Tout homme est de chair et tout coeur de pierre

L'aventure...l'aventure ? Ben non. Chez elle, y avait qu'un troupeau, alors pas de problèmes de frontières. N'étant pas au courant que ça puisse ne serait-ce qu'exister, Farouk se prélasse dans un bassin d'eau clair. Elle aime bien cet endroit, dont la roche est aussi blanche que sa robe. Elle se sent moins unique, moins rejetée donc, et c'est tant mieux.

Un autre équidé signale sa présence. Mince. Bon. Elle l'ignore et se contente de se prélasser un peu plus profondément dans son bain.

Farouk, c'est pas le genre à discuter, mais c'est pas non plus le genre à chasser. De quel droit ? Et puis elle est pas chez elle en plus. Alors bon, autant subir le voisinage et puis s'en aller quand elle en a sa claque.
Elle saisit le signe de tête de l'autre grise, y répondit de la même manière par politesse, puis ferma les yeux. C'était la façon la plus simple de ne plus voir les autres, au final, sans trop les outrager au passage.

Elle se fiche de ce que l'autre grise pense, et plus particulièrement en ce qui la concerne. Elle n'est pas malheureuse. Enfin, pas tout le temps. Et elle se fiche du bonheur aussi, tiens.
Ben voyons.
Plongée dans ses pensées, elle ouvrit les yeux sans s'en rendre compte et fixa l'horizon.

Et non. Farouk n'a ni vu ni senti le prédateur. Elle vient d'entrer dans l'âge adulte et n'a pas été formée à tous les dangers. Elle vient de loin, et chez elle, les pumas sont si rares qu'elle n'en a jamais ni vus ni sentis. Tout juste entendu parler. Elle est inexpérimentée et sort d'un petit troupeau bien protégé, en plus, il faut dire. C'est alors qu'elle décida de se lever et sortir de l'eau, tournant le dos au félin, le plongeant ainsi dans son angle mort. Et si elle repéra l'air de l'autre grise, elle n'en tint pas compte.

Le cri d'Hérézy sonne comme un détonateur ; le puma bondit, et dans un sursaut, elle l'évite de justesse, tout son corps se projetant vers l'avant. Le grand félin atterrit malgré lui tête la première dans l'eau et la blanche sorti du bassin. Oreilles plaquées contre sa nuque et fusillant le puma du regard alors qu'il se démenait dans le bassin, elle rejoignit l'autre grise. Farouk lui adressa un regard reconnaissant. Merci. C'est quoi ?

Farouk reste elle aussi alerte, naseaux ronflants. Heureusement, elle était encore très jeune et très vive. C'est toujours utile pour combler l'inexpérience. Non. Y a pas d'ça chez moi.

Elle n'ajouta rien et ne fit pas de remarque, lui prêtant tout juste attention. Mais lorsqu'elle s'éloigna, elle hésita, puis finit par la rappeler. Hey ! Euh...vous habitez là ?