Follow me into the endless night.

Couchée à l'ombre du vieil saule pleureur, elle somnolait. Elle s'était entendue de tout son long sur le tapis d'herbe verte qui poussait entre les racines de l'arbre centenaire et avait fait de l'une d'entre elle son oreiller. Elle ne savait pas dire pourquoi elle avait choisit de venir se réfugier ici, au pied du majestueux saule, mais elle s'y sentait bien. Ses blessures lui faisait un mal de chien, notamment celle de sa nuque qui saignait encore un peu, de temps en temps. Syliah avait cherché à recroiser la route de la petite Tehya, la mioche qui s'y connaissait en remèdes, en vain. C'était tout de même vachement ironique ; lorsqu'elle ne voulait pas d'aide, elle croisait tout un tas de pot-de-colle sur pattes, et lorsqu'elle voulait de l'aide, elle ne croisait personne. Un bref soupir lui échappe, tant elle se sent dépassée par les événements. Elle sent que la fièvre revient à la charge et sa tête lui tourne. Elle ferme alors les yeux, pour se reposer un peu, dans l'espoir d'oublier la douleur ou bien de se réveiller de ce mauvais rêve.

( Huhu, merci d'avoir eu pitié de ma noiraude )


Une fine pellicule de sueur est apparue sur sa robe noire, lui donnant ainsi un aspect brillant. Son souffle est court et ses flancs se soulèvent à des intervalles irréguliers. Elle est si mal qu'elle n'entend même pas la jument s'approcher d'elle ; c'est la voix de cette dernière qui la sort de sa torpeur. Syliah rouvre les yeux, pour observer l'inconnue. Elle a une jolie robe claire et semble toute mignonne. Elle a presque envie de lui faire confiance, mais elle sait qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture. « Qui es-tu ? », halète la jument noire en essayant de redresser l'encolure.

La plupart de ses blessures sont minimes si elles ne sont pas superficielles. Un léger hématome marbre son canon gauche, quelques éraflures se trouvent sur ses flancs et son dos, une morsure un peu plus grave se trouve sur son garrot et son épaule droite. La plus douloureuse et grave reste celle de sa nuque car elle est également plus ancienne et avait déjà connu des problèmes de cicatrisation. Syliah venait de se rendre compte qu'elle n'était pas visible vu sa position. Elle s'efforça alors de se coucher en vache, ce qui lui demanda de puiser dans le peu de force qui lui restait. « La plupart... des blessures... sont superficielles... c'est juste ma... nuque. », articule-t-elle avec peine en essayant de récupérer son souffle. Un fin filet de sang s'en écoulait toujours, la plaie peinant à se refermer.

De temps en temps, ses paupières se ferment d'elles mêmes. Elle se sent épuisée, à bout de force. Son âme était-elle entrain de se détacher lentement de son enveloppe charnelle ? Se mourait-elle à petit feu, lentement mais surement ? Syliah l'ignore mais elle s'efforce de combattre cette violente envie de dormir qui la tiraille depuis quelques longues minutes déjà. Lorsqu'elle se rend compte qu'elle a fermé les yeux, elle les rouvre aussi sec. Son regard suit les gestes de la guérisseuse mais elle est trop dans la lune pour réagir. Le cataplasme appliqué par cette dernière lui fait un bien fou, au point de lui arracher un soupir de soulagement. Petit à petit, son souffle est redevenu normal. « Le reste est superficiel. Merci pour ton aide. » Un léger sourire naît sur ses lèvres. Elle lui était reconnaissante d'être passée par ici. Sans elle, elle serait sans doute morte seule dans son coin, vidée de son sang.

On dirait que la miss guérisseuse est bien plus têtue qu'elle ne le paraît. Certes, sans ses membres elle n'irait pas bien loin mais elle était sincère quant au fait qu'elle n'était pas blessée à ce niveau là. C'était de légères ecchymoses sans gravité. Ça passerait tout seul. Syliah s'apprête d'ailleurs à le lui dire, mais elle n'en a pas le temps ; la grise est déjà partie à la recherche de je-ne-sais-quel remède afin de guérir une blessure qu'elle seule aperçoit. Et la voilà badigeonnée d'argile. « Merci mais je n'ai pas envie de dormir. » réplique-t-elle. Puis même si elle en avait envie, elle n'irait pas faire confiance à une inconnue, même si cette dernière venait de la soigner.

Cette fois-ci, ses oreilles viennent se plaquer contre sa nuque sanguinolente. Elle est bien sympa la grisette mais elle commence à devenir un poil trop agaçante avec ses lubies d'infirmière. Elle, se battre ? Quelle drôle d'idée. « Loin de moi l'idée de me battre. » grommelle-t-elle, ne cherchant même pas à cacher l'agacement qui croît en elle de manière incontrôlable. « Je veux bien restée couchée ici, mais je ne veux pas dormir. » Concède finalement Syliah. De toutes manières, elle n'a pas assez de forces pour bouger d'ici.

« Pourquoi pas. Ça aura au moins le mérite de faire passer le temps. » Elle laisse le silence retomber mais ne quitte pas l'autre femelle du regard. Elle reste attentive, dans l'attente d'une éventuelle question de sa part. A moins que l'autre ne veuille lui confier ses petits secrets...

Elle glisse son regard dépareillé dans celui de la grise. « Je suis arrivée il y a quelques semaines mais ma présence ici n'est que provisoire. » réplique-t-elle en se redressant légèrement. Oui parce que la guerre et tout, c'était pas tellement son truc. Puis son cœur lui criait de fuir, de conserver ce statut de vagabonde qu'elle avait adopté depuis qu'elle était libre.