Souvenir douloureux

Ce moment unique de perfection lorsque le soleil franchit enfin l’horizon jetait sur les terres de Galop Sauvage la lueur d’un jour nouveau et pourtant moi j’étais encore là, immobile et pensif sur le meilleur moyen de la faire réagir une nouvelle fois. Depuis quelques jours elle gardait le silence, comme pour me pousser à la faute. Comme à mon habitude, je fis glisser mon regard ébène sur les lieux qui m’entourait. Encore une fois mes pas m’avaient emmené vers ce lieu majestueux qui me détruisait le cœur de pas les souvenirs qui aurait pu y être attaché. Je me surpris alors à la voir l’espace d’une seconde, elle se trouvait là, dans l’un des bassins et elle fredonnait encore et toujours cette mélodie. Son pelage mouillé scintillait sous le soleil. Puis, dans un clignement de paupière, elle disparut. J’inspirai par les naseaux lentement avant de me remettre en mouvement vers ce bassin. L’eau était agréable sur ma peau. Je me permis donc de me coucher dans l’un des bassins peu profond, ma tête s’appuyant sur le calcaire qui était au bord du petit bain. Mon souffle fit lever un peu de poussière mais je ne m’en préoccupai pas vraiment, car une nouvelle fois, cette mélodie parvint à mes oreilles.

- Juliette … enfin …

Je ne la voyais pas, mais je pouvais percevoir sa présence, elle calmait mon être, me rendant à peu près tolérable pour moi-même.

Ce moment de calme en compagnie de ma douce prenait brusquement fin alors qu’une voix masculine parvenait à mes oreilles. Presque automatiquement je ressentis une colère naître en moi. Il avait fait peur à Juliette et maintenant sa douce mélodie s’était éteint. Ma tête se releva lentement et mon regard se posa lentement sur ce nouveau venu. Il ne me disait rien même si j’étais ici depuis quelques temps. Un soupir se fit entendre puis, brisant le silence, ma voix suivit. Froide et distante.

- Aucune importance pour toi ...

Je me remis sur mes pattes, avec un étalon il fallait être prudent en général. Je le savais puisque j’étais moi même un étalon. L’eau qui coulait de mon pelage créait une petite mélodie.

Mes oreilles bougeait dans tous les sens, mon esprit tentait de percevoir la chanson de ma belle, espérant pouvoir la rejoindre.

Un frémissement traversa mon échine lorsque ce nouveau venu ouvrit les lèvres pour s’adresser à moi, je pouvais percevoir son jugement et cela me mettait en colère. Expulsant de l’air par mes naseaux, je fis claquer les crins de ma queue contre ma croupe. Me battre n’était pas dans mes intentions pour le moment, mais s’il continuait, il finirait comme celui qui avait voulu me prendre ma Juliette.

- Parfois relever la tête est impossible.