\ nightcall.

\ ORION

La nuit est tombée, l'enfant s'est levé.
Il a dormi un peu, une heure tout au plus. Comme avant, quand il était avec papa. Comme avant, quand il le réveillait de force. Pour le faire courir, pour l'entraîner. Pour l'habituer à l'inconfort, au manque de sommeil. Pour le priver de tout ce qui pouvait le rendre faible. Aujourd'hui, Orion n'est plus avec lui. Mais il a retenu toutes les leçons, toutes les règles et il les suit, encore, inconsciemment parfois.
Il s'éloigne du groupe même s'il n'y était pas réellement collé. Juste un peu, mais pas trop. Il entre dans une forêt, les sens en alerte, ses yeux clairs brillant comme des étincelles.

La quiétude l'enveloppe. Le silence est parfait.
Orion adore le silence. C'est peut-être pour ça qu'il parle si peu. Si rarement. Pourtant d'un seul coup, alors qu'il se délecte de cette ambiance si commune à la nuit, un appel enfantin vient la troubler. Ses oreilles se vrillent vers l'arrière. Il se retourne, voyant débarquer à fond un poulain doré et blanc. Il garde un visage fermé, courroucé. Ne lui a-t-on pas appris le respect ? Le silence ? La sérénité ? Sévère, l'enfant darde sur le nouveau venu ses yeux électriques.

Mais l'enfant ne montre aucun signe de réception face aux signaux menaçants qu'envoie le grullo. Il incline la tête sur le côté, redressant ses oreilles, retrouvant la quiétude qui l'enveloppait. Il fixe l'autre sans rien dire, neutre mais plus du tout agressif. La leçon est passée.

Un autre poulain débarque soudain, braillant. De nouveau, le silence est rompu. Orion ne couche pas ses oreilles comme avant, pourtant. Il recule juste d'un pas, droit comme un I, figeant sur l'inconnu noiraud ses yeux de glace. Il se présente, le pie aussi, mais lui reste muet, enregistrant simplement les noms.

De son point de vue, à force de tout détailler, de tout observer, l'enfant sent très bien la méfiance du pie face à lui. Juste parce qu'il a couché les oreilles à son approche ? L'enfant se souvient des coups et des menaces. Sûrement Daïkan n'a-t-il pas connu d'attitude plus "méchante" que celle qu'il vient d'avoir à son égard. L'enfant ne cherche pas à se justifier. Sûrement est-il trop jeune. Sûrement un jour se rendra-t-il compte qu'il y a bien plus "méchant" que ça, surtout qu'à présent, Orion n'est plus franchement hostile. Il déporte son attention sur le poulain entièrement noir, le détaillant, l'observant. Quelque chose l'intrigue chez lui/elle, mais il ne parvient pas à savoir quoi. Décidant de faire un effort pour parler, le petit doré le fixe toujours tout en répondant : Je m'appelle Orion.

L'enfant regarde l'autre s'enfuir tout d'un coup et hausse les épaules. Après tout, ce n'est pas importance. Il déporte alors ses yeux clairs sur le poulain encore inconnu envers il ne ressent aucune agressivité. Juste de la curiosité pudique. Il l'observe s'asseoir bizarrement, se rapproche de lui, sans rien dire.