• Regarde pas en bas !

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En vérité, c'était plutôt de l'ordre du "regarde pas en haut !" Elle n'avait pas eu le cran de monter jusqu'en haut. D'ailleurs, elle préférait de loin trotter sur le sable en contre-bas sans chercher à gravir ces montagnes. Une chute de cette hauteur serait mortelle... Et elle n'avait pas vraiment envie de prendre un verre avec la Faucheuse.

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Elle va, elle vient. De royaume en royaume. Otsoa voit les montagnes au loin et décide de s'approcher de ces dernières. Elle aperçoit une silhouette rousse.

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La renarde sentit bientôt l'odeur d'une inconnue dans les parages. Elle s'arrêta et regarda autour d'elle, peu certaine de la position de l'étrangère par rapport à la sienne. Où se trouvait-elle exactement ?

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Otsoa ignore si l'inconnue sait qu'elle se trouve dans les parages. La grise hennit pour l'avertir de sa présence tout en continuant d'avancer vers elle.

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La renarde entendit son hennissement. Répondre. Ou ne pas répondre. Telle était la fameuse question. Mais au lieu de débattre avec elle-même, elle décida de prendre le pas en direction du bruit, histoire de savoir de qui il s'agissait.

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C'est alors que les deux juments se retrouvent face à face. Le regard de Otsoa mesure la jument sans aucun jugement. Elle essaie même un sourire quelque peu maladroit pour rassurer sa nouvelle compagnie.

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Les oreilles de la renarde se pointèrent vers l'arrière, par réflexe sans doute. Elle n'était toujours pas habituée à la compagnie. Ou tout du moins, à chaque fois, elle oubliait qu'elle l'avait été à un moment donné. En bref, il allait falloir l'apprivoiser, comme avec tout le monde.

- 'Lut, la salua-t-elle.

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Otsoa essaie de se dérider d'un sourire. Au début timide, quand l'inconnue la salue, la grise perd sa maladresse et se détend. « Bonjour ! Je suis Otsoa. Je ne vous dérange pas ? »

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- Tutoie-moi, s'teup, lui répondit Jiyuu.

Toutes les formes de cérémonie... Non vraiment, ce n'était pas pour elle.

- J'suis Jiyuu, se présenta-t-elle en retour en regardant l'étrangère nommée Otsoa. Nouvelle dans l'coin ?

En ce qui la concernait, on pouvait bien dire qu'elle n'était plus nouvelle à présent.

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« Euh... oui je peux te tutoyer. » Toute forme d'autorité, Otsoa l'accepte. Elle regarde la dénommée Jiyuu avant de passer ses yeux dans les horizons. Son regard revient sur la jument alezane. « Non, je ne suis pas nouvelle. Je viens de revenir. »

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- Pourquoi t'étais partie ? Lui demanda Jiyuu.

Loin de toutes les formes de cérémonie habituelles, la renarde ne se souciait guère du respect ou bien encore de la politesse. Et si elle avait une question à poser, elle le faisait sans faire gaffe à si ça allait plaire ou non à son interlocuteur, voire à son interlocutrice. Oui parce que c'était bien son truc, ça, ne pas se soucier de ce qu'on pensait d'elle.

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À quoi bon se soucier des autres, cela ne sert à rien. La question de la jument interpelle la grise. « Pour retrouver un ami. » Elle repense à Gulliver, Rishin. Qu'elle ne reverra jamais sauf si elle rejoint le monde des âmes damnées.

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- L'est sur ces terres-là ? Lui demanda-t-elle.

Jiyuu, elle, n'avait pas d'attache. A part son conjoint. Il en représentait une relativement conséquente pour elle qui d'ordinaire ne se liait jamais à personne. Avec lui, tout était différent. Il était ce qui la faisait rester.

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Se confier ? Depuis peu, elle a dû mal à donner sa confiance. « Non. » Elle répond simplement, le regard absent qui se faufile à travers les montagnes tranchantes. « Les hommes sont venus, ils l'ont attrapé et je ne l'ai plus jamais revu.
»

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- Les... hommes ? Demanda alors Jiyuu.

Ceux-là, inconnus au bataillon. Ou presque. Il lui semblait en avoir entendu parler, une fois ou deux, mais rien de plus. La renarde avait toujours vécu sauvage, alors autant dire qu'elle ignorait énormément de choses, en particulier sur les bipèdes.

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