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Le soleil décline lentement au loin, dans l'horizon vide des landes, prête à faire place à dame Lune dans un ciel dépourvu de nuage. Ancrée dans le sable, la jument noire vrombit de satisfaction tandis qu'elle fait demi-tour pour continuer son exploration.

Plum continue alors de longer le pied des rocheuses, attendant la nuit noire pour commencer son ascension. Passant du pas au trot, elle s'approche d'un immense rocher, bifurquant vers la droite. Et s'arrête brusquement. Son regard abyssale se heurte à l'imposante silhouette d'un étalon d'or, marchant d'un pas las dans sa direction. Elle aurait pu partir, mais ces derniers temps, son cerveau semble lui indiquer les personnes à faire entrer dans sa base de données. Une oreille couchée et l'autre pointée vers l'inconnu, elle repasse au pas en allant dans sa direction. Non pas pour lui parler, mais pour continuer son chemin, les yeux posés sur lui.

Il reprend sa route. Plum ne change pas l'expression de son visage, elle reste neutre, le regard néanmoins brûlant. Ils se croisent enfin, et l'imposante noire ralentit son allure sans le quitter du regard ; alors que lui, ne semble avoir qu'un seul but, marcher droit devant. Elle soupire. Pourquoi avoir tant envie de lui parler ? Tout comme avec Löv, Zurik, et les autres.

Elle croise son regard, et une décharge électrifie l'échine de son dos. Sans pour autant lâcher un mot, la demoiselle dilate ses naseaux, s'imprégnant de l'odeur de cette futile rencontre. Mais son parfum qu'il dégage, qu'elle ancre dans sa mémoire, se mélange avec une autre odeur. Une bien différente, et bien distincte. Elle jette un regard par-dessus sa croupe, le regardant s'éloigner. T'es un natif ? Lâche-t-elle de but en blanc, neutre, sans moquerie ou tout autre sentiment négatif. Ses antérieurs piétines le sol ; elle brûlait d'envie de le savoir. Venait-il de cette île ?

Son regard chaud, brûlant tel un volcan en éruption, se heurte à l'iceberg, eux yeux animés d'un blizzard imperturbable de l'étalon. Ses oreilles se dressent sur sa tête, et la jeune jument s'empresse alors de le rejoindre au trot ; était-ce par ce piège tendu par son regard, ou par ce qu'il venait d'avouer ? Captif ? Répète-t-elle, une fois arrivée à la hauteur de son épaule. Tu te souviens du chemin pour y retourner ?

Son oreille droite s'agite sous les dernières paroles de l'étalon d'or. Pourtant, elle reste neutre, imperturbable telle une statue de marbre. Un comportement pareil ne l'inquiète pas, et ne la fera certainement pas fuir. Je t'ai pas proposé de voyage en amoureux, à se tenir la main. Fit-elle doucement remarqué, d'un timbre de voix clair. Je souhaite juste savoir comment y aller.

Un sourire limite provocateur, mais surtout éphémère, survole les lèvres charbonneuses de la jument. C'est trop dangereux ? Elle reprend à son tour le pas, posant ses yeux ailleurs que sur le mâle. Pourtant, à ton attitude, tu me fais penser à un je-m'en-foutiste. Nouveau sourire discret.

Plum ne bouge pas. Cette attitude a le mérite d'avoir aucun effet sur elle ; un blizzard qui se heurte à un volcan, aussi violent l'en et l'autre. Aucun gagnant. C'est touchant. Son regard sauvage s'engouffre dans ceux du mâle, tempétueux. Aurais-tu peur d'avoir ma mort sur ta conscience ?