/ danseuse étoile

Leïa marchait lentement parmi les arbres, sa démarche souple et gracieuse aidée par la mousse sous ses sabots. Paisible, elle slalomait entre les troncs, inspirant l'air pur du bois.

Hagard, Red cligne des yeux. Il fronce les sourcils et porte son regard alentour, tandis que ses yeux s'habituent à la lumière du jour. Il a dû marcher longtemps dans les galeries souterraines pour émerger ici. Il ne sait même pas sur quel territoire il se trouve. Certainement pas les Glaces, en tous cas. Peu importe. L'étalon se met en marche.
Le sol est souple sous ses pieds, rendant sa démarche confortable. Étrangement, une certaine sérénité le gagne petit à petit. Il est donc dans de bonnes dispositions quand son regard s'accroche bientôt à une jeune silhouette.
Red ralentit, incertain. Une fille. Voilà bien une pensée désormais redondante qui le rendra alerte dès qu'il verra une pouliche... Mais on est loin du nord, ici. Et il y a tout un tas d'autres poulains. Quelles sont les chances... Il observe la petite brune à distance, quelques lignes d'arbres les séparant, plissant les yeux. Il ne peut s'empêcher de chercher une ressemblance avec lui, ou Robin. Il sourit en songeant que la grâce de celle-ci ne serait sûrement pas héritée de lui.

L'esprit de Leïa était vide. A la différence de ses parents, elle avait la fabuleuse faculté à se vider la tête, à ne plus réfléchir, plus ressentir, se perdre dans un monde où il ne restait plus que son intelligence, ses sens et l'instant présent. Surement que cela lui serait très utile dans le futur.
Pour l'instant, elle voguait simplement, cherchant simplement une distraction, une falaise de laquelle sauter, un prédateur à éviter. Mais il n'y avait pas, comme si elle était tombée dans le lieu le plus sécuritaire de tout GS. Soufflant, un peu agacée, un mouvement discret attira ses yeux sombres, et elle s'immobilisa, sa mauvaise humeur d'enfant disparaissant immédiatement pour laisser place à l'excitation. Un sourire espiègle traversa son visage, et elle reprit le pas, tapie près du sol, avançant en zigzags vers là où elle pensait avoir vu le mouvement, perdue dans le jeu.
Leïa contourna une dernière branche qui révéla un étalon isabelle, et la brune s'immobilisa, déçue. Je pensais que vous étiez un puma. dit-elle platement, soupirant de nouveau, son sourire s'envolant.

Red s'immobilise avec la pouliche, miroir. Il avance un peu la tête pour mieux la distinguer à travers les arbres... et la rétracte aussitôt. Elle regarde dans sa direction ¬¬ Hum... après un court instant il jette un nouveau coup d’œil mais elle n'est plus là. Red se gratte le sommet du crâne à une branche propice  Il s'apprête à laisser tomber et reprendre son agréable balade en forêt quand une voix d'enfant derrière lui le fait sursauter. Il se retourne donc, pour découvrir la brune qu'il suivait des yeux quelques secondes auparavant. Ah, sa discrétion, voilà bien un truc qui pourrait venir de lui. Il fronce les sourcils, vexé de sa déception è_é " Eh oui, raté. Je suis un... lynx ¬¬ " Il se concentre, pour maîtriser ses émotions. Ici, ça lui semble plus facile ; tant mieux. Il ne peut plus se permettre de péter les plombs devant des gosses. Frapper celle de la plage lui avait ouvert les yeux là-dessus. Et maintenant que la réalité de sa paternité lui était arrivée en pleine gueule, il n'avait plus besoin d'être rebuté par les enfants. Plus besoin de les fuir, de les écarter de sa réalité. Il s’efforce de l'accepter. Même, il a cette irrésistible envie de renouer avec l'enfance. Pour se sentir un peu plus proche de sa fille, qu'il ne rencontrera peut-être jamais.

En en pleine déception, Leïa trouva tout de même intéressante la réponse de l'inconnu, et son visage s'illumina ne serait-ce qu'un petit peu, même si son regard sombre et intense restait sérieux. Vous êtes gros pour un lynx osa-t-elle, faisant mine de l'inspecter sous toutes les coutures, tournant autour de lui dans un sens puis dans l'autre. Elle n'avait pas l'impression d'avoir déja vu le monde, mais avec sa soif d'évasion et d'aventure, elle avait, en effet, vu pas mal des secrets dont regorgeait GS. Y compris des lynx. Moi jsuis un renard dit-elle soudainement, son regard brillant tourné vers le sien. Quelque part, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être enfantine.

" C'est pas la taille qui compte " répond-il avec sincérité, et la vague impression que c'est pas la meilleure des réponses à donner, surtout à une enfant ¬¬ Bref. Son inspection l'agace et il frappe le sol nerveusement, montrant clairement que c'était une limite dépassée. Des envies de tourner les talons ou de la frapper le traversent ; le traversent juste. Il hausse un sourcil, sérieux sur le sujet. " Et tu as de quoi le mériter, ce titre de renard ? "

Il semblait incertain, mais alors qu'elle allait le toiser plus intensément, il frappa le sol d'un antérieur, et Leïa s'immobilisa, surprise, remontant son regard sombre vers lui, un peu déroutée. Je suis rapide, discrète ... Mais maline, surtout répondit-elle du tac au tac, encore joyeuse, malgré l'incertitude grandissant en elle.

Il se détend un peu quand la petite réagit et interrompt son inspection. Il avait peur qu'elle l'ignore et continue, comme la petite à la plage. Mais ça va. Pas de raison de dérailler. La discrétion est de loin la caractéristique qui lui parle le plus et il hoche la tête à sa mention. " Hum... maline comment ? Tu as accompli des faits dignes de figurer dans des fables ? " la taquine-t-il.

Elle relève ses prunelles sombres vers lui, et hoche la tête, sérieuse. Pas encore. Mais je ne serais pas très discrète si tout le monde parlait de moi. Elle sourit doucement, comme amusée d'elle-même. Mais je pense être plutôt intelligente, oui. Plus que la moyenne.

Oh, pas bête Red lui accord humblement ce point. Et se détend encore plus, parce que, pour être intelligente comme ça, ça doit pas être sa fille " Les corbeaux aussi sont très intelligents. Ou les rats. " Hihi.

(up anti-archive)

J'aime bien les corbeaux. dit-elle doucement, son regard sombre se perdant un instant. Leur simple présence demande le respect, inspire la crainte. Puis, Leïa soupire. Et les rats sont partout, tout le temps, sans qu'on puisse les atteindre. Je les envie.

Ah ? Et lequel ? répond-t-elle sans ciller, posant son grand regard brun dans le sien.

" Secret d'espion Je ne dévoile mes trucs qu'à mes apprentis Et la place est prise, désolé " Quel bâtard.