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Gulliver

La fugue avait été difficile, Gulliver avait du encore une fois étudié les allées et venues des hommes pendant des journées entières afin de réussir à trouver le moment le plus propice pour prendre la poudre d'escampette. Chose faite, il c'était tout de même fait remarqué par un palefrenier qui était aussitôt parti prévenir le reste du camp. L'alezan avait courût le plus vite et le plus longtemps possible. Mais en vain, à chaque fois les boites à roues qui puaient le fioul finissaient toujours par retrouver sa trace. D'habitude il profitait de ces instants de liberté pour aller prévenir la population Gsienne, mais aujourd'hui il n'en avait pas envie.. Il avait besoin de souffler, de prendre l'air. L'étalon tend son encolure en avant pour s'abreuver dans l'eau du lac. Eau qui lui paraissait si pure, si naturelle comparé a celle qu'on lui servait tous les jours dans son bac en métal. Il ferme les yeux, savourant les caresses du vent dans ses crins roux. Il savait que d'un instant à l'autre, les humains pouvaient débarquer, et comme d'habitude il ne montrerait pas de résistance. Les hommes avaient toujours le dernier mot de toute façon...

L'alezan ferme les yeux, soupirant longuement pour créer quelques ondées sur la surface du lac. Bientôt le vrombissent des voitures couvriraient l'atmosphère apaisante de la forêt, bientôt les senteurs boisées seraient remplacées par l'odeur putride de l'essence. Un bruissement dans les feuillages le fait sursauter, il dilate ses naseaux, aux aguets. Le vent lui apporte une odeur, un parfum lointain qui lui rappelle de bien nombreux souvenirs. Non... ce ne peut pas être vrai ! gronda t il intérieurement. Cette odeur lui rappelait son troupeau, et le bruit dans les buissons... le voila maintenant convaincu qu'il est empreint à des hallucinations ! Il pousse un hennissement déchirant, frustré et claque ses antérieurs dans l'eau pour s'asperger le visage, comme pour tenter de se sortir d'un mauvais rêve. Provoquant l'envol d'une multitude d'hirondelles à cause de ce vacarme ahurissant.

Trempé et agacé, Rishin faisait les cents pas au bord de la rive. Fixant son reflet avec insolence comme s'il se maudissait d'avoir pût croire à une potentielle apparition. Etait ce la captivité qui lui donnait des imaginations ? Est ce que les humains avaient réussit à le corrompre ? même de l'intérieur ? Il s'agite, piaffe et frappe l'eau avec agacement jusqu'à ce qu'il discerne une silhouette flou sur la surface de l'eau... Une silhouette malingre brouillée par le remous des eaux. Il s'immobilise, fasciné par cette forme qui ondulait, tanguait, tourbillonnait. Lorsque l'image se fige enfin, son cœur rate un battement. Cette allure fine, cette robe blanche comme la neige parsemée de poussière d'étoile, il l'a reconnaitrait d'entre milles. Non ce n'est pas possible... ronfla t il, naseaux dilatés en approchant son museau de l'eau comme pour sentir son parfum, mais il ne réussi qu'a se mouiller le bout du nez. La vision se trouble à nouveau, il reste statique, figé comme une statue de bronze. N'osant pas relever le regard, il a peur d'être déçu, il veut croire à ce mirage....

Non ce n'est pas elle, ça ne peut pas être elle! Non ce n'est pas elle, ça ne peut pas être elle ! répétait Rishin inlassablement dans son fort intérieure. Ses paupières demeuraient closes, il refusait d'y croire. Sa peau tressaille lorsque la voix cristalline de la petite grisette résonna autour de lui. En écho dans ses oreilles. " O.. Otsoa ? " gémit il, d'un hennissement plaintif en relevant l'encolure doucement. Il pointe ses oreilles en direction de la jument, son corps tremblaient de toute part, il peinait à garder son sang froid. Et lorsqu'il réussit enfin à ouvrir les yeux, cela lui fit l'effet d'un éléctrochoc. Son cœur s'emballa, et ses muscles se figèrent. Impossible de parler, impossible de bouger. " Otsoa tu... " et sans prévenir il bondit en avant pour venir l'enlacer, la serrant aussi fort qu'il le pouvait. Son cœur battait à tout rompre, et ses yeux pétillaient de joie. Il noie volontairement ses naseaux dans ses crins argentés, inspirant son parfum qu'il reconnaissait d'entre milles. Cela faisait des mois (années ?) qu'ils avaient étés séparés et pourtant il avait l'impression à cet instant précis de ne jamais l'avoir quittée. " Otsoa je... " l'émotion était elle qu'il se met à pleurer.  

Rishin essuie ses larmes dans les crins de la petite jument, son cœur s'emballe si bien qu'il n'arrive plus à la lâcher. Comme si l'avoir auprès d'elle était indispensable. Son oxygène. Lorsqu'il relâche enfin son étreinte c'est pour mieux la regarder, elle n'avait pas changé : Toujours aussi pétillante et ravissante. Il soupire d'extase, les yeux brillants. " Que t'es t'il arrivé ?.. Que t'ont ils fait ? " demanda t il en l'épiant sous toutes les coutures, persuadé que ces saletés de bipèdes lui avait fait du mal. Ces dernières paroles lui brisèrent le cœur, il bondit furtivement pour venir coller son poitrail contre le sien. Avec douceur, il écarte son toupet avec son museau et dépose un baiser sur son front. " Je suis là maintenant, c'est finit tout ça. Il ne t'arrivera rien. " Il colle son chanfrein au sien, plus près que jamais.

Rishin regarde la petite grise tristement. Elle semblait rongée par la culpabilité. Elle lui faisait tellement de peine. " Non Otsoa.. ne dis pas ça. " gémit il en l'enlaçant à nouveau avec une extrême douceur. " Regarde moi Otsoa. Regarde moi. " Il cherche à capter son regard, glissant son museau sur sa joue pour essuyer ses larmes. " Tu as bien fait de fuir. Tu ne pouvait rien faire contre eux. Imagines Otsoa, ils auraient pût te tuer, comme papa et maman. Tu as eu beaucoup de chance de t'en sortir. Et maintenant... tu es libre. " soupira t il en serrant les dents, douloureux. " Tu n'as pas à t'en vouloir... "

Rishin laisse grimper un joyeux sourire sur son visage lorsqu'il sent le cœur d'Otsoa battre à l'unisson avec le sien. " Toi aussi tu m'as beaucoup manqué ma belle " souffle t il doucement avec sincérité. Il passe ses naseaux dans ses crins pour la peigner comme lorsqu'elle était petite, c'était un geste qui la détendait autrefois et il était presque certain que c'était toujours le cas. Il demeure ainsi plusieurs longues minutes avant que ses derniers mots le firent sursauter, comme une claque qu'on se prend en pleine face et qui nous ramène à la réalité. " Les humains ! Ils sont à ma recherche ! " beugle t il en sondant les environs de son regard fou. " Il faut que tu partes, il ne faut pas qu'ils te trouvent ! " Il se met à piaffer d'anxiété, sans lâcher le paysage du regard, persuadé que le danger pouvait surgir à tout instant.