Light

La paix. Elle voulait juste un peu de paix. Et du silence. Je ne suis pas sûr d'être d'humeur à t'accorder cette faveur ma jolie. Lui susurre alors l'intrus, en ricanant. Mais cette fois, Maddison ne répond rien et se contente de continuer son chemin. Jusqu'à ce qu'elle se trouve un coin tranquille. Un coin propice à la méditation. À la réflexion. Et au travail sur sois même, afin de retrouver quelques uns de ses souvenirs.
Alors elle s'allonge. Difficilement, gênée par son gros ventre. D'ailleurs, comment est-il devenu aussi gros celui-ci ? Et pourquoi, oui pourquoi y'a-t-il toujours ce feu qui brûle en elle, ce feu doucereux, qui ne lui laisse aucun répits ?

Maddison l'a remarquée. Sentie. Mais elle ne bronche pas. Elle est déjà assez épuisée comme ça. Que ce soit mentalement ou physiquement. T'as qu'à arrêter de te torturer la tête à chercher tes souvenirs. Ils reviendront en temps voulu. Lui claque la voix dans son crâne, sans aucune douceur. La Dorée ne répond toujours rien.
Elle est épuisée. Epuisée par sa grossesse, qui est bientôt à terme, épuisée par ses vains efforts pour retrouver un semblant de mémoire sur sa dernière année de vie. Epuisée par cette voix dans sa tête ... Désolé d'apprendre que je te fatigue ma belle. Elle semble vexée la bougre ... Bof, tant pis. Ce n'est que ce qu'elle mérite, à ne jamais la laisser dormir et se reposer.

En silence, Maddison lève les yeu. Et elle les pose sur la silhouette de la jument qui s'approche. Mais elle ne dit rien, n'exprime rien. Si ce n'est la profonde folie qui la ronge de l'intérieur, souvenir des quelques mois passés dans cette grotte. Et sa blessure à la tête (front, base de l'oreille gauche et encolure sous sa crinière vers la nuque) qui ne cesse de la faire souffrir ... pas encore totalement refermée, ni totalement ouverte.

Nope

Si ça va ? Maddison lève vers elle un regard étrange. On peut-y voir toute l'ampleur de ses problèmes psychologiques actuels, tous droit hérités de ses mois de captivité. « Ça a l'air d'aller ? » Lâche-t-elle, sans aucun filtre. Eux aussi, elle les a perdus. Les mots y sont, mais le ton et l'accent n'y sont plus. Du coup, la phrase perd toute sa dureté, sa force de frappe. Et n'est plus qu'un alignement de mots platoniques.
La Dorée est fatiguée. Fatiguée d'avoir mal, à chaque instant qui passe. Sans aucun répit. Soit, mais il va falloir te reprendre beauté.

Maddie soupire. Sa situation l'énerve. L'excède. Lui donne envie de déchirer tout ce qui se trouve sur son passage. Tu le regrettera si tu fais ça et tu le sais. Oui, elle le sait. Mais c'est son seul moyen d'évacuer toute sa frustration. Mais cette fois, elle reste calme. De toute façon, dans son état de baleine, elle ne peux pas faire grand chose, vous en conviendrez. « En effet. » Elle est lasse et son ton le laisse bien entendre. Lasse de se sentir si impuissante à cause de ses défaillances.

Maddie soupire. Visiblement, la grise n'est pas décidée à la laisser tranquille. Alors, elle baisse les armes. À quoi bon tenter de l'envoyer paître ? « Rien ne va .. » Lâche la champagne, en vrillant ses grand yeux bleus dans ceux de l'inconnue.

Nouveau soupir. A-t-elle réellement envie de se confier à une parfaite inconnue ? « Perte de mémoire sur le cours terme suite à un traumatisme, voix dans ma tête qui n'arrête pas de me causer, mon père que je sent réfractaire à ma nouvelle condition, incapacité à me souvenir du père du petit, ne de me rappeler de la conception ... en bref, j'ai juste l'impression de devenir folle. » Finit-elle par lâcher, entre deux soupir. Non, sa condition ne lui convient pas. Non, elle n'a pas abandonnés ses objectif. Et oui elle compte prendre ce qui lui revient de droit.
Mais pas dans cet état. Pas sans sa mémoire et sans son intégrité psychique. Et pour cela, elle doit trouver de l'aide. Tenter de se souvenir, arriver à déclencher l'ouverture du tiroir de sa mémoire. Le seul qui bloque. Le plus important. « Au fait, qui êtes vous ? » Fini par demander Maddison, reprise par sa curiosité. Si elle doit raconter sa vie à une inconnue, connaître au moins son nom ne serait pas un moins.