follow me down

can i ?

oui (:

Il était tôt, et c'était d'ailleurs étonnant que R soit déjà si active. Son corps en pleine croissance n'avait de cesse de lui quémander de l'énergie et elle passait de plus en plus de temps à chercher sa nourriture. Elle avait aspiré quelques gouttes d'eau dans une flaque avant de constater qu'elle n'était pas seule dans ce paysage qu'elle appréciait beaucoup : un grand inconnu se tenait près ces rochers aux visages. Elle l'observa un long moment, un peu dans le vague.

Un regard vitreux croisa le chemin de ses prunelles. Un instant, elle se sentit glacée par ce regard profond, pénétrant, avant de finalement sentir une infime vague de chaleur se répandre le long de sa colonne vertébrale. R n'osa rien faire, comme si cet instant était suspendu dans le temps, étrangement absorbée par l'individu en face d'elle. Peut-être parce qu'elle ne savait juste pas du tout à quoi s'attendre.

Il s'approcha, à pas de loups. Des pas dont elle n'entendit même pas le bruit, tant il se déplaçait avec finesse. Sa démarche n'était pas spécialement élégante, mais il y avait quelque chose dans cet être qui l'impressionnait. Akan. Ça sonnait bien, ça sonnait sec. Ses oreilles frémirent imperceptiblement. Et en même temps ça lui disait quelque chose. « Tu peux m'appeler R, m'sieur. » répondit-elle, comme à chaque fois qu'on lui demandait son identité.

Elle opina du chef. « Oui, j'aime bien. Ces visages dans les rochers, les rides sur les arbres. On dirait que la forêt observe et qu'elle murmure des choses. » fit-elle calmement, appuyant ses paroles par des regards vers les éléments dont elle parlait en cet instant. R, elle avait son petit monde à elle, sans même se demander si elle pouvait le partager avec quelqu'un ou pas.

A la question du mâle, elle dressa ses petites oreilles vers lui, trouvant cet instant agréable. « Je sens davantage ce qu'ils veulent m'insuffler que ce qu'ils me disent, c'est peut-être parce que je ne parle pas couramment le Rocher ou l'Arbre. » fit-elle avec un grand sourire, qui aurait pu paraître un peu espiègle pour un regard extérieur. De là d'où elle venait, la croyance en les esprits de la nature était puissante, et c'était renforcée lors de son voyage dans l'esprit de la sablée. R suivit le grand mâle, s'octroyant le droit de marcher à ses côtés, ayant simplement l'impression d'être minuscule. D'un geste, il pourrait lui écraser le cerveau. Son sabot faisait pas loin de la largeur de son chanfrein. Curieuse, intriguée mais surtout très intéressée, R n'avait d'yeux que pour son compagnon de route. « Toi tu les comprends toujours ? » La dernière phrase de l'akhal demeurait dans son esprit, résonnant en boucle. C'était beau et fort. Elle aimait ça.

Elle prit en note tout ce qu'il venait de lui dire. Il s'agissait là de données qui, elle le savait, resteraient dans son cerveau. R retenait parfois très peu de choses d'une discussion, mais il arrivait qu'une ou deux phrases, par-ci, par-là, la marquent à tout jamais. « Comme si des gens étaient connectés, tu veux dire ? » s'enquit-elle, l'air innocente dans sa démarche. Elle cherchait à rendre encore plus clair un principe qu'au fond, elle partageait déjà avec le mâle. Ce n'était pas pour rien qu'elle ne pouvait pas détester grand monde, car pour l'instant son monde à elle ne connaissait pas d'obstacles à franchir. « J'aime bien connaître des secrets, après on se sent trop privilégié » fit-elle, malicieuse, avec un petit sourire sur les lèvres.
Elle le voit danser, et toute son attention est de nouveau portée sur lui. Elle admirait la façon qu'il avait de se mouvoir, comme si, quelque part, il ne faisait qu'un avec ce qui l'entourait. En tout cas c'était l'impression qu'avait la sablée. Elle ne savait strictement pas danser, mais se laissait guider par son instinct et les bruits qui l'entourait. On aurait dit qu'elle rechargeait ses chakras.