Ombres et murmures...

Toi t'es là, au milieu de nul part, au milieu du blizzard. Petit, faible, ignorant et pourtant... Ton cœur bat fort et ton pas résonne en échos dans l'abysse nacré de ce matin brumeux. Tu cherches ton chemin égaré et agar.  Ce monde froid te semble si dur, pourquoi? Toi tu ne veux que douceur. Toi tu ne veux que chaleur...

Tu sens ce vent? Tu sens. Quelqu'un approche, tu le vois déjà. Cet ombre se mouvoir dans la brume de l'aube naissante. Il n'est pas plus vieux que toi, mais sa démarche est plus assurée que la tienne. Son regard d'un bleu électrique se posa sur toi, tu souris. Douceur. Bonheur. Tu n'es plus seul et tu sens déjà sa chaleur t’enivrer. La quiétude d'une compagnie, rien n'est plus beau pour toi que le contact avec les tiens. Tu t'avances, ne le quittant pas des yeux de peur de le perdre de vue au milieu des ombres. Le vent murmure a tes oreilles, sifflant un chant que toi seul entend, sifflant la mélodie qui rythme ton cœur. Hey! Ta voix douce brise le silence, les murmures s'arrêtent, le temps semblent se figer dans l'espace-temps. Tu souris, briseur de glace, inondant l'inconnu de ta bienveillance naturelle.

L'oeil se ferme, sa face se tourne et tu comprends. Ton sourire s'élargit pourtant, nullement apeuré par la différence. La différence et la clé de la richesse, et tu veux t’enivrais de la richesse de ce monde jusqu'à en être soul et que ta tête tourne, illuminé par tant de connaissances. Je vis... Je crois... n'est-ce pas que ce que tout le monde fait? Tu ris, léger, fermant les yeux sous les ridules de ton visage. Puis ta tête se pencha sur le côté, observant cette tête blanche comme pour le graver dans ta mémoire. Quelque chose te dit que tu ne l'oublieras pas, un frisson dans la poitrine comme si un harpon invisible avait pris racine. Et toi alors?

Tu tournes la tête au rythme de sa ronde ne le perdant pas un instant de vue. Ton sourire trônait sur ton visage avec douceur. Ton regard inquisiteur cherchait à comprendre ce que tout cela signifiait quand il t'envoya un coup dans le ventre. Ton sourire disparu un instant sous la douleur mais ce fut qu'un court instant, car déjà la douleur s'estompait, ton coeur s'emballa. J'ai eu mal... Mais plus maintenant? Tu es sûre que c'est cela être vivant? Demandai-je un peu perdu par cette drôle de façon de penser. On est vivant si on sent... Murmuras-tu en t'avançant vers lui et tu viens poser tes naseaux sur sa joue soufflant un air tout doux dans son poil de bébé. Et je te sens! Pas besoin d'avoir mal tu ne crois pas? Tu ne croyais pas en douleur ou en quelconque forme de violence. Elle pouvait être un exutoire, une facilité, mais il y a d'autre possibilité...non?

Tu restas un instant silencieux. La discussion te dépassai du haut de ton jeune âge Je ne sais pas... Tu te pousses en sentant l'autre te repoussai, reculant d'un pas pour mieux le laisser respirer. Ton éternel sourire accroché à tes lèvres, rieur. Moi c'est Saikhan c'est joli hein? Maman m'a dit que cela signifier douceur... Tu fermais les yeux remplis d'étoile à l’évocation de ta maman pourtant pas très présente, voir quasiment inexistante, d'où cette allure un anarchique, rachitique même. Et toi? Demandas-tu en rouvrant tes yeux sur ce drôle de personnage qui parlait comme toi.

Tu posas tes yeux sombres dans les siens, fixant son œil difforme avec détachement. Grâce à ton oeil c'est ça? Demandas-tu plein d'admiration. Cette particularité ne t’effrayait pas, bien au contraire, elle éveillait ta curiosité, abreuver ta soif de connaissance. Et puis il faisait un peu super poulain comme ça, on pourrait croire qu'il avait des supers pouvoirs et toi tu veux être le copain d'un super-poulain car comme ça les gros vilains ne viendront pas te faire du mal. Tu viens souvent par ici? On dit que le cheval sans tête hante ce bois! Tu veux venir le chercher avec moi? Tu espérais qu'il te réponde oui car toi seul, tu avais trop peur pour oser l'appeler. Mais en même temps tu voulais vraiment voir s'il existait vraiment. Déchiré entre ta part d'aventurier et l'enfant qui hurlait en toi, tu tanguais sur tes pattes en l'attente de sa réponse...

Tu n'insistas pas face à la réaction d'Horus prenant son silence pour de la gêne. Son oeil se tournant vers toi comme pour te sonder, te mettre à jour, te mettre à nu. Tu ne pus t'empêcher de frémir mais malgré l'envie de détourner le regard face à la pression d'en l'air tu restes planter là, un léger sourire sur tes lèvres. Puis enfin il se posta à tes côtés, ses flancs contre tes flancs dans une promesse tacite de protection. Ton cœur se serra de joie et inonda ton corps d'une douce chaleur tu te retiens de lui sauter dans les bras, trop content de t'être fait un nouvel ami, ton premier ami. Chouette! Viens je vais te montrer j'ai trouvé un début de piste mais je ne sais pas trop quoi en penser! Dis-tu en guidant Horus parmi les pinèdes dans la brume. Ombres et lumières se chevauchaient amplifiant le côté mystique de cette matinée. Vous débouchèrent face à un grand arbre couché, le trou créé par son déracinement était immense, béant, et sombre. Regarde il n'a pas pu tomber tout seul, cette chose qui l'a fait tomber il n'est pas vivant c'est pas possible!

Horus avait la une bonne idée.  Mais qui a provoqué cet orage alors? Un être tout puissant qui contrôle le ciel? Dis-tu tout en faisant le tour de l'arbre centenaire qui avait succombé à la colère du ciel. Tu saute sur l'énorme tronc marchant sur l'écorce humide qui se couvrait déjà de mousses comme pour se cacher et s'enfouir profondément pour cacher sa défaite. Moi je pense que le cheval sans tête était en colère et il a appelé la foudre...mais pourquoi il serait en colère ? Tu sautes de nouveau sur le sol ne tenant pas en place fouillant les feuillages à même le sol de ton nez avant de tomber dans la crevasse béant comme une pierre n'ayant pas vu le bord du trou.