Rewrite the stars.

Le ciel est couvert. Il pleut à grosses gouttes. Ici, tout est sombre. Le sol, le ciel... Plus aucune couleur n'ose venir colorer cet endroit. Une jument traverse la forêt de cendres sans un mot. Elle est discrète. Elle avance d'un pas lent et surveille les environs. On dirait qu'elle cherche quelque chose. Son chemin, peut-être. Les ombres glissent sur sa jolie robe dorée. Ses pensées sont emmêlées, elles sont sombres. Heureusement, contrairement à cette forêt, ses pensées sont aussi un peu colorées. Elle pense à cette petite chose qui grandit entre ses flancs et qu'elle aime déjà plus que tout au monde.

Myosotis s'arrête. Elle ne sait plus où elle est, et en plus de ça, il n'y a rien d'intéressant ici. La dorée soupire doucement, avant de reprendre sa route. La pluie continue de tomber, arrosant le sol sec et la petite fleur bleue par la même occasion. Peut-être fallait-il qu'elle commence à se chercher un abri, sait-on jamais. Elle n'avait pas tellement envie d'être à découvert si jamais la foudre se décidait à pointer le bout de son nez. Le vent lui apporte l'odeur de Sueño bien avant que son hennissement ne lui parvienne. Et voilà que son cœur est reparti dans sa folle cavalcade, à tambouriner comme un malade dans son poitrail. Myosotis se met alors à chercher l'espagnol. Il ne devrait pas être trop difficile à repérer, avec sa robe dorée.

Elle ne peut s'empêcher de sourire lorsqu'il arrive près d'elle. Elle sent son regard brun glisser vers ses flancs et son sourire s'agrandit légèrement. Ils n'ont pas encore réellement changés, ça fait si peu de temps. Même si elle sent la différence, elle. Rien que le fait de se sentir mère l'aide à panser quelques unes de ses blessures. C'est un rayon de soleil qui traverse les nuages noirs. « Je vais bien. » répond la dorée. Du moins, en apparence. Il y a toujours ces blessures, au fond de toi, qui te mettent à genoux... Mais tu ne veux plus en parler. Tu t'efforces de mettre tout de côté, de faire bonne figure. « Et toi ? » demande-t-elle ensuite.

Elle acquiesce silencieusement. En effet, il était préférable de trouver un abri, même si, de toute évidence, le mal était déjà fait. La robe dorée de Myosotis dégoulinait d'eau. Elle accélère légèrement son pas, pour venir à son épaule. Elle aperçoit au loin un petit renforcement rocheux qui semble assez spacieux pour deux. La dorée y entre sans hésiter et attends que Sueño en fasse de même.

Ses yeux bleus glissent sur Sueño qui vient de prendre place à ses côtés. Ses lèvres s'entrouvrent mais aucun son n'en sort. Elles se referment aussitôt et elle détourne son regard du doré. Il y a tant de choses qu'elle aimerait lui confier, lui dire. Sa gorge se serre. Puis elle glisse de nouveau son regard sur lui. « Sueño, je... » débute-t-elle, avec peine. Elle n'arrive pas à trouver les mots. Elle se sent si petite, à ses côtés...

Une douce chaleur se répand sous sa peau lorsqu'il touche sa joue. Elle s'efforce de sourire, pour dissimuler ses craintes. Son cœur bat à tout rompre et elle se sent à bout de souffle alors qu'elle n'a rien fait. Elle s'efforce alors de prendre une grande inspiration. Tout ira bien, se rassure-t-elle. De toutes manières, il fallait qu'elle ose, qu'elle tente. Que tout soit clair. « Tu ne quittes plus mes pensées... » lui avoue-t-elle enfin, à demi-mot.

Sa peau est si brûlante qu'elle a l'impression d'avoir de la fièvre. C'est désagréable comme sensation... Celle de se consumer de l'intérieur, lentement mais surement. Elle le sent paniquer et son cœur se serre. Elle regrette immédiatement les mots qu'elle vient de lâcher. Myo s'efforce de rester calme, placide. Elle ne veut pas lui montrer sa fragilité en se mettant à pleurer. A son tour, il bute sur ses mots, incapable de lui répondre. Et elle le comprend bien, malgré cette glaciale lame d'acier qui s'enfonce lentement dans son cœur. Et pourtant, contre toute attente... Les lèvres du bel espagnol glissent sur les siennes. La dorée ferme les yeux et profite alors de leur goût à la fois sucré et acidulé.

Se doute-t-il de l'effet qu'il lui fait ? Peut-il seulement s'imaginer combien elle se sent bien à ses côtés ? Il balaye ses doutes, ses craintes, ses malheurs par sa simple présence. Elle se sent en sécurité, protégée. Blottie contre lui, elle oublie enfin son passé sinueux. Myosotis prolonge le baiser, avec davantage de passion. Elle aime tant le goût de ses lèvres. C'est comme un avant goût du paradis. Avec lenteur, elle rompt le baiser, les prunelles brillantes. Elle pose tendrement sa tête contre la puissante encolure du mâle. Au fond d'elle, elle sait qu'elle devrait se taire. Mais il y a des choses qu'on ne peut pas contrôler et le cœur en fait parti. « Je t'aime, Sueño... » murmure-t-elle, la gorge toujours serrée et le cœur battant. Elle sait que ce n'est pas forcément réciproque... Mais elle avait simplement besoin de le dire, à voix haute. Qu'il sache. Après, elle s'efforcera de tourner la page.