être rendu compte, le Lion a fermé les yeux. Il les rouvre, humant l'air et décernant rapidement une présence pâle un peu plus loin. Son coeur se serre, est-ce Aslaug ? Non, ça n'est pas elle. Il cligne plusieurs fois des yeux, immobile, encore un peu chamboulé par les réminiscences du passé qui le hantent.

Elle continuait son chemin, slalomant entre les tombes dont certaines étaient vraiment très étrange. Décidément, elle n'aimait vraiment pas cet endroit. Pourquoi donc était-elle venue s'aventurer ici. C'est en cherchant la réponse à cette question qu'elle l'aperçut. Silhouette immobile au loin, au fond de ce curieux endroit. Elle décida de s'approcher de lui, trop heureuse de tomber sur une personne vivante dans ce monde rempli de morts et d'absent. Elle s'arrêta à une distance respectueuse. Muette, elle se contenta de rester là à le regarder ne sachant pas trop quoi faire.

L'étalon la regarde approcher, immobile et calme. Une sérénité mélancolique a figé les traits de son visage dans un masque précis. Il attend, simplement, avant d'hennir doucement dans sa direction. Comme une mélodie qui réveille sur son passage la vie elle-même, endormie en ces lieux si sombres.

A ce son la jument releva le tête, ses oreilles pointées vers l'étalon devenu statut de marbre, un léger sourire aux lèvres. Elle lui répondit par un hennissement bref, léger presque chuchotant même. Elle se décida enfin à avancer vers le Lion, elle se rapproche de lui, ne prête pas attention à la tombe qui se trouve à côté d'eux et décide de le saluer d'un simple mouvement de tête, ne sachant qu'elle attitude adopter dans ce genre d'endroit.

L'attitude d'Oroszlàn est la même que toujours. Il ne tient pas compte du décor qui les entoure, comme si cette tombe se trouvait tous les jours à ses pieds. Comme s'il l'emportait partout avec lui, comme un sac trop lourd mais dont il refuse de se séparer. « Bonjour. » souffle-t-il d'une voix si chaude qu'elle pourrait réchauffer le Nord qu'il affectionne tant. Le Lion lui offre un léger sourire.

Elle réussi à se détendre quelque peu quand le Lion majestueux prit la parole. Discuter réussirait peut-être à dissiper son malaise présent depuis le début de sa visite dans cet effroyable endroit. C'est avec toute sa douceur et sa candeur habituelle qu'elle lui répondit dans un souffle. "Bonjour"

Il la trouve douce, pure et simple.
Oroszlàn inspire à fond son odeur. « Je m'appelle Oroszlàn. » Un nom brut, dur à l'oreille, aux syllabes tranchantes comme des lames trop aiguisées. Un nom qui lui correspond bien, de part sa signification. Lion. Il incline un peu la tête sur le côté, inconsciemment – comme le faisait son père et sa mère avant lui. « Ce n'est généralement pas l'endroit le plus propice aux rencontres, mais je suis ravi. »

Quand à elle, elle le trouve gentil et amical. Cette chaleur dans sa voix la réchauffe dans cet endroit si glacial. "Tout le plaisir est pour moi." dit-elle, simplement, dans un bref soupir. Cet endroit l'effrayait et elle sa voix ne voulait pas revenir. Elle prit son courage à deux mains, se racla la gorge et osa poser la question qui la taraudait depuis son arrivée "Dîtes moi Oroszlan, où sommes-nous?"

» things we lost in the fire, fire, fire.
» The things we lost.
» / so many things we're not.
» • Too many things to do.
» Bad things in bad day ~ N