Minuit sonne

La petite jument est là, plantée au milieu du chemin, à observer le ciel. Ce ciel qu'elle trouve si beau. Comment est-elle arrivé jusqu'ici sans mourir étouffée ? Rendons grâce au ciel : ses formes lui sont revenues et la pureté de l'air lui permet un court sursit. Son poil de mammouth laineux aussi est revenu.

Hawk

Ce froid horrible frigorifie chaque pas que l'étalon blanc tente de faire dans cette épaisse couche de neige. Quelle idée de s'aventurer par ici, en même temps. Il râle déjà contre lui-même, pour ce choix peu judicieux.

Elle l'a entendu. Elle sait qu'il est là. Mais elle ne se retourne pas, perdue dans les étoiles. Tu pourrais être plus discret Hawk, je t'entend depuis que tu es en bas ... Se contente-t-elle de minauder, un sourire en coin.

Hawk distingue non loin la silhouette atypique de Elune. Il se presse pour la rejoindre alors que celle-ci lui balance quelques mots pas très sympathiques, genre il est gros. "C'est parce que j'ai trop de muscles. Je suis lourd, donc je fais du bruit, forcément." se défend-il, amusé. "Mais sinon, bonsoir hein."

Elle rigole. C'est pas tant tes pas que j'entend depuis que t'es là. Mais ta furieuse tendance à râler. Tout le temps. Et elle lui offre un clin d'oeil, malicieuse.

Oh, ok. Il est surpris par cette contre-partie et en rougit presque. "Bah non, je râle mais c'est que ..." Bon en fait si, il râle. "Ca me saoule toute cette neige. J'pourrais vraiment pas vivre au Nord."

Et voilà, il recommence. Et il tente de se voiler la face en plus ! Mais au moment où elle tente d'ouvrir la bouche, le blanc abdique. Et elle rigole. Tu serais surpris de voir tout ce que le Nord et la neige peuvent t'apporter. Lui réplique-t-elle avec un clin d'oeil, tout en fouaillant de la queue. À commencer par mon sursit. Il devait l'avoir remarqué : sa respiration ne siffle plus autant qu'à leur dernière rencontre, elle respire mieux et est en meilleure forme. Tiens en parlant d'apporter quelque chose. Tu as une élève prête à reprendre un peu d'état devant toi. Mais molo hein, me déclenche pas une crise

Tiens, c'est vrai qu'elle a l'air en meilleure forme ! "C'est l'air de la neige qui te fait du bien aux bronches ?" questionne-t-il en se désintéressant bien rapidement, puisqu'elle aborde un sujet bien plus passionnant "Ohhh yeaaaah !" Il sautille sur place. "Par où veux-tu commencer ? Ton ventre ? Tes cuisses ? "

L'air pur de la montagne oui, il m'aide à mieux respirer. Répond la blanche, heureuse qu'il s'inquiète un peu pour elle. Mais bien vite, le grand enfant qu'il est refais surface et le voilà en train de piétiner d'impatiente face à la nouvelle. Elune rigole, attendrie. Tu trouves que j'ai un gros ventre ? Lui demande-t-elle, en se contorsionnant pour s'observer, la queue et le postérieur droit légèrement levés. Moi j'trouve que ce sont plutôt mes cuisses qui ont pris plus qu'elle ne devraient ...

"Va falloir faire de la course à pied pour les cuisses ..." dit-il, en ayant soudainement les chaleurs de la jument en plein nez. Il en a le tournis et se contrôle pour ne rien faire. C'était si facile de se laisser aller chez les humains ...

De la course à pied ? Ça tombe bien, j'adore courir Minaude la jument, en fouaillant de la queue. Elle le regarde un instant, puis jette un coup d'oeil vers le sommet de la montagne. Le dernier arrivé en haut est un vieux croûton. Et interdiction de galoper Propose Moon, un air malicieux sur le visage.

Une course à pied sans avoir le droit de courir ? Vraiment bizarre comme concept. "C'est ça ouais !" annonce-t-il en prenant le galop, parce que rien à foutre, il veut gagner.

Elune ronfle des naseaux, mécontente. Si tu veux être plus musclé, c'est trot qui va t'aider ! Ronchonne la blanche, ne bondissant néanmoins vers l'avant, pour le rattraper ... et planter ses dents dans sa queue. Et elle freine, des quatre pieds.

"J'ai déjà assez de muscles, comparé à toi. T'as qu'à trotter." et pis, il continue de galoper ne prenant pas garde à l'arrêt planté de la jument.

Mais elle ne lâche pas, bien décidée à ce qu'il reste avec elle. Donc, tu veux me laisser derrière comme une vieille chaussette ? S'offusque la nacrée, une moue vexée sur le visage. Salopiot !