la marre à boue

Tu la connais ? Hekâ a cette manie intrinsèque de faire passer ses questions avant celles des autres sans qu'elle y pense consciemment. Quand elle a besoin d'une réponse, elle veut l'obtenir tout de suite. La brune n'a pas paru décontenancée ou surprise en entendant le nom de la Veuve Noire. Mais peut-elle l'être alors qu'elle n'est pas vivante ? Hekâ. Et toi ?

C'est ma mère. Hekâ, c'est noté, au plus profond de sa mémoire. Nyveèn, elle fait passer ses envies après celles des autres, pour leur accorder de l'importance. Les autres, ça n'est pas Hekâ. Elle sent que cela sera différent.

Donc cet être devant elle, c'est celui qui était dans les entrailles de l'araignée rachitique. Hekâ dresse ses oreilles en direction de la brune. Je ne pensais pas que tu survivrais, dit la pouliche d'une voix implacable. Et puis elle tente un sourire, grimace mimétique et artificielle de ce qu'elle a pu voir chez les mortels. Ce n'est pas encore au point, mais elle veut montrer par là qu'elle est satisfaite que la brune ne soit pas morte. Comment tu t'appelles ? Elle repose la question.

Elle n'avait pas le choix. Et Nyveèn non plus. Elle s'était imposée en tant qu'évidence. Évidence, évidence, ... On pourrait l'appeler Évidence, mais ce nom est beaucoup trop délicat pour une hyène. Je suis une évidence, mais appelle moi Nyveèn. Demi adepte du sourire, elle lui en offre en retour la moitié.

Nyveèn hésite. C'est toi qui doit le savoir. C'était juste. Nyveèn pouvait supposer que la petite momie était quelque chose, mais lorsqu'on suppose, on peut facilement se tromper. Alors Nyveèn ne supposait pas, laissait libre parole à la momie éternelle pour qu'elle lui dise ce qu'elle était,
ce qui avait éveillé la curiosité de la petite akhal.

La fille de Septenrê s’assoit, songeant à ce qu'elle pourrait être. Elle ne connaît pas vraiment sa place ou son nom dans ce monde. Ce qui la définit. Elle n'est pas vivante, ne ressent rien si ce n'est de la satisfaction ou de l'insatisfaction. La seule chose dont elle est sûre, c'est qu'elle est invincible. Du reste, elle observe, apprend, teste. Qui t'a dit que tu étais une évidence ? On ne lui a rien dit, à elle. Sa mère est morte le lendemain de sa naissance.

Mon père, c'était Sweeney. Il me l'a dit quand il a disparu, dans mon corps. Comme du vent qui souffle. Peut-être qu'au final ça ne voulait rien dire car son père n'était rien d'autres qu'un corps mort, avec un esprit détruit. Mais c'était un souvenir qu'elle garderait, qui sonnait bien.