Et une nouvelle séance.
Et encore une autre.
Elles s’enchainent, il se détend, il accepte, il s'améliore, il s'endurcit. Il comprend mieux les humains, leurs demandes, il apprend à les aimer. Il ne se défend plus, n'a plus mal à la bouche, au dos, aux pieds. Il aime cette nouvelle vie.
Le soleil se couche. Ils ont travaillé tard. Son humain le mène par la bride, vers la sortie de la carrière. Mais il s'arrête, se tourne et pose ses douces mains de part et d'autre de la tête du buckskin. La prise est ferme, rassurante.
" Tu es prêt, mon grand. Tu es sur la liste pour le prochain départ, tu sais. Moi aussi. Tous les deux, c'est pour de bon, on va au front... "
Les mots, l'étalon ne les comprend pas. Il sent juste que quelque chose est un peu différent. Indifférent. Peu lui importe. Tant qu'il garde le même rythme de vie, avec son humain. Loin des décisions, des questionnements, des hésitations... Il ne comprend pas, il se sait pas, mais il a confiance.
Le mâle pose doucement son nez contre le torse du bipède, et pousse sans force. L'homme s'en trouve tout de même obligé de reculer d'un pas. Il passe sa main sur la nuque mordorée, le front, le chanfrein de Red. Car c'est ce qu'il réclamait. C'est bien, tout va bien.
Puis son cavalier se tourne, et ils quittent tous les deux le terrain de sable qu'ils ont visité tant de fois.